Lettre ouverte à Justin Trudeau

Qu'attendez-vous pour donner suite à vos intentions ?

La crédibilité même de votre gouvernement est gravement compromise

Tribune libre

Lettre à Justin Trudeau

Monsieur le premier ministre,

À l’occasion de la tenue de votre caucus dans la région du Saguenay cette semaine, j’aimerais vous rappeler qu’à la conférence de Paris sur le climat de décembre 2015, vous vous êtes engagé à ce que le Canada agisse, de concert avec la communauté internationale, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre de manière à limiter le réchauffement climatique sous les 2 degrés Celsius. Vous aviez également promis en campagne électorale de revoir le processus d’analyse des projets de pipeline par l’Office national de l’énergie (ONÉ) pour lui donner plus de rigueur et tenir compte des données scientifiques. Nous sommes inquiets de constater que ces engagements ne sont pas encore en voie de réalisation.

D’une part, votre gouvernement ne s’est pas encore doté d’une cible de réduction de GES suffisamment ambitieuse pour répondre à l’urgence de freiner la tendance au réchauffement climatique actuel. D’autre part, vous accueillez favorablement les projets de développement des sables bitumineux, notamment le projet de pipeline Énergie Est de TransCanada, même si les scientifiques reconnaissent que cette exploitation est incompatible avec l’atteinte des cibles de réduction des GES.

Les récentes révélations concernant les pratiques pour le moins douteuses des commissaires de l’ONÉ, qui sollicitent des contacts auprès d’individus et de groupes intéressés tout en niant les faits, viennent complètement discréditer le processus d’examen du projet Énergie Est. De plus, il est maintenant reconnu que l’ONÉ ne possède pas les compétences nécessaires pour surveiller adéquatement la sécurité des pipelines.

Dans ce contexte, M. le premier ministre, c’est la crédibilité même de votre gouvernement qui est gravement compromise. Le gouvernement canadien doit se doter d’une cible de réduction de GES cohérente avec l’urgence climatique. Selon les meilleurs spécialistes, la transition énergétique doit commencer maintenant et s’échelonner sur les 15 prochaines années de manière à éliminer complètement les GES d’ici 2050 et éviter le choc économique à venir dans le secteur des énergies fossiles.

Le gouvernement canadien doit révoquer le mandat confié à l’Office national de l’énergie sur le projet Énergie Est. D’abord, parce que ce projet est contraire à l’intérêt national de lutte aux changements climatiques. Ensuite, parce que les commissaires ont failli à l’éthique attendue de leur fonction.

Dans l’attente d’actions concrètes et cohérentes de votre gouvernement,
Veuillez agréer, M. le premier ministre, nos salutations distinguées.

Louise Morand
Denise Campillo
Francine Salvas
Stéphane Brousseau
François Prévost
Jean Falaise
Marc St-Cyr
Marc Brullemans
Gérard Montpetit
Regroupement vigilance hydrocarbures Québec


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1 commentaire

  • François A. Lachapelle Répondre

    29 août 2016

    Félicitations aux signataires du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec.
    L'eau douce dont le Québec est grandement pourvu et avantagé à comparer au reste du monde ne peut être mis dans une comparaison avec le transport du pétrole lourd et sale et risqué et polluant.
    Le projet d'oléoduc Énergie Est ne devrait même pas exister à l'état de rêve. C'est un non sens.
    Si nous discutons du projet Énergie Est, c'est que notre démocratie n'existe pas. Une oligarchie se croit tout permis. Cette oligarchie et politique et pétrolière couche dans le même lit. Le peuple du Québec ne peut que se révolter envers les audiences de l'ONÉ, organisme qui n'a aucune crédibilité au Québec pour plusieurs raisons.
    Le pétrole lourd des sables bitumineux est un poison vif dès qu'il sort de sa cage. Un récent déversement l'a encore démontré, celui dans la rivière Saskatchewan en amont de la ville de Maidstone originant d'un pipeline de la société Husky Oil. Ce déversement engendre de graves répercussions sur l'approvisionnement en eau potable de la ville de Prince Albert.
    Les autorités précisent ceci: « La ville de Prince Albert, en Saskatchewan, aux prises avec un déversement de pétrole, recevra de l'eau acheminée par un tuyau de plusieurs dizaines de kilomètres dont la construction vient de commencer, ont annoncé dimanche les autorités de la province. »
    Et cet hiver, comment ce tuyau hors terre résistera-t-il aux gels ? Le pétrole sale ne finit pas d'embêter gravement la vie quotidienne des citoyens qui ont besoin d'eau douce par dizaines de litres chaque jour.
    La meilleure solution pour éviter tous ces problèmes à des coûts élevés pour la collectivité est de laisser le pétrole lourd là où la nature l'a entreposé pour toujours.