Débat en anglais

Un bon colonisé doit être « ouvert »

En voulant être « ben fins », nos chefs ont envoyé un déplorable message

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Le bilinguisme institutionnel, le cancer de la nation française en Amérique

Le plus navrant dans le débat en anglais d’hier soir n’est pas ce que les chefs de parti ont dit.


C’est le simple fait que le débat ait eu lieu, une première en 30 ans.


On trouvera difficilement plus bel exemple de l’incroyable régression du Québec français.


Message


Quel est le pourcentage d’anglophones de souche au Québec ? 8 %.


Et nos chefs s’escriment dans une langue qui n’est pas la leur pour ces 8 % ?


En Californie et en Floride, il y a d’importantes minorités hispaniques, plus que 8 % en fait.


Pouvez-vous imaginer les candidats républicain et démocrate au poste de gouverneur faisant un débat en espagnol ? Non.


De toute façon, ces minorités se font un devoir et une fierté d’apprendre la langue de la majorité.


Nous n’avons même pas le mérite de la cohérence dans le mépris de nous-mêmes.


D’un côté, on ne cesse de nous dire que 94 % des gens qui résident au Québec maîtrisent le français.


Si c’est le cas, ce dont je doute fortement, raison de plus pour se demander ce qui justifiait ce débat en anglais.


Imaginez un Pakistanais qui arrive au Québec avec 50 mots d’anglais et zéro mot de français.


Il gagne sa vie en anglais. Il n’a pas senti le besoin de s’inscrire aux cours de français gratuits financés par vous et moi.


Il allume sa télé. Il voit nos chefs discutant en anglais. Il va en déduire quoi, vous pensez ?


Nos colonisés locaux – qui se voient à travers les yeux des anglophones et cherchent inconsciemment leur approbation – n’ont pas encore compris que la question n’est pas de savoir s’il est bon ou pas de parler anglais. Évidemment que oui.


La loi 101 voulait faire du français la langue commune de la vie publique au Québec.


En débattant en anglais, nos chefs vont exactement en sens inverse, tout en ne cessant, de l’autre côté de la bouche, de dire qu’il est important d’apprendre le français !


Remarquez que ce n’est que le prolongement de voir le gouvernement du Québec traduire ses documents et offrir des services en anglais sur demande.


Pourtant, la seule langue officielle au Québec, c’est le français, comme ne le sait même pas une majorité de nos concitoyens.


Déplorable


Comme l’a expliqué le démographe Marc Termote, le Québec est un cas unique au monde.


Nous sommes le seul endroit sur la planète où l’avenir de la langue de la majorité dépendra de son comportement.


Partout ailleurs, la langue de la majorité n’est pas en danger, car les nouveaux arrivants n’ont pas le choix : ils doivent obligatoirement l’apprendre.


Pas ici, où seuls leurs enfants seront francisés obligatoirement.


En voulant être « ben fins », nos chefs ont envoyé un déplorable message.



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1 commentaire

  • Claude Richard Répondre

    18 septembre 2018

    C'est là le côté déplaisant de J.-F. Lisée. Il ne pense pas à l'avenir du français au Québec, il pense avant tout à mettre sa petite personne en valeur tellement "il parle bien l'anglais". Il fait sûrement la fierté de ses parents à si bien maîtriser la langue des puissants, mais l'anglais au Québec, il ne faut pas simplement le savoir, il faut savoir quand le parler et, surtout, quand ne pas le parler. Un jour peut-être comprendra-t-il cela, mais j'en doute un peu, lui qui a le syndrôme du Centaur. On peut en effet, M. Facal, être souverainiste et être colonisé.