Les boules de Julie

"L'affaire Maxime Bernier"


Il faut dire les choses comme elles sont. Si Julie Couillard n'avait fait que du 34A, rien de tout cela ne serait arrivé.

L'événement qui ébranle la Chambre des communes et qui fait jaser dans les chaumières est d'abord et avant tout dans une affaire de gros seins. Sans ses généreux attributs, Maxime Bernier n'aurait sans doute pas été attiré par ce que l'on appelait autrefois une aventurière, il ne l'aurait pas paradée de cette façon au moment de sa prestation de serment, la découverte de son passé trouble n'aurait pas autant titillé les médias, et l'opposition ne ferait pas tant de millage.
Voilà donc la version canadienne de ce qu'on appellerait ailleurs un scandale sexuel. En ce sens qu'il n'a rien de bien scandaleux. La relation entre le ministre et Mme Couillard n'était pas illicite, les risques pour la sécurité nationale associés à un document confidentiel oublié par le ministre chez sa compagne sont parfaitement infimes, sinon inexistants. Ce qui reste, c'est la silhouette de Mme Couillard, et son association aux Hells Angels, qui exercent toujours une certaine fascination. Un mélange explosif qui éveille la curiosité et encourage le voyeurisme.
Bien sûr, à Ottawa, tout le monde se défend bien de vouloir faire des incursions dans la vie privée d'un politicien. L'enjeu de tout le ramdam à la Chambre des communes porte en principe sur la sécurité nationale. Mais si Julie Couillard avait été un pichou, le dossier serait déjà clos. Chaque fois qu'un député prononce le mot sécurité, ce n'est pas l'image d'un document estampillé «top secret» qui vient spontanément à l'esprit, mais bien le décolleté plongeant de Mme Couillard, qu'on nous montre et remontre.
C'est en soi une histoire banale et mineure, sans importance réelle, plus distrayante que dramatique. Pourquoi alors tant en parler? Parce qu'elle a servi de révélateur à des enjeux plus importants, qui n'ont rien à voir avec la sécurité nationale.
Cet incident a d'abord été une fenêtre ouverte sur la personnalité de Maxime Bernier, que certains voyaient comme une étoile montante du Parti conservateur. Sa relation avec Mme Couillard ne soulève pas seulement une question de goût et de convenances, même si le passé et le style de celle-ci ne correspondent pas au profil d'une conjointe de politicien de haut niveau. Il y avait aussi en jeu des questions de principes et d'éthique. Très peu d'hommes se lanceraient dans une relation avec une femme dont l'essentiel de la vie amoureuse et conjugale s'est déroulée dans le monde des motards criminels. Et qui, comme l'a montré son entrevue télévisée, n'exprime aucune forme de regret sur cette portion de sa vie.
Un tel choix, pour un politicien, révèle une solide dose d'immaturité, d'arrogance et de manque de jugement, qu'illustrait bien son arrivée triomphale à la prestation de serment, avec une femme-trophée à son bras. Dans toute cette histoire, M. Bernier, brouillon et imprudent, a manifesté les mêmes travers que dans sa vie politique. Pour coiffer le tout, Mme Couillard, dans son entrevue, a révélé que la fameuse robe qui a braqué les projecteurs sur son anatomie avait été étrennée lors d'un souper avec l'innommable animateur devenu député André Arthur. Une faute impardonnable!
Toute cette histoire a aussi révélé l'absence de jugement du premier ministre Stephen Harper qui a nommé à un poste stratégique un homme manifestement dénué des qualifications nécessaires. Certains expliquent cela par le désir de M. Harper de garder le contrôle des affaires étrangères en les confiant à un politicien sans expérience; d'autres croient plutôt qu'il a voulu confier ce poste à un Québécois, pour mieux vendre au Québec la politique étrangère du gouvernement conservateur et l'intervention en Afghanistan. Dans tous les cas de figure, il a révélé son mépris par la fonction qui a souffert du fait d'être confiée à un politicien sans tact et sans maîtrise des dossiers.
La suite des choses a enfin mis en relief les traits de caractère les plus désagréables du premier ministre. Son entêtement, pendant des semaines, à nier les faits, qui dénotait un certain mépris de l'institution parlementaire. Son incapacité à reconnaître ce qui fut clairement une erreur. Sa tendance à livrer l'information au compte-gouttes qui dénote une absence de transparence chez celui-là même qui s'indignait de l'opacité libérale.
Bref, les petites choses - on aura compris que je parle de l'incident - peuvent servir de révélateurs, et sont souvent l'amorce de plus grands débats.


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