Sans pouvoir

Plan Marois


Pour mettre fin à «l'immobilisme» qui a caractérisé le Parti québécois depuis 1995 beau compliment pour les premiers ministres Lucien Bouchard et Bernard Landry! , Pauline Marois a dévoilé en fin de semaine une nouvelle stratégie d'affirmation nationale qui ressemble à quelques détails à près à la stratégie étapiste des années 1970 dont elle veut retrouver «l'esprit».
Elle était opposée au «beau risque» de René Lévesque. Elle s'est retirée pendant la réorientation encore plus conciliante sous Pierre-Marc Johnson. Elle est revenue quand Jacques Parizeau a pris les rênes du PQ mais depuis son retour en politique, en juin 2007, elle est plus conciliante. Quelque part, les petits pas d'affirmation nationale qu'elle a proposés en fin de semaine cadrent dans sa nouvelle nature. Il ne faut pas voir dans la perspective de référendums sectoriels le Bonhomme Sept-Heures. Ce qui ne veut pas dire que ce soit l'idée du siècle...

Une stratégie bien faible
Sa stratégie en quatre points (éducation, santé, rapport d'impôt unique et nouvelle Loi 101) ne fera pas de vagues dans l'opinion publique, surtout quand les Québécois réaliseront qu'en ne remplissant qu'un seul rapport d'impôt si jamais le fédéral acceptait cela, ce qui semble hors de question , ils n'en paieront pas moins. Élargir la portée de la Loi 101 pour inclure les entreprises de moins de 50 employés n'était pas une bonne idée à l'époque, et rien n'indique que ce soit mieux aujourd'hui. Un CRTC québécois ne changerait pas vraiment la donne,etc. Les cinq principes de la Loi canadienne de la santé ne contraignent pas le Québec. Sur les questions familiales, la Belle Province n'a rien à craindre d'Ottawa; c'est le Québec qui fait progresser les débats sur la scène fédérale. Et en éducation, le Québec a un réseau autonome qui n'a rien à envier aux autres provinces.
En fait, elle craint surtout les pouvoirs de dépenser du fédéral et sa propension surtout incarnée par le Parti libéral des Pierre Elliott Trudeau et Jean Chrétien à vouloir imposer des normes nationales.
Il n'y aura pas de vagues non plus parce qu'une Pauline Marois sur les banquettes de l'Opposition n'incarne pas une grande menace pour les vis-à-vis du fédéral. Elle peut parler tant qu'elle veut, Ottawa ne s'en préoccupera guère. Les conservateurs de Stephen Harper n'ont généralement pas une attitude trop belliqueuse sur les dossiers du Québec: ils tentent d'y gagner des votes. (Ce qui ne signifie pas qu'ils ne s'enfargent pas dans de vieux réflexes anti-Québec de temps en temps, comme au temps de la coalition, au début de l'hiver dernier...)
Donc Mme Marois peut laisser entrevoir un ou des référendums si elle veut ce dont elle se défend bien , elle n'a aucun pouvoir.
Cette conclusion fort simple a pourtant échappé au premier ministre Jean Charest qui gagnerait à agir en chef d'État plutôt qu'en chat de ruelle. Il a plongé avec enthousiasme et mauvaise foi en évoquant des référendums à répétition. Triste rappel de chicanes constitutionnelles passées.
La force d'un référendum
Le référendum est un outil démocratique d'une rare puissance. Le Québec l'a utilisé deux fois en 15 ans; le Canada, une fois en 1992, sur l'accord de Charlottetown, ultimement rejeté. Mais dans d'autres circonstances, comme on le voit dans plusieurs états américains qui l'utilisent conjointement à des élections générales, le référendum peut très bien être utilisé pour que la population exprime son voeu sur une question précise. On l'a récemment vu au Canada pour décider de l'avenir de la réforme démocratique en Ontario et en Colombie-Britannique (à chaque fois refusé). Dans cet esprit, le Québec pourrait très bien utiliser la mécanique référendaire pour ajouter du poids à une démarche de rapatriement de pouvoirs face au fédéral.
Au Québec où le sentiment nationaliste est fort mais s'exprime selon une géométrie variable selon l'allégeance politique, aller chercher des pouvoirs à Ottawa est un objectif partagé par une vaste majorité. Il reste à déterminer lesquels, et comment.
Pour le moment, Mme Marois a suffisamment de pain sur la planche comme chef de l'Opposition officielle pour que les Québécois n'aient pas trop à se soucier de ses aspirations. Jean Charest aurait dû le reconnaître et poursuivre ses efforts à redresser l'économie du Québec.


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