"Qu'ils signent!"

Chronique de Patrice Boileau

De la grande visite à l’émission « Tout le monde en parle » du dimanche 25 novembre dernier. Jean Chrétien était en effet parmi les invités qui sont apparus au petit écran de la télévision de Radio-Canada.
L’ancien premier ministre semble bien remis du quadruple pontage coronarien qu’il a subi il y a environ un mois. Le « p’tit gars de Shawinigan » savait visiblement qu’il se rendait dans un repère d’adversaires séparatisses : la blague qu’il a préparée pour la fin de l’entrevue l’a prouvé hors de tout doute. Les balles de golf qu’il a remises aux animateurs ont effectivement rappelé comment l’homme avait cyniquement mis un terme à l’interrogatoire du Juge Gomery, dans le cadre de l’enquête sur le scandale des commandites. Cette fois, il montrait qu’il en avait fini de ces interlocuteurs souverainistes.
L’entretien de dimanche soir n’avait cependant rien de belliqueux. Maintenant à la retraite, Jean Chrétien semble s’attirer la clémence de ses adversaires les plus farouches. Malgré la hargne soutenue qu’il a exprimée durant toute sa vie envers les indépendantistes québécois et ses coups vicieux qui ont affaibli la famille qu’il a choisie de sacrifier au profit d’une autre, l’ancien dirigeant canadien projette maintenant l’image d’une mascotte qui fait sourire.
Son propos peu crédible parvient même à passer comme lettre à la poste. Ses mensonges connus de tous sont tolérés parce que les règles de bienséance commandent de ne pas s’acharner sur « l’innocent du village »! Jean Chrétien n’a donc pas eu à craindre que ses hôtes insistent sur certains sujets afin de le pousser dans les câbles.
L’ancien premier ministre a tenté de convaincre, durant la conversation, que sa présence à Ottawa fut motivée par le désir de faire des francophones des citoyens égaux aux anglophones dans le Canada. D’où sa lutte contre l’adoption des accords du Lac Meech en 1990. À ses yeux, l’entente aurait rendu les francophones « au-dessus » (sic) des anglophones! La portée juridique de la Charte des droits et libertés adoptée grâce à lui en 1982, Charte qui visait à torpiller la loi 101, aurait été ainsi affaiblie.
Pendant sa carrière, le p’tit gars de Shawinigan s’est obstiné à nier que les siens disparaissent souvent en une génération, hors du territoire québécois. Que le seul État de langue française d’Amérique du Nord est ainsi totalement légitimé à agir de manière à préserver sa langue et sa culture ! Il n’a jamais reconnu que ce geste relève de la fierté nationale, trop convaincu que seuls les siens envers le Canada peuvent être considérés ainsi…
Même ambiguïté lorsqu’il fut question de l’épisode référendaire de 1995. L’ancien premier ministre a été incapable d’admettre qu’il a cautionné la règle démocratique du 50% + 1 vote en participant à la consultation populaire. Affirmer qu’il ne l’aurait finalement pas fait constitue un aveu odieux que seul le silence poli de l’animateur est parvenu à taire. Ce dernier aurait pu en effet lui demander d’expliquer pourquoi la majorité de 35 000 voix du camp fédéraliste, soit 50.6% des votes, fut cependant suffisante pour confirmer sa victoire. Les exemples soulevés par Jean Chrétien pour justifier dorénavant l’imposition d’une majorité qualifiée sont tombés à plat.
Le commentaire du disciple de Pierre Trudeau au sujet de la « nuit des longs couteaux » n’a pas davantage convaincu l’assistance. S’autoriser à agir unilatéralement parce que les représentants souverainistes du Québec auraient refusé de toute manière d’entériner la nouvelle constitution, fut un piètre argumentaire. L’animateur l’a d’ailleurs aisément démoli en rétorquant que les gouvernements fédéralistes qui ont succédé à l’administration péquiste victime du coup de force de 1982, ont également dénoncé la fronde d’Ottawa. La réplique que Jean Chrétien a alors formulée résume admirablement toute la subtilité qui a inspiré son passage dans le monde politique. L’homme a sottement répondu : « qu’ils signent!!! »
Heureusement, comme l’ont souligné les animateurs, la vérité est présentement enseignée dans les cours d’Histoire nationale à l’intérieur des écoles du Québec. Les interventions de Jean Chrétien dimanche soir pour tenter de falsifier les faits, pas plus que la publication de ses mémoires, ne parviendront à modifier la mémoire collective des Québécois. Malheureusement, l’homme peut tout de même dormir tranquille : cette même mémoire collective n’en a que faire de la vérité et de ses effets délétères qui menacent toujours le destin du Québec...
Patrice Boileau


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    28 novembre 2007

    Ça a commencé avec Pierre "la morgue" Trudeau, ça s'est poursuivi avec Jean "qu'ils signent à ce moment ici" Chrétien et maintenant, on a Stéphane "sur ses grands ergots" Dion. C'est là que l'on comprend la maxime : Jamais 2 sans 3.
    Trois Québécois "full Canadian" placés là par les Anglos majoritaires au Canada pour tenir la dragée haute au Québec par leur charme sauf celui bien caché du dernier de la ligne "espérons qu'elle va arrêter là" que l'on devrait découvrir bientôt à la télé quand il nous livrera son fond. comme d'être en faveur de l'environnement malgré l'augmentation de 35 % des gaz à effet de serre sous son gouvernement.