On aura beau dire, la manière compte. C'est pourquoi j'ai toujours pensé que l'accession à l'indépendance ne pouvait et ne devait se faire n'importe comment. Pas au prix de perdre une autre fois son honneur, sa dignité. Car à ce prix, les québécois ne sortiront jamais de leur sentiment d'infériorité ni de leur complexe de vaincu. Pour réellement nous affranchir, l'indépendance doit succéder à un geste courageux de notre part. Sinon nous serons peut-être politiquement indépendants mais aussi marqués psychologiquement que nous le sommes aujourd'hui. Si nous accédons à l'indépendance par les voix détournées que propose Mme Marois, j'ai peine à m'imaginer les livres d'histoire que consultera notre descendance, j'ai peine à l'imaginer sur les bancs d'école apprendre que leurs grands-parents se sont libérés en douce, en rampant et en faisant tout pour que le monde ne s'en rendent pas trop compte. Pour moi cette indépendance là ne vaudra guère mieux que notre relative servitude actuelle.
L'histoire nous regarde, ne l'oubliez pas. Or nous venons d'un passé glorieux qui risque à jamais d'être entaché par nos lâchetés actuelles. Nous étions d'une race fière, au cas où vous l'auriez oublié, une race qui avait un sens inné de l'honneur et qui chérissait sa nouvelle liberté.
J'ai l'impression que le Canada sait depuis longtemps que nous n'oserons jamais aucun coup d'éclat. Dès lors il a beau jeu, il lui suffit de laisser passer le temps et nous nous essoufflerons tout seul à nous chamailler entre-nous sur les stratégies gagnantes à privilégier. À ce compte là, pour une rare fois M. Parizeau me déçoit. Ce qu'il propose ressemble davantage à de petites crisettes qu'à une véritable mise au pied du mur du camp fédéraliste. Or, comme je le mentionne, ils ne bougeront pas s'il n'y sont pas forcés. Cela n'a point besoin de démonstration, tous les québécois le savent intimement.
Indépendance ou non, notre mollesse nous condamne sur la pente douce de l'assimilation. Voyez, certains se réjouissent qu'il y aura enfin des artistes anglophones pour se produire sur certaines scènes le 24 juin. Enfin des vrais porteurs de la civilisation. On sera plus des sauvages! Tout cela parce que nous ne nous aimons pas. Et si nous ne nous aimons pas c'est bien parce que nous savons pertinemment qu'en tant que peuple nous sommes devenus des lâches indélébiles. Il importe donc que nous nous détachions de cette attitude méprisable et que nous posions enfin des gestes qui nous redonnent un peu de dignité et d'amour de soi.
Notre attitude depuis quelques années m'indique que ce n'est plus Ottawa qui pose problème mais notre incapacité congénitale à agir en conformité avec nos aspirations. Mais peut-être que nos aspirations ne sont pas si grandes que nous le prétendons.
Tout est dans la manière
Après l'étapisme, le "rampisme"
Indépendance - le peuple québécois s'approche toujours davantage du but!
Pierre Martin (Musael)5 articles
Nom véritable : Pierre Martin. Écrivain autoproclamé vivant à Montréal dans l’attente d’un mieux-être et... d’un pays à donner... aux Québécois qui en veulent un.
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