Tomassi recule, les garderies avancent

L'affaire des CPE



S'il doit y avoir, effectivement, un remaniement au gouvernement Charest d'ici quelques semaines, ce qui serait salutaire pour lui et pour nous, les députés du Parti québécois doivent prier tous les dieux de la politique pour que Tony Tomassi garde le ministère de la Famille.
Ce gars-là a causé, selon le milieu, bien des torts au réseau des garderies subventionnées, mais pour l'opposition, c'est une bénédiction.

Autre semaine, autre recul, et celui-là est spectaculaire. Pour le milieu, pour les parents et pour la transparence, il s'agit toutefois d'un bon pas en avant.
Après avoir défendu pendant des semaines le processus d'attribution de places en garderies, en particulier aux garderies privées, après avoir accusé l'opposition d'attaquer injustement des réputations, voici que M. Tomassi annonce une série de mesures pour resserrer ce processus.
Pour l'opposition, le ministre Tomassi était déjà un canard boiteux, le voilà maintenant cul-de-jatte.
Bien sûr, il faut féliciter le ministre Tomassi d'avoir finalement retenu la suggestion du milieu de laisser à des spécialistes du «terrain», des partenaires régionaux, le soin de recommander quelles places devraient être priorisées.
Dans le milieu, justement, plusieurs affirment que certains promoteurs obtenaient des permis même si leur projet avait reçu une évaluation à peine passable du Ministère, voire négative, et qu'il ne répondait pas aux priorités locales.
On peut toutefois s'étonner de la résistance stérile du ministre au cours des dernières semaines, lui qui, apparemment, vient de voir la lumière.
Le ministre Tomassi apprend sur le tas, comme on dit. Voilà pourquoi il est rassurant de savoir que c'est le milieu qui déterminera les priorités. Surtout que M. Tomassi vient d'annoncer, en même temps que le resserrement des règles d'attribution, l'achèvement du plan pour créer 15 000 nouvelles places d'ici la fin du présent mandat libéral.
Ce n'est pas la première fois que ce ministre effectue un virage à 180 degrés aussi spectaculaire. Il y a quelques semaines, il avait interdit aux garderies subventionnées de faire de l'enseignement religieux après avoir défendu une telle pratique, la veille, à l'Assemblée nationale. Cette interdiction formelle prendra bientôt la forme d'une directive du ministère de la Famille, a aussi annoncé hier M. Tomassi.
Quelques jours après l'affaire de prosélytisme chez les bouts de chou, on apprenait que le ministère de la Famille avait «dormi» plusieurs semaines sur une plainte d'un couple dont les deux enfants avaient été expulsés d'une garderie subventionnée parce qu'il refusait de payer les 8$ de frais supplémentaires exigés. Or ces frais étaient non seulement illégaux, mais la garderie en question (Le Petit Pommier, de Terrebonne) avait poussé l'audace jusqu'à remettre aux parents des reçus aux fins d'impôts, ce que tolérait, en toute absurdité, le ministère de la Famille. Québec promet maintenant de serrer la vis aux garderies coupables de surfacturation en leur retirant leur subvention et en les forçant à rembourser aux parents les sommes perçues en trop.
Dans le cas du Petit Pommier, il semble que le Ministère et la direction de la garderie se soient entendus sur un certain remboursement aux parents, mais il n'y aura pas d'autres sanctions pour surfacturation. D'autres sanctions, comme une diminution des subventions, pourraient suivre.
Autre mesure annoncée hier: les entreprises qui demandent des permis de garderie devront effectivement offrir des places et non pas revendre ces permis, une pratique très lucrative dans le milieu.
Le mois dernier, lorsque les histoires de spéculation sur les permis de garderie ont éclaté au grand jour, le ministre avait pourtant accusé l'opposition d'attaquer l'intégrité de certains entrepreneurs. À court d'arguments, il accusait même le PQ de racisme envers des membres de la communauté italienne.
Pour le critique du Parti québécois, Nicolas Girard, il s'agit d'une victoire spectaculaire. Le ministre Tomassi, déjà affaibli par des semaines de pilonnage intense, vient de reconnaître publiquement qu'il avait tort. Et que quelque chose ne tournait pas rond dans l'attribution des places.
Maintenant qu'il recule sur tous les fronts, admettra-t-il, avec l'opposition, que les doutes sur l'intégrité du régime étaient parfaitement fondés? Pour paraphraser une expression anglophone connue: si ce n'était pas brisé, pourquoi la réparer?
Et exigera-t-il une enquête transparente sur les cas présumés de favoritisme qui ont fait les manchettes au cours des derniers mois?
À moins, bien sûr, que cela ne conduise le Parti libéral trop près de l'épicentre où il ne veut absolument pas aller: le financement des partis politiques.


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