Remettre les pendules à l'heure

Chronique de Normand Perry




Rappel de quelques faits
L'ancien premier ministre Bernard Landry et le ministre actuel des Affaires intergouvernementales du Québec semblent bien s'être lancés dans un échange épistolaire à propos de la reconnaissance de la nation québécoise par le reste du Canada.
Comme il en avait fait état dans « La Bagarre Générale » le 5 novembre dernier, c'est monsieur Landry qui a d'abord ouvert ces échanges dans [une lettre ouverte->2569] adressée au Premier Ministre du Canada, invitant ce dernier à imiter Michael Ignatieff et à reconnaître la nation québécoise.
[Benoît Pelletier prend alors la balle au bond->2630] (pendant que Harper refuse de se compromettre) et remercie monsieur Landry d'avoir rendu un fier service aux fédéralistes du Québec. Monsieur Pelletier s'était servi de manière peu orthodoxe d'un passage de la lettre de monsieur Landry pour démontrer que le Québec n'avait nullement besoin d'assumer son destin par l'indépendance puisque, selon lui, Bernard Landry avait démontré que le Québec est devenu une puissante nation à l'intérieur même du cadre fédéral canadien. Benoît Pelletier s'est évidemment bien gardé de faire référence à la dernière phrase de la lettre au Premier Ministre Harper où il est fait mention de la chose suivante : « pourquoi la nation québécoise devrait-elle se satisfaire du statut de province d'une autre nation et renoncer à l'égalité avec votre nation et toutes les autres ? Encore et toujours une question de vérité et de cohérence. »
Le taon qui pique les chevaux
Il m'était apparu impératif de ne point laisser ce débat entre messieurs Landry et Pelletier se perdre dans les archives de la presse écrite. Je trouvais tout simplement inconcevable l'impression laissée publiquement par le ministre Pelletier qu'il avait raison et surtout le dernier mot. Et plus les jours avançaient sans que réponse ne soit publiée en quelque part, plus je me rongeais les ongles d'inquiétude.
Je voulais que Bernard Landry revienne sur ce débat pour le clore comme lui seul sait le faire de manière brillante et lumineuse, et c'est exactement ce qui est arrivé [le 16 novembre dernier dans un texte publié dans La Presse->2932]. Pour atteindre mon objectif, je me suis souvenu du bon vieux Socrate, qui pour obtenir de ces interlocuteurs une réponse juste sur le fondement des choses, s'amusait à les provoquer. Socrate aimait dire de lui-même que « je suis comme un taon qui pique les chevaux ». C'était la « technique » intellectuelle dont faisait usage ce grand philosophe de la Grèce antique, pour littéralement faire accoucher les idées (la maïeutique).
Dans mon épilogue de la « Bagarre Générale » c'est ce que j'ai recherché en posant la question suivante : « Ce qui vient spontanément à l'esprit est de savoir si un tel silence (du côté de monsieur Landry) ne risque pas, à toute fin pratique, de peser très lourdement de sens sur le mouvement souverainiste et ce pour longtemps ? » Mon petit doigt me disait que monsieur Landry réagirait promptement.
« Du choc des idées, jaillit la lumière »
C'est ce qu'aimait répéter mon professeur de logique formelle. Et je savais pertinemment que la question posée de cette manière allait faire réagir monsieur Landry, et je ne peux que me féliciter d'avoir ainsi provoqué ce choc d'idées.
La réponse que Bernard Landry va fournir à Benoît Pelletier dans « Une question de dignité », (page A23 La Presse du 16 novembre 2006), est d'une luminosité telle que plus jamais le ministre des affaires intergouvernementales du Québec n'osera remercier Bernard Landry de façon aussi sarcastique.
D'emblée Bernard Landry affirme que « la première raison de faire l'indépendance, c'est d'assumer notre destin et notre identité la tête haute ». Vérité de La Palisse me direz-vous. Mais si peu souvent affirmée depuis trop longtemps dans le clan souverainiste. Il y a présentement une prise de conscience qui se fait dans le mouvement souverainiste. Depuis plusieurs années nous argumentons sur la forme de la souveraineté au point d'en oublier la substance. Il est grand temps de nous concentrer sur le fond des choses en matière d'indépendance nationale, et c'est la raison pour laquelle je réaffirme que l'argument d'ordre ontologique doit redevenir la colonne vertébrale de la réflexion souverainiste québécoise. Et c'est la première chose que Bernard Landry démontre dans sa réplique à Benoît Pelletier.
Au plan factuel l'ancien premier ministre s'étonne que monsieur Pelletier semble ignorer des choses que tous admettent, tant chez les fédéralistes que les souverainistes.
Comme par exemple la puissance de notre « État national malgré son statut toujours provincial ». Il rappelle l'admission récente de notre premier ministre à Paris sur la capacité financière du Québec à réaliser son indépendance. Comme il est tout aussi étonné que Benoît Pelletier puisse se contenter de tous les acquis du Québec alors que l'indépendance apporterait deux fois plus, ne serait-ce qu'au plan budgétaire, et des surplus que nous engrangerons dans notre grenier bien à nous !
Mais là où le texte brille de tous ses feux, c'est dans la dernière partie, à laquelle seule une citation complète peut rendre justice :
«Enfin j'aimerais vous entendre parler un jour d'un élément central de la question nationale sur lequel vous gardez un silence inquiétant et auquel j'espère vous n'êtes pas insensible; il s'agit de la dignité. La première raison de faire l'indépendance, même si nous avons aussi toutes les raisons économiques et matérialistes de choisir la liberté, c'est d'assumer notre destin et notre identité nationale la tête haute d'une façon respectable à nos yeux et à ceux des autres.
Une nation qui peut être libre doit l'être et la plupart de celles qui le peuvent le sont déjà. De nombreuses autres, il est vrai, n'en ont pas les moyens et partant ne peuvent effectivement le vouloir. Ce n'est évidemment pas le cas du Québec, nous sommes tous bien d'accord sur ce point fondamental : nous sommes capables. Donc, si nous avons les moyens d'être indépendants pouvez-vous m'expliquer pourquoi - autrement qu'en raison de craintes futiles - nous renoncerions à l'idéal, reformulé quelques mois avant sa mort, par le grand René Lévesque, d'être un pays « complet et reconnu ».»
Pour ceux et celles d'entre-vous qui ont vu et entendu Gilles Vigneault le 12 novembre à « Tout le monde en parle », et qui avez probablement été remué dans vos « tripes » lorsque le poète s'est exprimé à propos de notre cause nationale en disant à peu près ceci (j'y vais de mémoire) « la souveraineté d'un peuple ça commence ici (en montrant son cœur) pour ensuite gagner l'ensemble des citoyens ». Ne trouvez-vous pas que la conclusion du texte de Landry a ce petit quelque chose de la grande poésie de Vigneault ?

Squared

Normand Perry126 articles

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On pourrait le décrire comme un grand passionné de communication, de philosophie, de politique, d'histoire, d'astronomie, de sciences, de marketing, de musique classique et d'opéra. Normand Perry mène une vie publique bien remplie, toujours avec des projets plein la tête et des rêves à réaliser.

Après avoir obtenu un premier diplôme universitaire en philosophie au milieu des années ’90, Normand Perry débute sa vie publique comme pamphlétaire, exprimant ses opinions librement, ces dernières étant publiées régulièrement dans les journaux régionaux, les quotidiens et divers sites Web.

Depuis avril 2004, il travaille chez [Soleil communication de marque->http://www.soleilcom.com/], agence de publicité montréalaise, où il est au développement des affaires, en veille stratégique et aux relations publiques.

Depuis juillet 2010, il s’est vu confié un projet radiophonique à [l’antenne de Radio Ville-Marie->http://www.radiovm.com/index.aspx] où il conçoit, réalise, anime et supervise le montage d’une émission portant sur l’orthodoxie chrétienne au Québec : [Voix Orthodoxes->http://www.voixorthodoxes.org/].

Sa plume va le conduire en politique active.

Après s’être fait connaître comme pamphlétaire à partir du début des années 2000 dans sa région du Suroît, il se fait remarquer, et on lui propose la présidence de circonscription au Parti Québecois dans Soulanges au début 2005. Suite à la démission inattendue de Bernard Landry en juin 2005 comme chef de cette formation politique, Normand Perry appuie d’emblée la candidature de Louis Bernard tout en s’opposant farouchement à l’élection d’André Boisclair. Lorsque ce dernier remporte la chefferie du PQ en novembre 2005, Normand Perry démissionne de sa présidence et quitte le PQ sur-le-champ.

A l’automne de la même année il se fait élire au conseil municipal à Les Coteaux dans la circonscription de Soulanges au Québec. Il se voit confier notamment les responsabilités du comité des loisirs, où conçoit et implante un programme de subvention à l’activité sportive pour les jeunes; il occupe la vice-présidence du HLM, il aussi responsable de la sécurité publique et participe activement à la fondation de la Régie inter municipale des Pompiers du Lac-St-François (fusion des services des incendies de Les Coteaux et St-Zotique).

Lors de la création du nouveau parti politique Québec solidaire en février 2006, il en devient membre et participe au congrès de fondation à Montréal. Il se porte candidat aux élections provinciales de mars 2007 pour cette formation politique dans la circonscription de Beauharnois.

Après ces quelques années en politique active, il poursuit son œuvre de réflexion pamphlétaire, notamment sur le [Blogue de Normand Perry->http://normandperry.blogspot.com/] tout comme sur Vigile et bien d’autres médias québécois





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