COUPES À L’AIDE SOCIALE

Québec fait fi de l’impact sur les toxicomanes

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Un gouvernement de plus en plus inhumain







Les coupes à l’aide sociale pour les toxicomanes qui suivent une thérapie ne sont pas encore en vigueur que déjà, les centres de traitement des dépendances voient des impacts « dévastateurs » pour leur clientèle qui abandonne prématurément ses traitements. Québec était pourtant au courant de ces impacts, mais a tout de même choisi d’aller de l’avant.


 

Les prestataires de l’aide sociale qui suivent une thérapie en centre d’hébergement ont été informés il y a deux semaines que leur revenu allait passer de 747 $ à 200 $ par mois à partir du 1er mai. En effet, le gouvernement estime qu’ils n’ont plus droit au revenu minimum puisque leurs besoins de base sont comblés en centre d’hébergement.


 

« C’est un règlement dévastateur pour les toxicomanes qui ne seront plus en mesure de se faire aider », dénonce Vincent Marcoux, directeur général de l’Association québécoise des centres d’intervention en dépendance.


 

Depuis cette annonce, près de 300 personnes ont modifié leur cheminement thérapeutique dans l’un des 70 centres du Québec, calcule l’association. De façon plus précise, M. Marcoux affirme que 168 personnes ont mis fin à leur thérapie prématurément, 91 autres ont annulé leur entrée en centre et 34 ont tout simplement refusé de se faire évaluer dans le but d’entamer une démarche.


 

« On avait averti le ministère qu’il y aurait des impacts. Ça me révolte de voir que la clientèle paye pour ça, parce que le gouvernement prend un guess à savoir si on disait vrai ou non. Et aujourd’hui, on a des gens qui se retrouvent à la rue à cause de ce règlement-là. Mais je vais continuer de me battre pour aider les toxicomanes sur l’aide sociale, parce que je ne veux pas avoir ça sur la conscience. »



Québec au courant


 

Québec était effectivement bien au courant des risques. Une étude d’impact, réalisée en janvier dernier pour le compte du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale, stipule clairement que « la mesure pourrait avoir un effet sur la décision d’effectuer ou non un séjour dans un centre pour mettre fin à un problème de toxicomanie ».


 

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec a également mis en garde le gouvernement dans un avis daté de mars dernier, parlant d’une mesure « régressive » qui contribue à une « discrimination systémique » pour ces personnes. « La diminution de la prestation de base accordée à un adulte seul qui séjourne dans un centre offrant des services en toxicomanie avec hébergement constitue une atteinte discriminatoire au droit à la vie, à la sûreté et à l’intégrité de sa personne protégé par l’article 1 de la Charte », peut-on lire dans le document.


 

Québec a néanmoins décidé d’aller de l’avant avec son règlement sur l’aide aux personnes et aux familles, adopté le 7 avril dernier. « C’est une question de cohérence, explique David McKeown, porte-parole au ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale. Il fallait que le traitement soit équitable entre les différents prestataires de l’aide sociale et, dans ce cas-ci, il y avait une double prestation. Nous avons donc ajusté la prestation dans un souci d’équité. »


 

Plus tôt cette semaine, le ministre Sam Hamad a annoncé qu’une aide transitoire pourrait être accordée aux centres de traitement des dépendances qui ne peuvent plus, dans ce contexte, demander à leurs résidents de financer une partie de leurs services comme c’était le cas dans le passé. Les centres évaluent les pertes à plus de 100 000 $ par année et ont déjà dû supprimer 44 postes pour faire face à cette perte de revenus.


 

« La mesure annoncée par Québec, c’est de la bullshit, dénonce Vincent Marcoux. On veut nous faire croire qu’on veut aider les gens, mais la réalité, c’est que ceux qui vont vraiment souffrir, ce sont les toxicomanes qui veulent s’en sortir et qui vont rester dans le cercle de la dépendance. »







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