Barack Obama a eu l'immense mérite de s'occuper du conflit israélo-palestinien dès son arrivée à la Maison Blanche, il y a bientôt deux ans. Aucun de ses prédécesseurs n'a pris pareil risque. M. Obama - c'est dans sa manière - a choisi la méthode douce.
Il a cantonné les Etats-Unis dans le rôle d'honnête médiateur, attachés à une tâche ingrate : mettre les Israéliens et les Palestiniens autour de la table pour des négociations directes, entre eux et eux seuls. M. Obama a échoué.
En deux ans, il n'y a pas eu le début d'une esquisse de pourparlers sérieux entre les deux parties. Rien, hormis quelques poignées de main d'opérette : deux années perdues.
Ce fiasco est apparu cette semaine au grand jour. Les Etats-Unis ont fait savoir mardi 7 décembre qu'ils mettaient les pouces. Ils renoncent à essayer de convaincre le premier ministre Benyamin Nétanyahou d'arrêter sa politique d'implantations en Cisjordanie et dans la partie arabe de Jérusalem.
L'Amérique, dont Israël dépend largement pour sa sécurité, ne veut pas être davantage humiliée. Pour obtenir ce geste de M. Nétanyahou, les Etats-Unis avaient offert à Jérusalem des contreparties substantielles : des avions de chasse dernier cri, F35 ; la garantie renouvelée de l'appui systématique de Washington à l'ONU, etc.
M. Nétanyahou, qui dirige un gouvernement de droite, a dit non. Il préfère les implantations. Il a profité de la victoire des républicains aux élections de mi-mandat pour renforcer ses positions au Congrès des Etats-Unis. Il sait jouer des aléas de la politique américaine.
Sans arrêt de la colonisation, il n'y a pas de Palestiniens à la table de négociations. Le chef de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et son premier ministre, Salam Fayyad, sont des hommes aussi courageux que modérés. Leur point de départ, assez logique, est simple : on ne discute pas partage territorial - les frontières d'un Etat palestinien - si la surface à découper continue à être modifiée au profit d'Israël pendant les négociations.
On tourne en rond. M. Obama doit changer d'approche. Comme le lui suggèrent nombre d'anciens responsables américains - Warren Christopher, Zbigniew Brzezinski, Henry Kissinger, rien de moins -, il doit brusquer les choses, forcer le destin, placer chacun face à ses responsabilités.
Washington doit mettre un plan sur la table : tracé des frontières, échange de territoires, s'il le faut ; arrangement sur Jérusalem ; règlement politico-financier de la question des réfugiés palestiniens ; dispositifs de sécurité pour empêcher que le futur Etat palestinien ne se transforme en base de tir de missiles contre Israël.
Pareil document aurait le mérite de fixer les grandes lignes de la négociation. Le tracé des frontières réglerait, a priori, la question des implantations : interdites ici, permises dans la partie revenant à Israël.
Passé un certain délai, le plan pourrait être soumis au Conseil de sécurité de l'ONU. Cela lui conférerait une légitimité de nature à l'imposer.
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