Six leçons à tirer de Marie-Victorin

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Fragmentation ou recomposition ?


Il est possible de tirer quelques leçons de l’élection partielle dans Marie-Victorin, et c’est à cet exercice que je me prêterai ici.






La première: malgré les déboires des dernières semaines du gouvernement Legault, la population n’entendait pas envoyer un «message fort» au gouvernement. Elle n’entretient pas avec lui un rapport vengeur par rapport à la gestion de la pandémie. Le gouvernement n’a pas été plébiscité: il n’a pas été condamné non plus. La population juge manifestement que François Legault a fait ce qu’il a pu dans une crise historique, ce qui ne veut pas dire qu’il n’a pas fait d’erreurs ou de fautes. La victoire de la CAQ confirme simplement son emprise sur l’électorat francophone, dont il est désormais le représentant principal, mais pas exclusif.







Partis


La deuxième: ceux qui racontent que le PQ vient de perdre une forteresse racontent n’importe quoi. Le PQ n’a plus de forteresses, sauf Matane, avec Pascal Bérubé. La tendance lourde pousse à un remplacement du PQ par la CAQ, comme il a remplacé l’Union nationale. Y maintenir ses appuis comme il l'a fait dans Marie-Victorin n’est pas rien. Il joue certainement sa peau aux prochaines élections. S’il n’est pas fort, il n’est pas mort. Au cours des prochains mois, il peut essayer de rejoindre les nationalistes déçus de la CAQ. Il y en a.







La troisième: le PLQ de Dominique Anglade est devenu un parti groupusculaire chez les francophones. Ces derniers le jugent non seulement éloigné, mais hostile à leurs intérêts fondamentaux, et même à leur identité. Son score est humiliant. Si le PLQ ne disposait pas de comtés protégés chez les anglophones et les allophones, il devrait fermer boutique.







La quatrième: QS ne cesse de répéter qu’il est désormais la vraie opposition officielle. Sauf que cette prétention n’est pas confirmée par les faits. Certes, QS dispose de vrais appuis dans les milieux universitaires, associés à la gauche urbaine, qui est aussi souvent une gauche mondaine. Sans l’appui ou, du moins, la complaisance des médias publics, sa vie serait plus compliquée. Sa candidate, dans le comté, qu’on présentait comme une candidate vedette, n’est pas parvenue à faire un score convaincant.







La cinquième: le Parti conservateur existe, même dans une circonscription qui ne représente pas son électorat naturel. Ne soyons pas surpris: il existe des partis populistes (j’utilise ce terme sans qu’il soit péjoratif) dans tous les pays occidentaux, et il n’y a aucune raison pour que le Québec fasse exception. Mais la question demeure: sur quel programme Éric Duhaime fera-t-il campagne à l’automne? Cela demeure mystérieux.







Division


La sixième: l’éparpillement des électeurs francophones dans un nombre croissant de partis n’est pas le signe d’une bonne santé démocratique, surtout avec notre système électoral, c'est plutôt le signe d'une fragmentation nationale exagérée. C’est la cohésion québécoise qui se disloque. Dans ce paysage, j’y reviens, la CAQ est devenue la force centrale vers laquelle se tournent ceux qui veulent servir le Québec ou qui, simplement, rêvent à une carrière politique.











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