Proche-Orient - Ils ont tout à perdre

OCCUPATION ISRAÉLIENNE - reconnaître l’Etat de Palestine


Après l'affront fait par Israël au vice-président américain, Joe Biden, au sujet de la colonisation des territoires occupés, en mars dernier, et l'abordage meurtrier d'une flottille «de paix» à destination de Gaza, en juin, on ne donnait pas cher des efforts de Washington pour ramener Israéliens et Palestiniens à la table de négociations. Mais voilà, la conjoncture l'impose, et si l'espoir d'en arriver à une solution est à peu près nul, un tel dénouement serait le meilleur moyen de contrer les ambitions iraniennes dans la région. Et ils le savent!
Mardi, ils ont mangé à la même table, celle du président Obama, puis hier, ils se sont remis à la pénible tâche de trouver l'impossible compromis vers une paix durable. Combien de fois depuis la guerre de Six Jours, en 1967, Palestiniens et Israéliens ont-ils répété ce rituel sans jamais parvenir à s'entendre? Pourquoi les choses seraient-elles différentes cette fois-ci?
En effet, tous les indices de l'échec sont apparents. D'un côté, le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, dirige un gouvernement de coalition que la droite radicale peut faire tomber à tout instant; de l'autre, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, est honni par tout ce que la Palestine abrite d'islamistes sous l'influence du Hamas. Or, ni les radicaux israéliens, ni ceux de la Palestine ne sont disposés à faire de concessions sur les enjeux déterminants que sont la fin de la colonisation et le partage de Jérusalem, l'échange de territoires, le retour des réfugiés chassés par la guerre et même la simple reconnaissance de l'État d'Israël.
Dans ces conditions, qu'est-ce qui pousse ces hommes à discuter, sinon à négocier? Pour une fois, tous, y compris le président Obama, ont un intérêt réel, voire personnel, à trouver un compromis acceptable.
Du côté palestinien, il ne fait aucun doute que l'Autorité palestinienne a tout à gagner d'une entente par laquelle elle obtiendrait l'arrêt définitif de la colonisation, la restitution d'une partie des territoires occupés depuis 1967, un statut particulier pour Jérusalem-Est et un droit de retour, même limité, pour les réfugiés. Jamais le Hamas n'accepterait une entente du genre, mais quelle victoire aux yeux du monde entier, y compris du monde arabe, qui n'a jamais cru en la capacité des Palestiniens de changer le cours des choses.
Bien sûr, un compromis d'importance exigerait le déplacement de dizaines de milliers de colons juifs, mais pas tous, loin de là. Or, malgré sa mauvaise réputation sur la scène internationale, le premier ministre Nétanyahou est aujourd'hui le seul politicien capable de changer le cours de l'Histoire en faisant entendre raison à la droite. Non pas au nom d'un quelconque objectif de paix avec la Palestine, mais au nom de la sécurité même d'Israël. Car la plus grande menace ne vient plus d'une Palestine indépendante comme du temps de Yasser Arafat, mais d'un renforcement entre l'Iran et ses amis chiites, dont le Hamas. Israël et les États-Unis partagent donc les mêmes préoccupations militaires et géopolitiques que les pays de la Ligue arabe, qui craignent comme la peste la montée en puissance de l'Iran et de l'islamisme.
Hier, les leaders israélien et palestinien ont promis de se revoir à la mi-septembre, soit quelques jours avant la fin du moratoire sur la construction dans les colonies juives. Aurait-on enfin compris qu'en l'absence d'entente, ce ne sont pas seulement quelques arpents de sable qui sont menacés, mais l'existence même de l'une et l'autre nation?
Quand la peur s'invite au jeu, certains compromis jusque-là improbables peuvent paraître un moindre mal.
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j-rsansfacon@ledevoir.com


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