Alors que se poursuivent péniblement les négociations avec les 475 000 salariés syndiqués, le gouvernement Charest fait face à un barrage de scepticisme concernant son engagement à réduire les dépenses, notamment à cause du traitement privilégié accordé aux employés des sociétés d'État et au personnel des cabinets politiques. Sans «agir bêtement», pour reprendre l'expression du premier ministre, avouons qu'un peu de cohérence ne nuirait pas!
Après les sociétés d'État, c'est au tour du personnel politique d'attirer l'attention sur ses privilèges. Dimanche, la Presse canadienne affirmait que malgré le dépassement des normes de rémunération dans le cas de certains employés des cabinets ministériels, rien n'avait été prévu pour corriger le tir dans le budget Bachand.
Réagissant à cette nouvelle, la présidente du Conseil du trésor, Mme Gagnon-Tremblay, a tenu à préciser que «la masse salariale de l'ensemble des cabinets sera gelée à son niveau actuel jusqu'en 2013-2014». Si la précision est venue si vite, c'est que les révélations concernant l'attribution de primes agacent quotidiennement l'opinion publique depuis le dépôt du budget.
Rappelons que ce ne sont pas les libéraux qui ont introduit les primes au rendement ailleurs que dans les sociétés d'État comme la Caisse de dépôt. L'idée revient au gouvernement Bouchard, qui voulait mettre fin aux augmentations automatiques pour tous les cadres, y compris ceux des réseaux de l'éducation et de la santé, en réservant 2 % de leur propre rémunération globale annuelle à se partager entre eux. Intéressante en théorie, la formule n'a pourtant jamais prouvé son efficacité ailleurs que dans certains corps d'emplois spécialisés.
Là où les choses ont déraillé tout à fait, c'est au sein de sociétés d'État dites commerciales comme Hydro-Québec, ce monopole reconnu pour son faible niveau de productivité et ses conditions de travail à nulles autre pareilles, où la direction a paresseusement acheté la paix syndicale avec l'argent des contribuables en offrant des primes quasi automatiques de 4 % par année à tous les employés.
Qu'on ne se méprenne pas: les primes à la performance ne sont pas condamnables en elles-mêmes. Dans le cas d'entreprises dont les résultats dépendent directement de l'effort de vente ou de la performance exceptionnelle d'un employé, les primes et les commissions constituent souvent le meilleur, sinon le seul moyen d'atteindre les objectifs. Ce qui n'est pas le cas des monteurs de ligne d'Hydro-Québec, ni même des gérants de succursale de la SAQ!
Les révélations des derniers mois permettent d'affirmer qu'il n'y a pas de cohérence dans la politique de rémunération du gouvernement québécois. Là où on a voulu appliquer les lois de la concurrence malgré une situation de monopole, l'arbitraire et les privilèges ont pris le pas sur la logique économique aux dépens de l'équité, de la transparence, et dans le plus grand mépris des contribuables.
Au lieu de réduire les primes de 10 % dans certains cas et de les abolir dans d'autres en faisant croire que le traitement fera aussi mal au président d'Hydro-Québec qu'aux employés du réseau de la santé, le gouvernement Charest devrait profiter de la conjoncture pour revoir sa politique de rémunération dans un souci d'équité et de productivité.
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