Michaëlle Jean

Rapprocher les deux solitudes

Canada-Québec : "un dialogue de sourds"

La gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, estime que les Québécois sont tournés vers l'Europe et le reste du monde au détriment du Canada anglais.
Dans une entrevue à la Presse canadienne pour souligner le premier anniversaire de son mandat à la tête de l'État canadien, le 27 septembre 2006, Mme Jean défend également la pertinence de sa fonction.
Dès sa nomination, Mme Jean a choisi comme devise officielle de son mandat: « Briser les solitudes ». À cet égard, elle trouve qu'il est temps pour les Québécois d'arrêter de chercher ce qui les distingue. Selon elle, « les Québécois sont très déconnectés du reste du Canada ».
Cette attitude est dépassée, et il vaudrait mieux que les Québécois, « dans l'état actuel du monde, réalisent qu'on peut, au Canada, rassembler nos efforts ».
Elle a d'ailleurs repris cette réflexion dans une entrevue accordée à l'émission Les coulisses du pouvoir qui est diffusée dimanche à 11 h HAE sur les ondes de Radio-Canada, en précisant que « dans l'atomisation, on est fichus ».
La représentante de la reine au Canada croit que la politique québécoise isole la province et l'empêche de voir que la Colombie-Britannique et le Québec, par exemple, sont solidaires sur plusieurs questions.
Elle donne même l'exemple des jeunes qui, selon elle, seraient plus à même de passer outre les frontières. Du moins, celle qui sépare le Québec du reste du Canada. Elle rêve même d'instaurer un programme de subventions pour aider les jeunes à parcourir le pays.
Gouverneure générale: un rôle d'influence
L'ancienne journaliste estime que sa nouvelle fonction est « moderne ». Elle refuse de la voir comme le prolongement d'un système colonialiste dépassé. « Ou bien on fait comme les Français et on tranche la tête pour rejeter le passé, ou bien on juge que ça fait partie de notre héritage », conclut-elle.
Dans ses discours, Michaëlle Jean a repris quelques-unes des principales inquiétudes des citoyens, notamment le logement social, l'exclusion sociale de certains groupes d'individus et le sous-financement en santé et en éducation.
Mme Jean affirme que dans le cadre de ses fonctions, elle rencontre le premier ministre Stephen Harper toutes les deux semaines. Elle lui rapporte alors les propos et les doléances qu'elle entend au cours de ses nombreux déplacements dans tout le Canada.
« Mon rôle, c'est de pouvoir aviser le premier ministre, le prévenir, le sensibiliser. C'est très important et ça devient un rôle d'influence. Mon devoir, c'est de pouvoir lui rendre compte des réalités dont je suis témoin et des préoccupations des citoyens ».
Cette conception l'amène donc à conclure que son rôle est moderne et démocratique, dans la mesure où elle est la porte-voix de ceux qui n'ont pas nécessairement l'oreille du gouvernement.
Les leaders souverainistes fulminent


Réagissant aux propos Mme Jean, le chef du Parti québécois, André Boisclair, n'a pas caché sa colère. Selon lui, les Québécois n'ont pas à se sentir coupables d'être différents et n'ont surtout pas de leçon à recevoir de la représentante de la reine au Canada. « Si Mme Jean souhaite faire de la politique, elle va me trouver sur son chemin », a-t-il déclaré.
De son côté, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, ne voit pas l'utilité des propos tenus par Mme Jean. À ses yeux, les Québécois sont différents, « pas meilleurs ni pires ». Le leader bloquiste a ajouté que les Canadiens et les Québécois formaient deux nations aux valeurs à la fois différentes et communes, comme la démocratie et la justice.


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