POSITIONS INTERNATIONALES CANADIENNES

Rien pour aider

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« Une attitude qui tourne au pathétique »

Les coins chauds de la planète ont beau rougir de toutes leurs flammes, le gouvernement canadien continue d’y accoler des jugements tout empreints de considérations locales plutôt que de chercher à dénouer des crises. Une attitude qui tourne au pathétique.
Le gouvernement conservateur de Stephen Harper, si peu présent sur la scène internationale, s’agite pourtant présentement sur les deux fronts qui attirent toute l’attention du monde : l’offensive israélienne sur Gaza et le Boeing abattu par un missile sur le sol ukrainien. Mais sa prise de parole ne fait rien pour remonter la cote du Canada dans les enceintes diplomatiques.

Lundi, M. Harper a ajouté une xième déclaration à celles faites depuis le début de la crise en Ukraine en janvier et qui toutes vouaient aux gémonies le régime de Vladimir Poutine. Cette fois, il a rappelé les sanctions déjà imposées par le Canada à 110 individus ou entités russes qui ont violé l’intégrité territoriale de l’Ukraine, se disant résolu, en accord avec ses « partenaires de la communauté internationale », à en ajouter de nouvelles vu le soutien du Kremlin aux rebelles ukrainiens qui ont, selon toute vraisemblance, abattu le vol MH17.

L’indignation vigoureuse du Canada a davantage pour cible les 1,2 million de Canadiens d’origine ukrainienne que le souci de peser sur la marche du monde. Interrogé dimanche par le Globe and Mail, qui lui demandait si le Canada jouait un rôle dans les suites à donner à l’affaire du missile, John Baird, notre ministre des Affaires étrangères, n’a pu que répondre qu’il avait parlé à ses homologues australien, néerlandais et malaisien et contacté les ambassades canadiennes.

À côté de cette série de coups de fil, l’action se passait ailleurs : au Conseil de sécurité de l’ONU, où l’Australie a mis au point un texte énergique, par la suite cosigné par différents pays, pour réclamer des rebelles prorusses l’accès au site de l’écrasement, la fin des hostilités, et la recherche des responsables de l’attaque. Le Canada, lui, n’arrive plus à avoir de siège au Conseil de sécurité depuis que les conservateurs sont au pouvoir…

Et il n’est pas à la veille de retrouver la confiance du monde tant ce gouvernement joue seul ses cartes internationales. On l’a appris lundi, l’Ukraine en offre en soi un exemple. La grande majorité des observateurs canadiens qui y ont été dépêchés lors des élections présidentielles de mai le furent dans le cadre d’une mission bilatérale plutôt que sous l’égide, beaucoup plus crédible selon un rapport gouvernemental, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Mais les conservateurs ne prisent pas les forums multinationaux, les Nations Unies au premier chef, que M. Harper boude depuis des années.

En fait, la seule confiance dont peut se targuer le premier ministre, c’est celle de l’État d’Israël, à qui il accorde un soutien aveugle. Mais dans la bataille qui a cours à Gaza, ce soutien est devenu gênant pour tous les Canadiens.

Les Palestiniens tombent par dizaines avec leurs enfants, le droit à la défense d’Israël dépasse le légitime et tourne à l’hécatombe, les grands dirigeants du monde réclament une trêve et la protection des civils. Le Canada, lui, ne bronche pas. Il ne profitera pas de ses liens privilégiés avec Israël pour l’inciter à se calmer. Au contraire, au nom de son appui indéfectible à ce pays, il a tellement avalisé la lecture des vautours qu’il est devenu incapable de prendre la distance qu’on attendrait pourtant d’un ami bienveillant. Ce faisant, il n’aide personne.

Le Canada a déjà excellé dans les rôles de médiateur. Mais M. Harper, tant par tempérament que par calcul politique, n’y croit pas. Alors il parle pour parler, et plus personne n’écoute.


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