Sommet de Montebello: derrière le mur du silence

Le Partenariat, dit-il en entrevue, n’est pas le monstre annoncé par les altermondialistes

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Sommet de Montebello - 20 et 21 août 2007


« Le défi est toutefois de taille, compte tenu du secret dans lequel nos gouvernements maintiennent le PSP et ses avancées. » — Les responsables du Réseau québécois sur l’intégration continentale (Illustration Le Soleil, Alain Chouinard)


Raymond Giroux - Le silence qui tue, le secret qui détruit la crédibilité, le travail dans l’ombre qui provoque le rejet global : le Sommet tripartite de Montebello, lundi et mardi, démarre sur un mauvais pied, sur le plan de l’image publique.



Stephen Harper, George W. Bush et Felipe Calderon passeront quelques heures ensemble, ce qui ne fait de mal à personne, dans le contexte des relations internationales.
Mais le premier ministre du Canada et les présidents des États-Unis et du Mexique auront également une rencontre privée avec une trentaine des plus importants dirigeants d’entreprise des trois pays. Là, cela se complique. Le Partenariat pour la sécurité et la prospérité apparaît dans le décor et rappelle tous les démons de la période de négociations qui ont mené à la signature de l’ALENA, il y a 14 ans.
Le combat est le même, admettent les responsables du Réseau québécois sur l’intégration continentale, l’organisme qui coordonne les mouvements de protestation contre la tenue du Sommet.
« Le défi est toutefois de taille, compte tenu du secret dans lequel nos gouvernements maintiennent le PSP et ses avancées », disent-ils d’emblée.
Officiellement, le Partenariat a été lancé en mars 2005 pour faciliter la collaboration entre le Canada, les États-Unis et le Mexique pour renforcer la sécurité et accroître la prospérité dans les trois pays.
En cette période post-11 septembre, la sécurité se trouve en tête de liste des priorités américaines. Conséquences directes : l’économie canadienne peut souffrir des restrictions à la libre circulation des marchandises, celle du Mexique subit les contrecoups des limitations à celle des personnes.
Plan de travail, liste de comités, objectifs, tout cela est du domaine public. Un comité parlementaire a eu droit à des explications en long et en large, en avril et mai dernier, autant de la part des technocrates en charge du dossier que des partisans et des adversaires du concept.
« Le principe directeur du PSP a toujours été qu’il s’agissait d’un mécanisme de coopération non contraignant entre les gouvernements, et qu’il ne s’agissait pas d’un programme de négociations », disait alors le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, William Crosbie.
Un avis que partage entièrement le politicologue Louis Bélanger, de l’Université Laval. Le Partenariat, dit-il en entrevue, n’est pas le monstre annoncé par les altermondialistes.
« En fait, j’aimerais bien que cela soit important, soutient-il, mais ce n’est en rien une négociation sur l’approfondissement de l’ALENA. Le PSP n’est ni le libre-échange, ni un accord sur la continuation du libre-échange », dit-il.
« C’est tout simplement un agenda de collaboration qui regroupe des choses qui existent depuis très longtemps et qu’on a mises ensemble pour donner du volume et du prestige à ces rencontres des leaders », croit l’universitaire qui a lui-même participé à des consultations sur le sujet.
« Ce n’est pas si terrible que cela, c’est essentiellement de la collaboration technique, un collage de dossiers réguliers, dit-il. Il n’y a pas de mandat de négociation, on fait simplement superviser l’action normale de collaboration des trois gouvernements. »
« L’Amérique du Nord est la seule région dans le monde qui ne tient pas de sommets réguliers malgré son niveau d’intégration. C’est pourtant un must », soutient-il.
« On se rend compte que le Sommet dépasse les paramètres du Partenariat, ajoute M. Bélanger, car les résultats de ce dernier justifieraient difficilement par eux-mêmes la tenu de telles rencontres annuelles. »
Outre les décisions attendues dans les cinq priorités que sont la sécurité énergétique, les pandémies, les frontières, la compétitivité et la gestion des crises, les trois leaders évoqueront des dossiers comme l’Arctique, les marchés financiers et même les jouets chinois, a-t-on dit cette semaine.


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