Message aux candidat(e)s à la direction du Parti québécois

Quo vadis, PQ ?

« Libérez-nous des libéraux ! » – mais de façon définitive !

Tribune libre

Mesdames, Messieurs,

Depuis la démission inattendue de Pierre Karl Péladeau, le Parti québécois est à n’en pas douter à la croisée des chemins. Où comptez-vous le mener dans les deux années qui viennent, voire au-delà de l’échéance électorale de 2018 ? Envisagez-vous sincèrement de faire du Québec un pays, ou cet objectif est-il secondaire, voire désormais superflu à vos yeux ?

Comme vous ne l’ignorez pas, le PQ demeure, jusqu’à nouvel ordre, le vaisseau-amiral de l’indépendance. Par conséquent, s’il veut remplir un jour prochain la mission qui constitue sa raison d’être, il a impérativement besoin d’un capitaine qui sache inciter les membres de son équipage à faire voile dans la bonne direction.

Or, que constate-t-on depuis maintenant vingt ans, pour ne pas dire depuis la fondation de ce parti il y a bientôt cinquante ans ? PAS UNE SEULE FOIS le PQ n’a fait clairement la promotion de son option au cours des treize campagnes électorales auxquelles il a participé depuis les débuts de son existence, les dirigeants péquistes allant même jusqu’à cacher leur option comme s’il s’agissait d’une maladie honteuse. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, JAMAIS les mots « indépendance » ou « souveraineté » ne sont en effet apparus sur les slogans d’un parti dont l’objectif fondamental est pourtant de réaliser l’indépendance du Québec ! C’est à se demander si les chefs souverainistes ont déjà eu ou s’ils auront un jour le courage d’afficher hardiment leurs couleurs et de prendre le taureau par les cornes...

Vos prédécesseurs n’ont fait que tourner en rond – tout en faisant tourner les militants indépendantistes en bourrique !
D’ailleurs, où la « gouvernance souverainiste » nous a-t-elle conduits jusqu’ici ? De 1970 à 2014, les péquistes ont exercé le pouvoir à cinq reprises, les libéraux à huit. Au cours de cette période, le score du PQ est passé de 23,1 % à... 25,4 %, après avoir atteint un sommet de 49,3 % en 1981. En d’autres mots, le parti est revenu à la case départ, en terme de popularité, cependant que, contre toute attente, le soutien en faveur de l’indépendance se maintient bon an mal an aux environs de 40 %. N’est-ce pas là le signe évident que la stratégie éculée du « bon gouvernement » n’est qu’une illusion qui mène le PQ à un cul-de-sac ?

Les stratèges péquistes sont-ils à ce point aveuglés par l’obsession du pouvoir qu’ils sont incapables de reconnaître que le parti, désormais moins populaire que son option, est aujourd’hui débordé sur sa gauche par QS et sur sa droite par la CAQ (et autrefois par l’ADQ) ? Or, comment espèrent-ils ramener au bercail les militants amers et déçus qui ont abandonné le navire au fil des ans ? Avec leur stratégie de perdants, ils auront simplement permis aux libéraux de se maintenir au pouvoir contre vents et marées !...

Êtes-vous prêt(e)s à faire du Québec un pays ?
Si l’histoire des chemins tortueux empruntés au gré des humeurs des chefs péquistes précédents nous enseigne une chose, c’est que ces derniers n’étaient pas prêts à faire du Québec un pays ! Les aspirants capitaines que vous êtes le sont-ils davantage ? Pour peu que vous ayez le courage de répondre honnêtement aux questions qui suivent, nous devrions être bientôt fixés à ce sujet :

• Désirez-vous réellement mener le navire à bon port ?
• Pensez-vous avoir les capacités nécessaires pour surmonter les obstacles qui se dresseront inévitablement sur votre route ?
• Saurez-vous tirer les leçons du passé de manière à pouvoir éviter les erreurs de vos illustres prédécesseurs ?
• Êtes-vous fermement décidé(e)s à mettre un terme aux volte-face, tergiversations et autres incuries auxquelles ces derniers nous ont trop souvent habitués ?
• Êtes-vous disposé(e)s à transformer le Parti québécois en « navire de guerre » prêt à faire feu sur tous les adversaires de l’indépendance du Québec sans exception ?
• Saurez-vous résister à la tentation de vouloir plaire à tout le monde tels de « gentils Bisounours » ?
• Vous engagez-vous dès à présent à parler au quotidien des bénéfices de l’indépendance et à dénoncer avec pugnacité les abus, injustices et autres crimes commis au fil des siècles à l’encontre de notre société ?
• Avez-vous l’intention de profiter des célébrations du cent-cinquantenaire du Canada pour rappeler aux Québécois(es) que la Confédération de 1867 leur a été imposée sous la menace d’une guerre civile et pour exiger de Philippe Couillard qu’il déclenche un référendum si jamais il envisage sérieusement de signer la Constitution de 1982 ?
• Aurez-vous la force et l’audace de mettre résolument le cap sur l’indépendance en faisant publiquement connaître les nombreux arguments économiques qui plaident en faveur de l’indépendance ?

Si vous avez répondu un OUI franc et honnête à toutes ces questions, c’est que vous êtes apparemment prêt(e)s et disposé(e)s à franchir le Rubicon, c’est-à-dire à vous inscrire dans la lignée des libérateurs de peuple. Sinon, je vous inviterais à renoncer à vous porter candidat(e) au poste de chef du Parti québécois. Vous ne seriez pas apte à jouer ce rôle et à assumer une telle responsabilité. Du coup, vous risqueriez de saborder le PQ ou de l’envoyer se fracasser sur les écueils des illusions destructrices, entraînant ainsi le navire et son équipage dans l’abîme, de même que la Cause que vous prétendez défendre.

Est-ce là ce que vous souhaitez ? J’ose croire que non et que vous entendrez ce cri du cœur provenant d’un militant indépendantiste déçu par le manque de volonté politique de la part des dirigeants qui vous ont devancé(e)s...

Bonne réflexion et bon vent !

L'auteur est traducteur et auteur d’un ouvrage en préparation sur l’avenir du Québec.


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5 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    16 juin 2016

    Le gouvernement Couillard a été élu sans réclamer ni obtenir un mandat. Il a le Pouvoir, mais il est sans mandat. ( A simplement été élu sur son intention de faire barrage au référendum, avec une campagne de peur)
    C’est après avoir été élu que ce gouvernement pourri s’est constitué lui-même le mandat de la « rigueur budgétaire », parce qu’il y a dans ce gouvernement tout-tout-tout ce qui ne s’est jamais-jamais-jamais rallié à la Révolution Tranquille. Alors ce mauvais gouvernement, appuyé aveuglément par le West Island, picosse tout ce Nous avons construit.
    Ce n’est pas interdit aux indépendantistes d’agir de cette façon de priver les démolisseurs du Pouvoir, comme ceux-ci privent maintenant aussi bien les mous que les caribous du Pouvoir, et de se constituer eux aussi un Mandat, après avoir reçu le premier mandat assez simple de nettoyer la place devenue nauséabonde On jase.

  • Normand Paiement Répondre

    16 juin 2016

    @ Lise Reid
    Vous avez raison, sauf que...
    • René Lévesque a laissé passé une occasion en or, au moment du rapatriement de la Constitution canadienne, en avril 1982, en ne jugeant pas utile d'inviter le peuple québécois à manifester ouvertement son désaccord face au coup de force de Pierre Elliott Trudeau.
    • Jacques Parizeau a choisi de démissionner dans les circonstances que l'on sait, au soir du référendum de 1995, au lieu de contester les résultats. Lui et ses proches conseillers (dont Jean-François Lisée, faut-il le rappeler !) ne pouvaient pourtant ignorer que le camp fédéraliste avait triché.
    J'en suis venu par conséquent à la conclusion que TOUS les dirigeants péquistes, depuis René Lévesque jusqu'à Pauline Marois, ont manqué de perspicacité, de courage et de détermination. Si UN SEUL de ces chefs avait été un vrai libérateur de peuple, nous n'en serions pas là aujourd'hui!
    Seul PKP n'a peut-être pas dit son dernier mot avec son institut de recherche sur l’indépendance, mais ça reste à voir...
    Cordialement,
    Normand Paiement

  • Lise Reid Répondre

    15 juin 2016

    À noter , le référendum de 1995 , on se l'ai fait voler. Aussi celui de 1980 on nous a menti , faut dire que nous avons été naifs de croire PET.

  • Normand Paiement Répondre

    15 juin 2016

    @ François Ricard,
    La réponse à vos questions pourrait se résumer comme suit: De peur de subir les foudres de leurs adversaires fédéralistes, les leaders souverainistes (y compris Jacques Parizeau) ont toujours évité comme la peste tout ce qui aurait pu convaincre les électeurs québécois des bienfaits de l'indépendance.
    Pour prendre un exemple concret, quand avez-vous entendu un dirigeant péquiste – à l'exception, peut-être, de PKP – reprendre à son compte les arguments économiques avancés par l'ingénieur Jean-Jacques Nantel dans sa série de vidéos?
    Il est à espérer que l'institut de recherche sur l'indépendance mis sur pied et financé par PKP va changer les mentalités au sein du PQ. Sinon, je ne donne pas cher de l'avenir de ce parti après 2018...
    Cordialement,
    Normand Paiement

  • François Ricard Répondre

    14 juin 2016

    Pourquoi le Québec s'est-il dit "non " à deux reprises?
    Que faudrait-il faire pour que le Québec se dise enfin "oui"?
    Quand vous, et tous nous autres,, les indépendantistes, auront répondu de bonne façon à ces deux questions, possiblement pourrons-nous demander aux Québécois de décider s'ils veulent être souverains ou non.
    Sans des réponses adéquates à ces questions, nous essuierons un nouvel échec.
    Est-ce bien là ce que nous cherchons? Inconsciemment, ne serait-ce pas la réponse recherchée?