Réparer les pots cassés

"L'affaire Maxime Bernier"

L'affaire Couillard-Bernier n'a pas fini de faire des vagues. Le premier ministre Harper espère qu'avec le temps elles s'apaiseront. Un autre dossier chaud finira bien par prendre le devant de la scène. Toutefois, cela ne suffira pas à réparer les dommages à l'image du gouvernement Harper et à la réputation du Canada à travers le monde.
Tous savent maintenant, ici et à l'étranger, à quel point le passage de Maxime Bernier aux Affaires étrangères a été catastrophique. Ses gaffes à répétition, puis sa liaison sulfureuse avec Julie Couillard auront créé un doute sur la valeur que le gouvernement canadien accorde à sa représentation internationale.
La réputation de professionnalisme de la diplomatie canadienne aura tout particulièrement souffert de l'oubli d'un document confidentiel sur l'OTAN laissé chez la maîtresse du ministre pendant cinq semaines sans que personne au gouvernement s'en soit alerté. La presse internationale en a fait des gorges chaudes. Plus grave est toutefois le doute créé chez nos alliés quant à la confiance qu'ils peuvent avoir envers le Canada sur les questions de sécurité.
La chose la plus urgente que Stephen Harper devrait faire est de nommer un successeur à Maxime Bernier. L'arrivée d'un titulaire crédible aux Affaires étrangères donnerait un signal qui permettrait de calmer les appréhensions de tous. David Emerson est ministre intérimaire. Celui-ci a la stature souhaitée, mais il peut difficilement cumuler ce poste et celui de ministre du Commerce extérieur qu'il détient déjà. Le ministre de l'Industrie et du Commerce, Jim Prentice, serait aussi un bon choix, surtout qu'il est bilingue. L'important est qu'il y ait en place un ministre capable de réparer les pots cassés.
Dans cet esprit, la tenue d'une enquête sérieuse sur le document oublié par Maxime Bernier est nécessaire. Selon les versions, cet oubli a duré entre cinq et sept semaines, ce qui est incompréhensible eu égard aux règles de sécurité régissant l'accès aux documents secrets. Personne ne comprend qu'il ait fallu l'entrevue de Julie Couillard à TVA lundi dernier pour qu'un feu rouge s'allume.
Il est inconcevable de laisser les fonctionnaires des Affaires étrangères mener cette enquête. Ils sont en conflit d'intérêts puisqu'ils ont failli à détecter l'erreur de leur ministre. Faut-il une enquête publique comme le réclame l'opposition? Pas nécessairement. Ce pourrait être une enquête de la GRC ou, mieux, une enquête administrative menée par un ancien greffier du Conseil privé. On pourrait faire appel par exemple à un Paul Tellier ou à un Mel Cappe qui, ayant occupé ce poste de premier fonctionnaire du gouvernement, auraient l'un ou l'autre toute l'expertise et l'autorité pour agir et revoir tous les aspects de cette affaire. Une telle enquête permettrait d'établir s'il y a eu un manque sérieux aux règles de sécurité.
Le premier ministre doit comprendre que, plutôt que de tirer les rideaux, il doit les ouvrir. Actuellement, il fait exactement ce qu'il reprochait à ses adversaires libéraux lorsqu'il était chef de l'opposition. Peut-on lui rappeler qu'il ne respecte pas ses promesses de transparence.
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bdescoteaux@ledevoir.com


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