Tous les Canadiens vont y gagner / Une voie qu'il faut prendre

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Les pollueurs-payeurs ne vont pas refiler la taxe-carbone aux consommateurs, et les Libéraux de Dion vont transformer les fruits de cette taxe en baisses d'impôt... c'est sûr, évident... Les Canadians sont intelligents, ils comprennent ça... et bla-bla-bla

Le chef libéral Stéphane Dion a présenté hier à Ottawa son «Tournant vert», un plan visant à mettre sur pied une taxe sur le carbone afin de permettre au Canada de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, principale cause des changements climatiques. (Photo PC)


Nous publions ici un extrait des propos tenus hier matin par le chef du Parti libéral du Canada, lors du lancement de son «plan vert».
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Seuls une vision audacieuse et un leadership courageux vont nous permettre de relever les défis environnementaux et économiques du XXIe siècle.

Ce leadership, je veux l'offrir à mon pays. C'est mon parti qui doit l'exercer, car les autres ne le font pas.
Quand notre pays risquait la séparation, j'ai apporté de la clarté au débat sur l'unité nationale et je me suis battu bec et ongles pour l'unité du Canada. Rappelez-vous combien de personnes disaient, à l'époque: «Ne faites pas ça, c'est trop risqué, personne ne va comprendre.»
Ils disaient que même si c'était une bonne politique publique, ce n'était pas une politique gagnante.
Mais je savais que les Canadiens, y compris mes concitoyens québécois, préféraient la clarté à la confusion. Et surtout, j'étais convaincu, comme aujourd'hui, qu'une bonne politique publique, ça doit faire une politique gagnante.
C'est justement pour cela que je me suis lancé en politique - pour gouverner en me basant sur ce qui est bon pour le Canada, pas sur ce qui est politiquement opportun - et c'est pour cela que je veux être le premier ministre de ce pays.
Je me suis lancé en politique pour aider le Canada à rester uni, et aujourd'hui, je veux devenir premier ministre pour aider ce Canada uni à devenir plus prospère, plus juste et plus vert. Ma démarche n'a pas changé, et elle ne changera pas: une bonne politique publique, ça doit faire une politique gagnante.
Les Canadiens ne méritent pas moins. Et si l'on parle de clarté, ma position est on ne peut plus limpide: il faut faire payer les pollueurs et remettre tout cet argent, chaque sou, dans les poches des Canadiens, grâce à des réductions d'impôts progressistes.
Les pollueurs vont payer, et tous les Canadiens vont y gagner.
Le fond du baril
Je suis convaincu que trop de personnalités politiques sous-estiment les Canadiens. Mais là, vraiment, les conservateurs ont atteint le fond du baril, avec leur tache d'huile animée comme porte-parole de prédilection!
Personne n'est dupe: la publicité agressive des conservateurs n'est qu'un tissu de mensonges. Ils disent que nous allons taxer l'essence à la pompe: c'est complètement faux. Ils oublient de dire que notre plan de lutte aux changements climatiques va avoir pour effet des baisses d'impôts généralisées alors que leur pseudo-plan n'en fait rien. D'ailleurs, ils ne mentionnent même pas les changements climatiques dans leur publicité négative. Ces annonces sont d'une tristesse lamentable; elles sont une insulte à l'intelligence des Canadiens. Elles sont bien plus révélatrices du style de gouvernance de Stephen Harper que de mes idées. Ce doit bien être la première fois de l'histoire qu'on se sert d'annonces publicitaires aussi simplistes et d'aussi bas niveau en rapport avec la crise des changements climatiques, la plus grave crise écologique qui menace l'humanité.
Nous, libéraux, demandons sans cesse qu'on parle honnêtement de cette question. Il n'est toujours pas trop tard pour M. Harper de changer de disque et d'engager ce débat de manière positive, comme il sied à un premier ministre. S'il ne le fait pas, ce sera à son propre détriment. Car contrairement aux conservateurs, nous, libéraux, sommes convaincus que quand on s'adresse au grand coeur et à l'intelligence des Canadiens, notre grand peuple comprend ce qu'il faut faire et ne recule pas devant les grands défis.
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Le vendredi 27 juin 2008
Une voie qu'il faut prendre
(Photo Reuters)

Photo Reuters
Stéphane Dion
La Presse
L'auteur est le chef de l'opposition officielle, à Ottawa, et chef du Parti libéral du Canada.
Samedi dernier, La Presse a publié trois textes d'opinion sur le «Tournant vert» que propose le Parti libéral du Canada. Le «Tournant vert» consiste à imposer une taxe sur les émissions de gaz à effet de serre et à se servir des revenus de cette taxe pour réduire les impôts sur le revenu des particuliers et des entreprises.

Autrement dit, les libéraux proposent de taxer moins ce que nous voulons voir augmenter: nos revenus, nos épargnes, nos investissements, et de taxer plus ce que nous voulons voir diminuer: la pollution, les gaz à effet de serre, le gaspillage.
Jeffrey Simpson a bien résumé les trois raisons pour lesquelles ce plan a été bien reçu par un nombre impressionnant d'économistes et d'environnementalistes. Premièrement, ce plan sera bon pour la croissance économique, car il permettra de baisser les impôts des particuliers et des entreprises, et de déplacer cet effort fiscal vers la réduction de la pollution. Deuxièmement, en assignant un prix aux émissions de dioxyde de carbone (CO2), le plan libéral va avoir un effet positif sur l'environnement et sur la lutte aux changements climatiques. Troisièmement, le plan libéral évite d'alourdir le fardeau fiscal des Canadiens en étant fiscalement neutre: chaque dollar prélevé auprès des pollueurs va être remis dans les poches des contribuables canadiens.
André Pratte et Claude Picher ont des interrogations tout à fait légitimes qui contrastent heureusement avec le ton hargneux et carrément grossier du premier ministre Harper.
André Pratte demande quelle est la méthode la plus efficace: une taxe sur le carbone ou un système d'échange de permis d'émissions. En fait, les deux méthodes peuvent se compléter et c'est bien ce que nous comptons faire. L'avantage de commencer avec une taxe est qu'il est plus facile de la mettre en oeuvre rapidement. Par ailleurs, ce dont le Canada n'a vraiment pas besoin, c'est du système d'échange de permis d'émissions proposé par les conservateurs. Ce système est mal conçu, plein d'échappatoires et sans cibles absolues. Tous les experts qui l'ont étudié ont conclu qu'il ne pourra pas atteindre les trop faibles cibles qu'il s'est données.
André Pratte se demande aussi si la taxe sur le carbone proposée par mon parti sera suffisamment élevée pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Selon le Groupe d'experts international sur l'évolution du climat, ce groupe de scientifiques parrainé par l'ONU qui a gagné le Prix Nobel cette année pour ses recherches sur les changements climatiques, la zone d'efficacité se situe à un prix variant entre 20$ et 80$ la tonne de CO2.
Le «Tournant vert» se situe dans cette fourchette: en taxant le CO2 à 10$ la tonne la première année, puis en augmentant graduellement cette taxe jusqu'à 40$ la quatrième année, il donnera des résultats réels tout en accordant à chacun le temps de s'adapter.
Totalité des émissions
Claude Picher calcule que si la totalité des émissions de gaz à effet de serre canadiennes était taxée à 40$ la tonne, le revenu ainsi obtenu serait de 23 milliards de dollars. Il se demande pourquoi nous prévoyons obtenir un revenu moindre (15,4 milliards). Il y a deux raisons à cela. Premièrement, nous tenons compte du fait que certains combustibles fossiles sont déjà assujettis à une taxe d'accise. La taxe sur le carbone que nous proposons va remplacer ces taxes, elle ne va pas s'y ajouter. L'objectif est que tous les combustibles fossiles soient taxés de la même façon la quatrième année: 40$ la tonne de CO2. Voilà pourquoi nous n'envisageons pas d'augmenter la taxe sur l'essence à la pompe, car elle est déjà assujettie à une taxe d'accise de dix cents le litre, ce qui équivaut à environ 40$ la tonne de CO2.
Deuxièmement, la taxe va seulement s'appliquer au CO2 émis par la combustion des carburants fossiles, et non aux autres gaz à effet de serre, tel le méthane. Nous allons proposer d'autres mesures pour réduire ces gaz, car il serait difficile de le faire par une taxe. Comme nous l'avons déjà dit, le « Tournant vert» ne constitue pas l'ensemble de notre plan de lutte contre les changements climatiques, mais il en est la base essentielle.
Enfin, M. Picher prévoit que les entreprises vont refiler aux consommateurs une partie des coûts de la taxe sur le carbone, car elles ne pourront pas réduire leurs émissions du jour au lendemain.
Mais il faut bien voir que tout plan de lutte contre les changements climatiques va avoir un tel effet. Même les conservateurs admettent que leur plan va accroître le coût de l'électricité et de l'énergie pour les consommateurs. ()
On le voit, le «Tournant vert» va être bon pour l'économie, bon pour l'écologie. Jeffrey Simpson, et tant d'autres experts et commentateurs ont raison: le «Tournant vert» va véritablement permettre de rendre le Canada plus riche, plus juste et plus vert.
source: http://www.cyberpresse.ca/article/20080627/CPOPINIONS02/806270750/6732/CPOPINIONS


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