Jean-François Cloutier
_ Le Devoir mardi 4 janvier 2005
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Lettres: Dans l'édition du samedi et du dimanche du Devoir des 18 et 19 décembre dernier, Gil Courtemanche nous fait part de sa fatigue au sujet du débat qui polarise depuis des décennies les Québécois entre tenants de l'option souverainiste et tenants de l'option fédéraliste.
Souverainiste moi-même, je ne cacherai pas que cette fatigue, je la ressens autant que lui. Ce qui ne veut pas dire que, comme lui, je crois -- avec une singulière naïveté -- qu'il soit possible ni même souhaitable de passer maintenant à autre chose, dans la mesure où la question n'a pas encore été réglée. Vouloir passer à autre chose chez les Français épuisés en 1917, ç'aurait signifié capituler devant l'ennemi; de même, vouloir passer à autre chose en 2004 au Québec, parce que nous serions fatigués, cela ne signifierait rien d'autre que d'accepter la logique fédéraliste, avec toutes les limitations en vue d'éventuels autres projets que cela comporte.
En effet, d'un strict point de vue technique, il faut bien reconnaître qu'un parti de gauche qui se ferait élire au Québec en négligeant la question nationale non réglée (car c'est de cela, si j'ai bien compris, que M. Courtemanche rêve) constaterait bien vite son émasculation dans le cadre provincial et l'impossibilité virtuelle d'appliquer aucune de ses grandes politiques. L'argent, de même que les compétences importantes, se retrouvent aujourd'hui, ou se retrouveront dans quelques années, entièrement à Ottawa -- où le Québec, faut-il le rappeler, a de moins en moins de pouvoir et où, c'est une réalité, les politiques établies tendent à être toujours plus à droite que celles établies à Québec (c'est ce qu'un Gil Courtemanche, occupé à gloser sur des réalités toujours internationales, ne semble pas voir). Ah ! puissé-je, en tant que souverainiste conservateur, avoir la chance d'argumenter parfois avec des tenants de la gauche radicale un peu plus pragmatiques, capables d'aller un peu au-delà de leurs grands principes pour nous dire comment, dans les faits, ils comptent parvenir à leurs fins !
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