Le Devoir a révélé vendredi que le CHUM n'avait pas satisfait aux exigences de la Fondation canadienne pour l'innovation (FCI) et n'aura donc pas droit aux 112 millions de dollars demandés dans le cadre du programme de soutien aux infrastructures de recherches. Ces 112 millions constituaient la part fédérale attendue pour la construction du centre de recherche du CHUM, dont le coût est évalué à 320 millions.
La nouvelle n'a pas encore été confirmée par la FCI, mais les acteurs eux-mêmes ont admis faire face à cette difficulté peu banale. Faute d'avoir obtenu la contribution attendue d'Ottawa via la FCI, il faudra que Québec emprunte un autre corridor d'accès, beaucoup plus politique et aléatoire celui-là, pour obtenir le montant qu'il a lui-même inscrit au budget des deux centres hospitaliers universitaires.
Contrairement au CHUM, le CUSM anglophone a obtenu la totalité des 100 millions demandés.
Cette nouvelle tuile est d'autant plus regrettable que Québec a tenu à construire deux grands hôpitaux universitaires à Montréal, l'un francophone et l'autre anglophone. Il serait vraiment absurde et inconcevable que le fédéral ne finance que l'hôpital anglophone sous prétexte que c'est le meilleur projet!
C'est vrai que, depuis la fusion des trois hôpitaux généraux francophones du centre-ville sous un même chapeau administratif, les déboires se sont multipliés. On se souviendra que les conflits internes entre médecins et gestionnaires des trois hôpitaux fondateurs ont même fait partie des arguments pour la construction du futur grand hôpital francophone sur un seul emplacement. La querelle qui a suivi quant au choix de cet emplacement n'a fait qu'accroître la tension.
Le motif invoqué par l'organisme fédéral au nom de l'excellence, c'est la mauvaise gestion du CHUM. On ne remet donc pas en question la qualité de la recherche qui s'y fait.
La direction de l'établissement montréalais nie le problème, mais, du côté du cabinet du nouveau ministre de la Santé, Yves Bolduc, on est moins catégorique et on aurait même laissé planer l'hypothèse de la destitution du directeur général du CHUM, le Dr Denis Roy.
Tout ne tourne pas rond au sein du CHUM, où il est toujours aussi difficile d'être soigné dans des délais médicalement acceptables. Les chicanes internes des dernières années ont beaucoup nui à la gestion de l'hôpital et à l'avancement du projet de construction. Mais Québec aurait tort de jeter tout le blâme sur le dos de l'actuelle direction générale. Bien des intervenants ont mis le nez dans le dossier, telle l'agence des PPP, dont l'entrée en scène a retardé de plusieurs mois le début des travaux.
Avec le départ de Philippe Couillard, la tentation est forte, dans le clan de ceux qui défendaient les PPP et le projet Outremont, de prendre prétexte de l'actuel refus d'Ottawa pour donner un grand coup de balai à la tête du CHUM, où M. Couillard avait ses alliés. Le temps serait venu de placer, enfin, des «gens de confiance» à la direction d'un établissement à très haut risque politique. Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage.
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