SUR L'ACCORD ÉCONOMIQUE ET COMMERCIAL GLOBAL (AECG)
Est-ce qu'on peut m'expliquer pourquoi Pierre-Marc Johnson, le négociateur (nommé par Jean Charest) représentant le Québec, dans les négociations quasi-secrètes entourant l'Accord économique et commercial global (AECG) entre l'Europe et le Canada, siège en même temps au comité de prospective de l'Institut Véolia ?
Sous des dessous vertueux, l'Institut Véolia est une sorte de think-thank, issu de Véolia Environnement, une entreprise européenne privée qui est très intéressée à soumissionner sur des contrats publics au Canada et au Québec. Dans de nombreuses villes européennes, Véolia ne contrôle pas seulement l´eau, mais de nombreux autres secteurs du service public comme le gaz, l´électricité, le traitement des ordures, le chauffage urbain, le nettoyage municipal, les transports en commun, les services sanitaires…
Est-ce que la population est au courant que, présentement, on est entré dans le dernier droit des négociations de l'AEGC et qu'on y négocie exactement ce genre d'enjeux, c'est à dire l'ouverture de nos marchés publics (traitements et gestion des eaux, ressources naturels, gestion des matières résiduels, etc.) ?
Il faut un débat ouvert, transparent et démocratique sur l’AÉCG (une commission parlementaire a été demandée par plusieurs groupes au Québec). Les gouvernements canadien et québécois doivent nous informer clairement de ce qui est négocié dans cet accord, et surtout permettre à la population d'évaluer concrètement les conséquences et de se prononcer sur la question. La portée de l’AÉCG est si grande que cette entente ne peut être ratifiée sans une consultation significative de l’ensemble de la population du Québec et du Canada.
En janvier 2010, la ville de Paris vient de "remunicipaliser" la distribution d’eau, qui avait été déléguée au privé (notamment Véolia) depuis 1985. La gestion de l'eau parisienne par le privé a littéralement fait exploser les coûts. Avec la remunicipalisation, on parle de 30 millions d'économie annuelle pour Paris. Les économies sont dues en grande partie à la disparition de la marge des distributeurs; au lieu d’être distribués aux actionnaires, les profits seront réinvestis dans le service.
De notre côté, ici au Québec, on s'apprête fort probablement à prendre le chemin inverse... chercher l'erreur ou à qui ça profite.
Pour conclure, à court terme, il nous faut minimalement une commission parlementaire. Ensuite, à mon sens, monsieur Pierre-Marc Johnson qui est nettement en conflit d'intérêt, doit tout simplement quitté son poste et être remplacé par une personne dont l'éthique et l'indépendance ne pourront pas être discutés.
Louis Aubin, Citoyen
p.s. L'entreprise Véolia est détenue en partie par Putman Investments un fonds américain d'investissement contrôlé à 100 % par Power Corporation...