Quand on efface l'histoire...

Coalition pour l’histoire



Il va bientôt falloir renoncer à notre devise: «Je me souviens». Non seulement nous enseignons de moins en moins l'histoire du Québec dans les cégeps, mais nous continuons de négliger nos monuments et nos plaques commémoratives.
À la Place d'Armes, par exemple, un site où naquit notre Histoire (et que l'on met une éternité à refaire...), un panneau nous dit : «Ici, l'Histoire est là pour toujours !» Foutaise ! Nous sommes peut-être l'un des peuples du monde les plus ignorants de sa propre histoire.
Une marche dans le Vieux-Montréal me permet de constater une fois de plus qu'au moins 14 plaques commémoratives ont disparu à la faveur des voraces voleurs de bronze. Une plaque historique qui coûte au bas mot plus de 1 000 $ sera revendue chez un marchand malhonnête ou clandestin pour environ 35 $. Voilà où va la fierté...
Sur Saint-Laurent, que l'on appelle prétentieusement «boulevard», une plaque nous «sensibilisait» au sujet d'une attaque iroquoise contre Lambert Closse. Disparue ! À la Ville de Montréal, on ne sait même pas combien de ces plaques ont été volées au cours des dernières années. Au petit «ouernement» du Québec, on est tout aussi ignorant et indifférent. Par contre, à Parcs Canada, on semble plus déterminé à maintenir le souvenir en remplaçant les plaques manquantes; au moins, Ottawa est capable de dire combien de ces plaques sous sa juridiction ont été volées.
Je continue ma marche. Rue Saint- Jacques, devant le journal La Presse, une plaque mentionnait où se trouvait exactement la cour martiale pendant le régime français. Oubliez ça. Elle est disparue. Sur la façade du même édifice, on peut voir des trous laissés par... trois autres plaques historiques disparues.
RONALD MCLAMOTHE
Devant la façade du McDonald situé à l'angle de Saint-Laurent et de Notre- Dame, une plaque nous apprend que le fondateur de la ville de Détroit et gouverneur de la Louisiane, Lamothe de Cadillac, habitait à cet endroit à l'époque de Ville-Marie. Ça doit faire au moins trente ans que cette plaque n'a pas été entretenue. Voilà l'intérêt et l'affection pour le passé que l'on cultive chez McDonald's... Mais quand on téléphone chez McDonald's, on nous répond: «Ce n'est pas à nous de l'entretenir. C'est à la commission historique.» Mais cela n'est pas grave. Car ici, on efface l'histoire... surtout la nôtre.
Rue Saint-Paul, près de Saint-Laurent, sur le mur du restaurant Steak frites, il y a là une plaque qui nous rappelle que cette bâtisse était la résidence de l'ambassadeur Joncaire à l'époque de la Nouvelle- France. Il faut s'arracher les yeux pour la lire tellement elle a été mal entretenue. Ce n'est pas grave... puisqu'il ne s'agit que de notre Histoire.
Par contre, sur de la Commune, il y a là un monument très bien entretenu (unilingue anglais, cela va de soi) pour nous rappeler que John Young est le père du port moderne de Montréal. Ce monument ne nous dit pas que ce dénommé Young est celui qui, en arrivant d'Écosse au Québec, s'est empressé de mettre sur pied un contingent de volontaires pour aller casser les reins des troupes de Louis-Joseph Papineau, le père de notre démocratie...
Oui, on comprend ce groupement d'historiens qui, il y a quelques semaines, pressait notre petit gouvernement d'accorder une meilleure place à l'enseignement de notre Histoire. Ah! Je sais qu'il y en a parmi eux qui vont me dire que lorsqu'on tient à ses convictions, c'est que l'on est un fanatique. Eh bien, dans ce cas, j'en suis un.


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