Recensement

Statistique Canada n'a pas recommandé les changements

Des enjeux intrigants


Heather Scoffield La Presse Canadienne Ottawa - Bien que le ministre fédéral de l'Industrie, Tony Clement, ait affirmé qu'il avait aboli le questionnaire long et obligatoire du recensement sur recommandation de Statistique Canada, plusieurs sources ont affirmé à La Presse Canadienne qu'il n'en était rien.
Ces personnes ont confié que Statistique Canada n'avait pas fait de recommandations formelles au ministre, mais avait plutôt proposé, à la demande de M. Clement, des scénarios possibles pour réformer le mécanisme de recensement.
Selon ces sources, les deux options en tête de la liste proposée au ministre étaient le statu quo et la suppression totale du questionnaire long.
La décision prise par le cabinet - un long questionnaire volontaire qui ne sera envoyé qu'à un tiers des ménages - n'a jamais figuré en tête de liste. Au contraire, l'agence fédérale avait informé les ministres que plus de fonds seraient nécessaires si ce choix était retenu. Statistique Canada avait aussi noté que la taille de l'échantillon allait devoir être considérablement augmentée pour tenter d'obtenir des résultats fiables.
«Ce n'était pas recommandé», a affirmé sans détour une source.
Les sources de La Presse Canadienne ont ajouté que le choix du ministre Clement d'abandonner le caractère obligatoire du long questionnaire tout en l'envoyant à plus de ménages allait être beaucoup plus coûteux et intrusif, tout en étant moins efficace.
Pourtant, cette semaine, un Tony Clement de plus en plus sur la défensive n'expliquait pas les choses de cette façon.
«StatCan m'a donné trois options, qui fonctionnaient toutes selon eux, a affirmé le ministre, vendredi. J'ai choisi l'une de ces options, à leur recommandation.»
Il s'agissait de la deuxième fois en deux jours que M. Clement indiquait que Statistique Canada appuyait son choix.
«Ils m'ont donné des options et j'ai choisi parmi ces options», a-t-il déclaré à des journalistes, jeudi.
«Il s'agit d'une méthode que Statistique Canada nous a proposé et si c'est assez bon pour Statistique Canada, ca devrait aussi être assez bon pour certains de nos détracteurs.»
Le bureau du ministre Clement a refusé de publier les détails concernant les propositions et les recommandations émises par l'agence fédérale, s'appuyant sur la confidentialité des délibérations du Cabinet. Statistique Canada a émis un communiqué sur la toile mentionnant qu'aucun commentaire ne serait formulé sur le dossier.
L'ancien statisticien en chef de l'agence, Ivan Fellegi, a soutenu qu'il est difficile de croire que ses anciens collègues auraient pu recommander l'abandon du formulaire obligatoire.
«Je ne peux absolument pas croire que Statistique Canada aurait approuvé la qualité du recensement qui sera produit suite à cette décision», a-t-il dit dans une entrevue vendredi.
Aussi récemment qu'au mois de mars dernier, l'organisme national statistique du Canada prévoyait toujours utiliser le traditionnel formulaire de recensement détaillé.
Dans sa déclaration annuelle aux employés, le statisticien en chef Munir Sheikh soulignait le fait que le conseil des ministres avait finalement approuvé une formule de financement qui stabilisait l'utilisation du formulaire détaillé pour 2011 et le futur.
«Je suis ravi d'annoncer que le problème de financement a été résolu et que nous avons maintenant une stratégie de financement pour le formulaire détaillé qui s'appliquera au recensement de 2011 et à ceux à venir», a affirmé M. Sheikh, selon un discours préparé pour son allocution à la fin mars 2010.
Par ailleurs, Tony Clement s'est fait un nouvel allié vendredi. L'économiste en chef de l'Institut Fraser, Niels Veldhuis, a affirmé que l'on devrait mieux réfléchir avant de condamner le nouveau caractère volontaire de l'étude.
«Je crois que les Canadiens devraient reconsidérer le formulaire détaillé et avoir une réflexion sur la nécessité pour le gouvernement d'aller chercher ces informations par la force, a-t-il dit. Je ne crois pas que ce soit appuyé par la logique».


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé