Trudeau le pacifique?

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Peewee Trudeau le va-t-en-guerre





Après avoir pesté, en campagne électorale, contre le militarisme du gouvernement Harper et promis de s’employer à déployer une approche plus humanitaire pour favoriser la paix dans le monde, le Canada  de Justin Trudeau se retrouve avec un plus grand contingent de militaires en Europe que durant toute la période du règne des conservateurs.


J’ai souvenir de Gilles Duceppe qui expliquait à la presse anglophone « qu’il n’aimait pas les conservateurs parce qu’ils font ce qu’ils disent et qu’il n’aimait pas les libéraux parce qu’ils ne font pas ce qu’ils disent. » Le constat de l’ex-chef du Bloc reste tout à fait d’actualité à la lumière du comportement du gouvernement libéral et de son chef qui s’enlise dans l’engagement militaire sans déployer de stratégies d’apaisement des conflits. Au contraire, monsieur Trudeau contribue à les exacerber.


Le premier ministre peut manifester sa tristesse après chaque attentat comme il vient tout juste de le faire après celui de Nice, mais cela ne l’a pas empêché de donner son aval à la livraison de chars d’assaut à l’Arabie Saoudite, de maintenir un contingent militaire en Ukraine, d’aller pleurer à Auschwitz et Birkenau et de promettre l’envoi de troupe en Europe de l’Est pour y grossir le contingent de l’OTAN. Tous ces gestes, qui peuvent trouver des explications savantes en apparence, demeurent des ferments de tensions et nourrissent les instincts belliqueux de plusieurs groupes ou nations.


L’Arabie Saoudite est le foyer d’un islam radical qui conforte l’idéologie d’un bon nombre de djihadistes et un pays qui se classe en tête de peloton dans la violation des droits humains. Rampant devant la puissance du Royaume, le ministre des Affaires extérieures Stéphane Dion et son premier ministre ne sont même pas foutus de faire libérer Raïf Bafdawi contre la livraison du matériel militaire canadien. Le complexe militaro-industriel canadien mène monsieur Trudeau comme au temps de Stephen Harper.


L’Ukraine est à la Russie ce que Cuba était aux États-Unis dans la crise des missiles des années 60. Le président Kennedy avait failli déclencher une guerre atomique parce que les Russes installaient leurs engins guerriers trop près du sol des États-Unis. Faut-il se surprendre de l’attitude du président Poutine quand il voit l’OTAN s’installer dans la cour de la Russie? Fallait-il être surpris de voir Moscou reprendre la Crimée à l’Ukraine, après leur en avoir fait cadeau dans les années 50, considérant que la flotte militaire russe y mouille en permanence? L’ajout de troupes canadiennes en Pologne ou en Hongrie ne fera qu’ajouter à la provocation et au désir des Russes d’accroître leur présence militaire à leurs frontières.


Comme monsieur Trudeau, j’ai visité les camps de concentration d’Auschwitz et Bikerneau et j’ai été sidéré du sort fait aux juifs dans ces camps. Or, ma visite était d’ordre privé et n’avait aucune portée symbolique comparativement au premier ministre canadien dont tous les gestes sont scrutés à la loupe. Le premier ministre ira-t-il pleurer sur les tombes des Palestiniens morts sous les balles ou les bombardements des soldats israéliens? L’appui inconditionnel du gouvernement Harper à Israël sans critiques pour les politiques de colonisation du gouvernement Netanyahou transformait le Canada en cible de choix pour les djihadistes. Bien loin de nous sortir de la mire, les libéraux sont allés jusqu’à voter en faveur d’une motion pro-israélienne des conservateurs, perpétuant du coup cet appui sans nuance.


La crise israélo-palestinienne héritée de l’après-guerre, la puissance et la cupidité du complexe militaro-industriel et la croissance des inégalités sont des ingrédients de base d’une guerre qui s’étend à la grandeur de la planète dans une forme des plus abjectes, alors que ce sont des civils qui en font les frais. Cependant, pour les grands de ce monde bien à l’abri dans leur bunker, les morts ne sont que des dommages collatéraux qui ne sauraient être invoqués pour que cesse la prolifération des armes et l’enrichissement des faiseurs de guerres.


Monsieur Trudeau voulait que le Canada revienne dans la cour des grands, il est en voie de réussir avec la guerre en prime. Les bottes n’auront pas suivi les babines pacifiques de la campagne électorale, mais nous entendons celles des bataillons claquer sur le sol de la vieille Europe.




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