Retrait d'Irak : Washington capitule

Dans les jours qui ont suivi les élections du 4 novembre, les États-Unis ont perdu la guerre d'Irak.

Irak - les suites 2008


La défaite n'est pas militaire, elle est politique: face au durcissement du premier ministre Nouri al-Maliki, Washington a dû accepter de retirer toutes ses troupes d'Irak en 2011, de les voir tomber sous les lois irakiennes, et de n'y laisser aucune force après 2011, même pas pour former les Irakiens.
"C'est une écrasante défaite", estime Gareth Porter, journaliste et historien, après une guerre qui a détruit l'Irak et coûté près de 5000 vies et plus de mille milliards de dollars américains.
"En Allemagne et en Corée, les GI jouissaient d'une extraterritorialité de routine. Il n'en est plus question en Irak", souligne-t-il, dans des analyses pour l'agence IPS et des entrevues sur le réseau RealNewsNetwork.
La nouvelle, qui agite tout le Moyen-Orient, est passée inaperçue aux États-Unis, comme la guerre d'Irak elle-même était absente des débats depuis six mois.
SOFA et ONU
Les médias, voire le démocrate Barack Obama, avaient acheté le discours de l'administration Bush, repris par le républicain John McCain, que l'escalade du général David Petreaus avait marché, et que les États-Unis étaient "en train de gagner la guerre".
Obama a toutefois maintenu son projet de retirer les GI d'Irak d'ici 16 mois pour renforcer la mission américaine en Afghanistan.
La montée d'Obama dans les sondages a amené Maliki à durcir sa position aux négociations du SOFA (Status of Forces Agreement), un cadre juridique pour le maintien à long terme de bases américaines en Irak.
Le SOFA est d'autant plus crucial que le mandat de l'ONU couvrant l'occupation américaine de l'Irak expire le 31 décembre prochain.
Depuis le début de 2008, Washington a multiplié les annonces d'"accord imminent" et fixé des échéances restées sans lendemain.
Les États-Unis ont remis jeudi à l'Irak, deux jours après l'élection d'Obama, leur version définitive du projet, affirmant avoir répondu "positivement" à Bagdad.
Pressions sur Maliki
La colère des députés exigeant un "référendum", la demande de retrait militaire américain de Moqtada al-Sadr, l'appel au "consensus" des ayatollahs irakiens, et les critiques de l'Iran et de la Syrie, ont aussi alimenté le durcissement.
La Ligue arabe a annoncé hier avoir reçu une lettre de Maliki assurant que le SOFA, dans sa dernière version, "ne porte atteinte ni à l'indépendance ni à la souveraineté de l'Irak, et stipule que le territoire irakien ne sera pas utilisé pour violer (le territoire) des pays voisins".
Le cabinet se réunit aujourd'hui pour en discuter. Si les ministres approuvent la dernière version, le document sera soumis au Parlement pour une approbation qui n'est pas encore assurée.
Sur le terrain, des attentats ont fait 35 morts et 85 blessés hier à Baaquba et Bagdad, tandis que les 54 000 membres de Sahwas, miliciens sunnites jusqu'à présent payés par l'armée américaine, ont commencé à percevoir leur salaire du gouvernement irakien.
Enfin, la Commission électorale a fixé au 31 janvier 2009 la tenue des élections provinciales en Irak.


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