S'imposer de voir plus loin

États américains - impasse budgétaire


(Québec) Plusieurs observateurs ne cachent pas leur scepticisme quant à l'utilité réelle du mini-sommet organisé par le gouvernement du Québec cette semaine à Lévis, avec ses principaux partenaires économiques.
L'objectif officiel de cette Rencontre économique 2010 est de créer les meilleurs consensus possibles autour des priorités qui permettront d'assurer la prospérité des Québécois pendant les 20 prochaines années. Certains n'y voient qu'une cynique diversion au moment où les libéraux sont sur la sellette pour avoir refusé de créer une commission d'enquête sur les allégations de corruption dans l'industrie de la construction, et au moment où ils s'apprêtent à hausser taxes et tarifs pour limiter le déficit découlant du budget à être déposé sous peu.
Nous posons le problème autrement. Est-il souhaitable qu'à l'occasion, le gouvernement du Québec consulte les différents acteurs économiques pour les entendre sur leurs propositions d'action à long terme, se donnant ainsi l'occasion d'y con­fronter ses propres vues? Ce n'est certainement pas inutile si l'exercice est sérieux et si les participants croient que ce rendez-vous peut avoir des retombées positives.
Or jusqu'à maintenant, la Rencontre économique 2010 n'a pas été dénoncée par ceux qui y ont été invités et ne fait pas l'objet d'un boycottage. Il y a bien quelques esprits critiques, mais on peut globalement évaluer qu'on y croit suffisamment pour se prêter sérieusement à l'exercice.
En fait, Jean Charest et ses ministres connaissent bien les vues et les souhaits des différents groupes d'intérêt avec qui ils brassent des affaires au quotidien. Mais dans leurs échanges réguliers, c'est le court terme qui est à l'enjeu. À Lévis, le gouvernement leur impose de voir plus loin et de dégager les avenues de croissance les plus susceptibles de réconcilier leurs préoccupations et celles de l'ensemble de la société québécoise.
Le défi de la prospérité à long terme du Québec est loin d'être évident. On peut bien rechigner à l'idée de voir s'alourdir un peu le fardeau fiscal ou s'émousser de généreux programmes, mais ça ne change rien au fait qu'il serait totalement inconséquent de rester sourd aux avertissements répétés des spécialistes prédisant une grave détérioration de l'économie québécoise à moyen terme.
Le gouvernement a donc raison de réunir ses partenaires économiques et de solliciter leur avis. Des gestes doivent être posés maintenant pour qu'il continue de se créer de la richesse à un rythme soutenu au Québec malgré notamment la démographie négative, la dette qui plombe la capacité d'action et la compétition accrue que subissent nos exportations. Ce n'est pas du temps perdu que de réfléchir ensemble à demain.


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