Projet de réforme en santé

Projet de loi 15, un bien mauvais départ

Scénario d’une mort annoncée

Tribune libre

Le projet de loi 15 du ministre Christian Dubé sur la réforme du système de santé devait ébranler les colonnes du temple aux dires du ministre. En bien! Aussitôt présenté à l’Assemblée nationale et aux diverses instance syndicales, on peut affirmer que les colonnes du temple ont branlé, les partis d’opposition et les syndicats s’appliquant à tirer à boulets rouges sur le projet « mammouth » de Christian Dubé.

Sans grande surprise, les instances syndicales déplorent le fait qu’elles n’aient pas été consultées lors de l’élaboration de ce projet de loi. Du côté des partis d’opposition, ils ont unanimement mis en garde le gouvernement Legault contre le fait de préconiser « une approche bulldozer » pour le faire adopter d'ici la fin de la session parlementaire, en juin. Autant les libéraux que les députés de Québec solidaire (QS) et du Parti québécois (PQ) accueillent avec méfiance le projet de loi 15 et les transformations qu'il propose. Avec cette réforme, Gabriel Nadeau-Dubois reproche au gouvernement de la CAQ de centraliser encore plus le réseau de la santé que l'avaient fait les libéraux lorsqu'ils étaient au pouvoir.

Personnellement, compte tenu de l’extrême importance du projet de loi 15 qui vise avant tout l’amélioration des soins de santé des contribuables québécois, je suis d’avis qu’il doit être scruté article par article dans un climat non-partisan. Tout ne peut être rejeté du revers de la main pas plus que tout ne peut être accepté sans amendement.

Le ministre Dubé l’a répété haut et fort à maintes occasions, le statu quo est inacceptable, une assertion qui ne peut que rallier toutes les parties prenantes. Dans cette perspective, j’invite tous les intervenants au dialogue constructif pour le plus grand bien des patients qui attendent depuis des mois, voire des années, une chirurgie ou un médecin de famille sans compter les heuresd’attente innombrables à l’urgence. C’est une question d’imputabilité sociale.

Scénario d’une mort annoncée

Le scénario parfait pour un meurtre crapuleux annoncé : un individu déclaré non criminellement responsable d’actes violents pour cause de troubles mentaux à cinq reprises, et remis en liberté sous conditions à chaque occasion, et le destin tragique de la policière Maureen Breau qui s’est trouvée sur le chemin du détraqué qui lui a tranché la gorge à coups de couteau.

Pourtant, il y a quelques jours, Isaac Brouillard-Lessard avait été admis à l’hôpital d’où il a reçu son congé après que son état mental fut stabilisé. Or, l’individu de 35 ans représentait « un risque important pour la sécurité du public » considérant son état mental, avait statué la Commission d’examen des troubles mentaux dans une décision rendue il y a à peine un an. Brouillard-Lessard souffrait d’un trouble schizoaffectif, d’un trouble lié à l’usage des amphétamines en rémission et d’un trouble lié à l’usage du cannabis.

Nonobstant la présence de tous ces troubles mentaux, la Commission a tout de même décidé de le garder en liberté, estimant que « ce risque est adéquatement contrôlé si la libération de l’accusé est assujettie à un suivi et un encadrement appropriés ». 

De toute évidence, les critères de remise en liberté d’Isaac Brouillard-Lessard ont failli en conduisant à la mort « annoncée » de la sergente Maureen Breau. À cet effet, il m’apparaîtrait prioritaire de revoir ces critères pour éviter que des individus dangereux comme Brouillard-Lessard ne puissent se faufiler à travers les mailles d’un système apparemment déficient, et que d’autres policiers et policières n’en paient le prix de leur vie.


Henri Marineau, Québec


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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