Tempêtes

Première tempête idéologique pour Mme Marois qu’on accuse de vouloir mettre la souveraineté au rancart. C’est un peu comme si on accusait Miss Météo de faire pleuvoir.

PQ - gouvernance nationale<br>Conseil national 14-15 et 16 mars


On a au Québec trois sortes de tempêtes. Les tempêtes de neige. Les tempêtes de langue. Et les tempêtes de souveraineté. Quand ce n’est pas l’une c’est l’autre, cette semaine on été gâtés, on a eu les trois en même temps.

Première tempête idéologique pour Mme Marois qu’on accuse de vouloir mettre la souveraineté au rancart. C’est un peu comme si on accusait Miss Météo de faire pleuvoir.
Mme Marois n’a pas le choix. Regardons-y encore une fois.
Un tiers des Québécois sont fédéralistes.
Un autre tiers ne sait pas trop ce qu’il veut. J’exagère. Disons qu’il est ailleurs. Où ? Dans le « vivre ensemble », dans les droits et libertés, dans les rapports entre l’individu et la collectivité. Les jeunes sont beaucoup dans ces trucs-là. Par exemple, ils s’interrogent gravement sur le droit des sikhs de faire de la motocyclette sans casque. Ils ne s’interrogent pas ou très peu sur la souveraineté. Il est assez clair tout de même que ce tiers là ne veut pas rompre. Faire la souveraineté, c’est rompre.
Le dernier tiers est souverainiste comme moi. Je le dis pour m’en souvenir, des fois j’oublie, des fois cela me gêne d’être du même côté que M. Facal. Des fois cela m’arrangerait que lui aussi fasse de la motocyclette pas de casque.
Pour revenir à la première tempête de Mme Marois, soit le PQ devient le tiers parti de ce tiers-là de souverainistes (et renonce au pouvoir), soit il reprend sa vieille antienne d’un bon gouvernement. Bref, Mme Marois n’avait pas le choix, elle devait se défaire de l’obligation de tenir un référendum dans un premier mandat.
Je comprends ça.
Ce que je ne comprends pas, c’est cette Conversation nationale qu’elle nous promet une fois le PQ au pouvoir. Je ne comprends pas conversation nationale. Je ne comprends pas que les stratèges du parti aient pu laisser passer cette loufoquerie qui vient de donner de la job aux caricaturistes pour les deux prochaines années.
En tout cas le slogan du PQ est tout trouvé pour les prochaines élections : blablabla.
Comment peut-on manquer à ce point d’oreille, comment ne pas avoir entendu le rire national qu’allait déclencher cette conversation nationale ?
Les tempêtes de langues sont plus redoutées encore que les tempêtes de souveraineté. L’automne dernier, des fuites alarmistes ont laissé entrevoir que le rapport sur l’état de la langue qu’était en train de dresser l’Office de la langue française causerait pas mal de poudrerie. Le gouvernement s’employa-t-il à mettre en place un plan d’urgence pour faire face à cette tempête ?
Pas du tout.
Il entreprit de nier la tempête. Un mètres de neige ? Chuuuut. Du verglas ? Allons donc, où ça ? La population de langue française est passée sous les 50 % à Montréal ? Trente pour cent des francophones ne travaillent pas dans leur langue ? Un enfant francophone sur deux ne sait pas écrire ? Chuuuut.
Des experts qui ont travaillé sur ce rapport dénoncent le secret, la paranoïa qui ont présidé à sa rédaction finale. Et on est saisi par la grossièreté de la prise en charge. Qui a eu l’idée géniale de jeter en vrac les 1700 pages du rapport sur la table : tiens citoyen, pellette. Qui a eu la naïveté de penser qu’en mettant l’Office sous le boisseau, rien ne s’en échapperait ? Qui donc a commandé à la présidente de l’Office, Mme Boucher, et à la ministre de la Culture, Mme Christine St-Pierre, de jouer les imbéciles ? Même si dans le cas de la ministre au moins, ce fut joué avec beaucoup de naturel, comment a-ton pu croire qu’on contrôlerait ainsi le message ?
Le lien avec mon premier sujet est évident. Une tempête de langue peut facilement devenir une tempête de souveraineté. Mais est-ce une raison pour imposer le silence aux météorologues ?
Je vais avoir l’air de changer de sujet, mais vous allez voir qu’à la fin je retombe sur mes pieds, enfin sur les vôtres. Ne précipitons rien.
Le disque qui a joué le plus souvent à la maison durant l’hiver, parfois des journées entières, est l’enregistrement des chants d’oiseaux du Québec et de l’est de l’Amérique du Nord. Deux cent soixante-sept chants. Après quelque fois je m’en suis impatienté auprès de la responsable :
Te proposes-tu, mon amour, d’apprendre par coeur les 267 chants de ces saloperies de bestioles ?
Oui, pourquoi ?
Parce que je vais devenir fou et les minous aussi.
Bonjour à vous, amateurs d’ornithologie, dit la voix au début. Il n’avait pas terminé son mot d’introduction que les minous étaient déjà sur les quételles.
Canard d’Amérique, dit la voix. Suit le chant du canard : coin-coin.
Un coin-coin plus vrai qu’un vrai qui a achevé d’affoler les minous, Lola est allée voir sous le sofa, Bardeau a sauté sur la table de la cuisine pour voir dehors, Sophie a griffé le haut-parleur, Tonton s’est glissé derrière le piano, ils me sont revenus penauds et perplexes : mais où donc est passé ce putain de canard ?
Grèbe à bec bigarré, dit la voix. Suit le chant de la grèbe : cui-cui. Puis viennent le coulicou à bec noir, le pluvier kildir, le harelde kakawi, le quoi? dit Minette. Le harelde kakawi, répète ma fiancée.
Vous devriez les voir aujourd’hui, trois mois plus tard. Bonjour à vous, amateurs d’ornithologie, dit la voix. Tonton qui dort sur le dos dans la chaise berçante n’ouvre même pas un oeil. Lola qui cuit derrière le poêle n’a pas un frémissement de queue, de toute façon elle n’a pas de queue. Même Péa, la plus nounoune des huit, ne bronche pas et quand la voix dit : Canard d’Amérique, me semble voir remuer les babines de Bardeau : Yayaya.
Moi ? Moi, vous ne le croirez pas, je pense à vous. Je vous vois endormis comme mes minous et comme eux indifférents à la voix, parce que trop longtemps saôulés par elle.
Bonjour à vous, amateurs d’ornithologie. La tourterelle triste, dit la voix.
Vous : blablabla.
Le goglu souverain, le martinet ramoneur, la bécasse des cultures, le troglodyte des polyvalentes, dit la voix.
Vous : yayaya.


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