Tout n'est pas perdu

Vigile — Comité éditorial

["Federalism wins"->12515], éditorialisait le The National Post au lendemain du Conseil national du PQ. ["Indépendance du Québec : les souverainistes tournent la page"->12473], titrait le Figaro. Les scribouilleux de GESCA se sont réjouis également. Il en faut moins que ça pour faire paniquer les meilleurs...
L'heure juste
Il y a plus de 60% des Québécois, souverainistes et autonomistes, qui sont insatisfaits de la place du Québec dans la Fédération canadian. Le PQ et l'ADQ qui les représentent ont mis à leur programme des revendications plus radicales exigeant d'Ottawa un transfert de pouvoirs en conséquence.
C'est dire que le triomphalisme canadian risque d'être de courte durée... La reconnaissance par Ottawa de la "nation des Quebecers" aura eu une courte carrière. On se demande encore comment le Bloc a pu appuyer une telle chose qui, en bout de ligne, réduit au nationalisme ethnique le mouvement souverainiste québécois. Lui si prompt à en réprimer l'expression... De la même manière, on se demande encore comment le Bloc peut appuyer la guerre en Afghanistan quand plus de 60% des Québécois s'y opposent... Il laisse échapper là une belle occasion de marquer la "différence québécoise" en montrant du doigt les grands dossiers qui opposent Québécois et Canadians. Surtout une belle occasion d'étaler publiquement (urbi et orbi) la source de cette insatisfaction lancinante qui épuise nos forces et dévore des générations de Québécois.
Ces "actes manqués" sont d'autant plus regrettables que la conjoncture fédérale se prête parfaitement bien à cette sorte de bilan. La mort annoncée du PLC, sous la houlette d'un chef à l'autorité contestée de l'intérieur, et rejeté par les Québécois pour ses pompes et ses oeuvres..., cette mort annoncée au Québec d'un parti arrogant et méprisant à notre égard signe un nouveau chapitre. Il en sortira un PLC dominé par un chef ontarien et orienté plus ouvertement à la défense des intérêts ontariens. Idem pour ce qui concerne l'aventure afghane du gouvernement Harper qui dilapide les fonds publics dans une guerre obscure qui nous rend complices d'un impérialisme belliqueux et destructeur.
Mais tout n'est pas perdu, les souverainistes auront bientôt l'occasion de se reprendre quand la Cour suprême du Canada se prononcera sur la loi 104 concernant le libre-accès à l'école anglaise. Les Québécois n'accepteront jamais de revenir quarante ans en arrière, au temps du Bill 63 consacrant le choix des parents. Non, l'histoire ne se répète pas. Qui peut croire qu'une telle situation trouverait une solution tranquille, dans une conjoncture de crise linguistique, pour l'instant camouflée par les fédéralistes, mais trop criante pour ne pas détonner un jour ou l'autre?!

Comment expliquer ce refus d'exploiter une telle conjoncture de la part des dirigeants souverainistes ? Une conjoncture, redisons-le, qui avait le mérite de faire éclater au grand jour l'incompatibilité politique des Québécois et des Canadians.

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Bernard Frappier57 articles

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Fondateur, directeur et animateur de Vigile.net de 1996 à 2012.

Récipiendaire de la médaille Bene Merenti de Patria de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal, 2012.

« Bernard Frappier a réalisé une oeuvre d’une importance capitale dans le destin du Québec. Contre ceux qui voudraient effacer la mémoire de la nation, il a créé Vigile, grand phare et lieu de débat incomparable. » - Bernard Desgagné





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    22 avril 2008

    Tout n'est pas perdu. Mais dans le contexte actuel, il n'est pas question de perdre une troisième fois le référendum.
    C'est tout. Un recul stratégique logique. Non ce qui est embarassant c'est que personne ne semble d'avoir de vision de l'avenir. J'insiste. PERSONNE pas plus au PQ qu'ailleurs.
    Personne; fédéralites inclus, n'a de vision. C'est le vide partout. Charest, Dion, Duceppe, Marois, Dumont, Harper, Layton. Le vide. Arrêtez de penser que le PQ est seul dans cette situation. Quant au PI ou à Québec Solidaire, c'est bien beau comme discours, mais ils n'ont aucun moyen de
    dynamiser le contexte politique. Ce n'est pas le recul qui est préoccupant, c'est le vide.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    5 avril 2008

    Monsieur Frappier,
    Pendant que des jaloux nous occupent sur la rémunérarion des députés bloquistes, ils nous empêchent de réfléchir efficacement, comme vous le faîtes, à la mission tactique qui constitue la raison d’être du Bloc.
    Évidemment, les coups pleuvent de partout : censure contre propagande haineuse (séparatisme), immigration entrepreneuriale, épouvantail-constitution pour la nation, canadianisation du 400ième, pont d’or venu d’Ottawa, déséquilibre fiscal et pouvoirs de dépenser, tous bancals…(faire fonctionner le Canada…)
    À devoir parer tous ces traits à la petite semaine, le fantassin en vient à soupçonner le Général, et vice et versa… Effectivement, le Général, surtout en fin de carrière, ne devrait-il pouvoir compter sur une relève alerte et vigoureuse? Ne devrait-il pas déléguer au no. 2 ces préoccupations CAPITALES? Perte aujourd’hui du soldat no. 11 enrôlé au Québec sous de fausses représentations! Il allait bâtir l’école des petites filles que Verner a vues sur le terrain…
    L’AFGHANISTAN, vous avez raison, que voilà un aiguillon négligé dans la tactique du Bloc pour allumer TOUS LES QUÉBÉCOIS!
    Comme au Hockey, si la routine nous empêche de les haïr assez… on s’fait scorer!

  • Archives de Vigile Répondre

    5 avril 2008

    M. Frappier écrit : «Comment expliquer ce refus d’exploiter une telle conjoncture de la part des dirigeants souverainistes ?»
    Ça va être le temps d'exploiter la chose seulement quand la Cour Suprême jugerait ça en faveur de l'anglais au Québec, pas avant.
    Si le fédéral penche encore du côté de la langue anglaise, vu que c'est un jugement final et sans appel, faudrait que le PQ fasse assez venter qu'il faudrait attacher nos tuques au Québec, même en été, s'il veut compter dans le but de l'adversaire.