Stephen Harper sort de sa réserve et publiera dans quelques jours un livre sur le phénomène du populisme, ses causes et les réponses à y apporter.
Les premiers extraits portant sur l’erreur commise par l’élite intellectuelle et politique qui critique le populisme sont cinglants. C’est cette attitude qui a conduit à l’improbable élection de Donald Trump.
L’insécurité comme les frustrations d’une partie de la population face à la mondialisation ont vite été reléguées dans la catégorie des tares de citoyens de seconde classe. On s’abaisserait à leur offrir une écoute.
Même chose pour l’attachement à certaines valeurs ou traditions, lequel offre parfois une résistance face au multiculturalisme absolu. Au mieux les citoyens qui expriment ces sentiments seront considérés comme des folkloriques restés coincés dans une époque ancienne. Gênant. Au pire, ils se retrouveront au banc des accusés, coupables avant procès de racisme et de xénophobie. Pire que gênant, honteux !
Écoutés ou jugés ?
Or, la masse des hommes et des femmes d’un pays travaillent dur pour gagner leur pain et faire vivre leur famille. Dans notre cas au Canada, le gouvernement part avec la moitié de notre paye. Les gens ont l’impression d’en faire assez pour que leur gouvernement les écoute plus qu’il ne les juge.
L’image publique de Philippe Couillard a beaucoup souffert de cette image de donneur de leçons. Lors des débats, François Legault connaissait ce point sensible et a tapé sur ce clou à répétition. Si le livre de Stephen Harper avait été publié un an avant, il aurait constitué une lecture utile pour l’ex-chef libéral dans l’espoir d’obtenir sa réélection.
Harper considère que le conservatisme nouveau doit intégrer les préoccupations liées au populisme et y apporter des réponses. Cela sans sombrer dans le repli sur soi ou l’isolationnisme. Un gouvernement peut demeurer favorable au commerce international et à l’immigration, mais sans en faire un absolu idéologique.
Nous l’avons vécu ici avec les seuils d’immigration. Des hausses du seuil, même draconiennes, constituaient des automatismes qui n’avaient pas à être débattues ou justifiées. Par contre, lorsque quelqu’un propose de revenir un peu dans l’autre direction, on entend des hauts cris et on met en demeure le proposeur de s’expliquer.
Les médias
Si certains gouvernements et élus se sont retrouvés dans le rôle de donneurs de leçons, il faudrait être aveugle pour ne pas inclure les médias dans le lot. Certains médias vivent presque à temps plein dans cette posture. Leur rôle ne consiste plus à informer, mais à éduquer cette pauvre population.
Ils sont quelques-uns, à partir de leur piédestal montréalais, à vouloir éduquer ces ignares des banlieues et des régions concernant les bonnes valeurs en 2018. De beaux esprits bien-pensants qui expliquent aux citoyens que ce qu’ils vivent n’est pas exactement ce qu’ils vivent. Ils se trompent. Et surtout les convaincre que ce qu’ils pensent n’est pas acceptable.
Les réflexions de Stephen Harper sont aussi valables pour les médias qui ont perdu la cote auprès de la population, presque autant que les politiciens.