Retirons TOUS les symboles religieux du Salon bleu... ou n’en retirons aucun !

« Cachez ce crucifix que je ne saurais voir ! » – Les tartuffes de la laïcité

Le silence sur les symboles anglicans

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Tribune libre

Afin de dissiper toute ambiguïté, j’avoue d’emblée que je suis athée. Pis encore, j’ai commis jadis un « crime » qui, de nos jours encore, est passible de la peine de mort dans certains pays que je ne nommerai pas : j’ai apostasié voilà plus de trente ans ! (Heureusement, dans ce Québec que certains accusent d’intolérance, de racisme, d’islamophobie et j’en passe, renier la foi chrétienne ne porte pas vraiment à conséquence...)


Ce préambule étant posé, on ne s’étonnera pas de savoir que j’ai été pour le moins étonné, pour ne pas dire choqué, lorsque j’ai visité Québec au cours de l’été 2011, de constater qu’un crucifix trônait de façon ostentatoire au-dessus du siège du président de l’Assemblée nationale. Comment nos élus pouvaient-ils encore consentir, en ce début de XXIᵉ siècle, à se laisser guider dans leurs décisions par un symbole religieux remontant à une tradition médiévale et que même les premiers chrétiens abhorraient ? (Il convient en effet de rappeler que « [l]a croix du supplice, image d’une mort humiliante, n’appartient pas aux premiers symboles du christianisme (https://fr.wikipedia.org/wiki/Croix_(christianisme) ».)


Il ne faut donc pas se surprendre si j’ai partagé jusqu’à tout récemment l’opinion défendue par les tenants de la laïcité selon laquelle le crucifix n’a pas sa place à l’Assemblée nationale. Après tout, il y a été installé en 1936 par Maurice Duplessis pour officialiser l’union entre l’Église et l’État. Autrement dit, l’ex-premier ministre a accompli ce geste politique, hautement symbolique, pour des raisons purement partisanes ! Aussi ai-je jusqu’ici hurlé (à tort, je le reconnais) avec les loups qui réclament notamment qu’il soit casé dans un musée consacré à notre histoire nationale.


Enlever le crucifix ? Oui, mais...


Or, voilà qu’une vidéo visionnée ces jours-ci est parvenue à ébranler sérieusement mes certitudes à ce sujet (https://www.youtube.com/watch?v=ZUfsRri_WVg). Son auteur, le youtubeur « Goy George » (de son vrai nom Georges Tremblay), y affirme en effet que le Jésus historique (par opposition au Christ des croyants) a lui-même prôné la séparation de l’Église et de l’État lorsqu’il a répondu aux Pharisiens qui cherchaient à le piéger : « Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu ». Dans la Palestine occupée par les Romains, il aurait ainsi été condamné à périr sur la croix pour avoir contesté le pouvoir de l’Église de Judée. Jésus serait donc rien de moins que le fondateur du principe de laïcité ! (Selon cette perspective, on l’aura compris, il serait tout à fait logique de conserver le crucifix à l’Assemblée nationale...)


Quelques siècles plus tôt, quiconque aurait osé proposer une telle interprétation aurait été condamné au bûcher pour hérésie ! De nos jours, il ne peut que craindre le ridicule... Mais le vidéaste en question, par ailleurs très actif sur les réseaux sociaux, non content de poursuivre sa démonstration sans trop se soucier du qu’en-dira-t-on, n’a pas hésité à accuser au passage les deux coprésidents de la Commission Bouchard-Taylor d’avoir trompé les Québécois en éclipsant l’existence de huit symboles représentant « l’union de l’État britannique avec l’Église anglicane ». Et de fait, il s’agit là d’une vérité incontournable, à laquelle les laïcistes (parmi lesquels il convient d’inclure péquistes et solidaires) font très rarement allusion. Il est tout de même curieux que la présence de ces symboles au sein même du Parlement du Québec ne suscite pas davantage la controverse. Surtout si l’on tient compte du fait que la couronne de la monarchie britannique, emblème par excellence de la domination politique exercée par un peuple étranger sur notre peuple et notre territoire, est placée au sommet du trône du président de l’Assemblée nationale !


« Au nom de la séparation de l’État et des Églises et de la neutralité de l’État, nous pensons qu’il faudrait enlever le crucifix accroché au mur de l’Assemblée nationale », avaient suggéré les deux commissaires en 2008 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Commission_de_consultation_sur_les_pratiques_d%27accommodement_reliées_aux_différences_culturelles). Or, pas une seule fois ces derniers n’ont jugé bon d’inviter les parlementaires à supprimer les symboles comportant la croix de l’Église anglicane ! Deux poids, deux mesures ?


Qui aura le courage de retirer TOUS les symboles religieux présents à l’Assemblée nationale ?


Pourquoi un tel silence !? Est-ce par ignorance que pour ainsi dire personne ne parle jamais publiquement des symboles représentant la soumission du peuple québécois à la couronne britannique ? À moins que ce ne soit par hypocrisie de la part des militants anti-identitaires ? ou par peur, de la part des fédéralistes, de réveiller les velléités d’indépendance qui sommeillent encore chez plus de 30 % de la population ?


Inutile de dire qu’une telle révélation pourrait avoir l’effet d’une bombe si elle était connue de tous ! Imaginez le scandale que provoquerait à l’échelle du pays un gouvernement québécois qui s’aviserait de vouloir retirer TOUS les symboles religieux présents à l’Assemblée nationale ! Cela équivaudrait à un rejet pur et simple de la monarchie britannique et à une déclaration d’indépendance en bonne et due forme. Bref, à une véritable révolution des esprits et des mentalités !


Mais rassurons-nous, nous en sommes encore loin. François Legault a certes « réitéré son intention de faire adopter une loi sur la laïcité », mais il a rappelé du même souffle qu’il « ne veut pas décrocher le crucifix du Salon bleu » (https://lactualite.com/actualites/2018/10/19/francois-legault-ne-veut-pas-decrocher-le-crucifix-du-salon-bleu/). Bref, au grand dam tant des islamo-gauchistes qui crient au « racisme » que des militants pro-laïcité qui y voient un manque de cohérence, la CAQ devrait se contenter d’appliquer le programme pour lequel elle été élue. Et « dans mon programme, on garde le crucifix », a déclaré le nouveau premier ministre.


On ne peut être plus clair ! Pour peu que lui, ses ministres et ses députés se tiennent debout face aux pressions en provenance aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur du Québec, et pour peu qu’ils sachent résister à la tentation bien québécoise qui consiste à vouloir plaire à tout le monde, la CAQ pourrait très bien réussir là où le PQ a échoué, à savoir régler cette question épineuse une bonne fois pour toutes, de manière à ce que le Québec puisse enfin passer à autre chose !


Ce serait déjà un grand pas dans la bonne direction ! C’est pourquoi, même si je ne suis pas croyant, je comprends tout à fait la nécessité de conserver le crucifix à l’Assemblée nationale jusqu’à nouvel ordre, car cela ne remet pas en cause le principe de neutralité et de laïcité de l’État. Au contraire, n’en déplaise à tous les bien-pensants et autres adeptes du politiquement correct, le crucifix vient renforcer ce principe !


Par contre, pour ce qui est de la révolution qui permettrait au Québec de devenir un pays enfin débarrassé de tous les symboles de la royauté britannique, on repassera. Cette transformation-là des mentalités devra attendre des jours meilleurs...



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