Réductions budgétaires - Au-delà des compressions

JJC - chronique d'une chute annoncée


Est-ce un hasard si le ministre responsable de la Famille, Tony Tomassi, a annoncé des corrections au processus d'attribution des nouvelles places en garderie dès le lendemain du Conseil des ministres spécial qui s'est tenu dimanche? Le gouvernement Charest veut récupérer la sauce trop salée de son dernier budget, mais qu'a-t-il à offrir d'autre que des correctifs, des compressions et des hausses de taxes?
On a beaucoup parlé de compressions lors du Conseil des ministres convoqué dimanche par le premier ministre. Mais on a aussi certainement parlé d'autres moyens à prendre pour regagner la confiance de l'opinion publique désabusée par l'accumulation de révélations troublantes et l'adoption d'un budget controversé.
Au rythme où vont les choses, la seconde moitié du mandat du gouvernement Charest risque de lui paraître bien longue. Il ne se passe plus une semaine sans qu'un ministre soit forcé de corriger le tir à la suite de révélations embarrassantes. La semaine dernière, le cousin de la ministre des Services gouvernementaux, Dominique Vien, accusait le personnel politique d'insister pour obtenir de lui une contribution à la caisse du parti. Hier, c'était au tour du ministre Tony Tomassi d'annoncer des modifications aux règles d'attribution des places en garderie en réponse aux accusations de favoritisme.
À la sortie de la réunion, dimanche après-midi, M. Charest a réitéré l'engagement de son gouvernement à trouver 62 % du financement nécessaire à l'atteinte de l'équilibre budgétaire dans la compression des dépenses. Attendons avant de juger, mais comme les hausses de tarifs et de taxes entreront en vigueur progressivement d'ici quatre ans, comme les compressions d'ailleurs, les occasions de critiquer se multiplieront. À gauche, on se plaindra d'une détérioration dans la qualité des services; à droite, on critiquera la hausse du fardeau fiscal... Des années de mauvaises nouvelles!
Pas de veine de diriger un gouvernement dont le seul projet à offrir aux électeurs soit celui d'un comptable pressé. Si, au moins, le premier ministre était un idéologue, militant conservateur comme l'ineffable Maxime Bernier, il pourrait toujours se vanter au bout du compte d'avoir combattu «l'interventionnisme» et fait reculer l'État providence. Mais non! C'est en dirigeant plus au centre après les erreurs du premier mandat que ce gouvernement a reconquis la sympathie populaire lors des dernières élections, et c'est en tassant à nouveau à droite récemment qu'il a fracassé son propre record d'impopularité.
Sur le plan médiatique, le Conseil des ministres spécial devait servir à rappeler l'engagement du gouvernement à livrer sa part des sacrifices attendus de tous au cours des prochaines années. Ce que les faiseurs d'images du premier ministre ne semblent pas avoir compris, c'est que, par-delà la mauvaise humeur exprimée lors de la manifestation de Québec, ce que la vaste majorité des Québécois attend de son gouvernement, ce n'est pas qu'il sabre ses dépenses au point d'atteindre à la qualité des services, mais qu'il s'attaque résolument à toutes les formes de gaspillage, des primes injustifiées jusqu'aux privilèges de castes, en passant par les contrats accordés aux amis et les appels d'offres truqués. Ce qu'ils veulent, les Québécois, c'est qu'en toutes matières, l'État vise le plus haut niveau d'efficacité, de productivité et de probité. Ce qu'ils demandent, en somme, c'est d'en avoir pour leur argent!


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