Préparons-nous au choc démographique

Extraits du livre Avoir le courage de ses convictions, publié par Mario Dumont en 2005

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Immigration - capacité d'accueil



En 2003, le choc démographique était le principal thème de notre campagne électorale. Marotte de l’ADQ depuis preque 10 ans, cet enjeu est maintenant décliné sur toutes les tribunes, même celles de nos adversaires. Une illustration de plus de notre contribution au débat politique au Québec.



Je considère que c’est le plus grand défi de la société québécoise pour les prochaines décennies. Les calculs sont assez faciles à faire : moins de monde au travail donc moins de contribuables pour payer, mais plus de monde à la retraite, plus de soins de santé à livrer et plus d’hébergement à fournir pour des personnes en perte d’autonomie. Au moment d’entrer de plain-pied dans cette réalité, nous sommes surendettés. Rien n’a été préparé, dans cette pespective, par les gouvernements du passé.
(…)
Adopter des politiques favorisant la famille
Si la pyramide des âges est en train de s’inverser au Québec, ce n’est pas que les gens d’ici vieillissent en plus grand nombre chaque année! C’est simplement parce que notre taux de natalité a chuté de façon particulièrement abrupte – certains démographes disent critique – au sortir du babyboom.
Sous le vieillissement de la population se cache donc le problème criant de la dénatalité.
Au Québec, faire vivre décemment plusieurs enfants tout en trouvant le temps nécessaire pour les élever correctement est difficile. J’en sais quelque chose. Le contexte, le rythme de vie… Peu d’éléments sont réunis pour aider les familles à trouver leur équilibre dans notre société. Pourtant, parler de politiques familiales encourageant la natalité est devenu politiquement incorrect, depuis quelques années. Tabou!
L’idée n’est pas de revenir aux sermons moralisateurs ni d’inciter l’un des deux parents à rester au foyer pendant que l’autre conjoint travaille. Mais il me semble qu’on ne devrait pas avoir peur de parler ouvertement du besoin fondamental de notre collectivité. Une société a besoin de se reproduire pour assurer sa pérennité! Je crois qu’il faut faciliter la venue d’un premier, d’un deuxième ou d’un troisième enfant. On sait par ailleurs à quel point la condition économique de la nouvelle génération de contribuables québécois est précaire et que les dette d’études ne cessent de s’alourdir. Quand les règles de la société ne sont pas adaptées à la vie des familles du 21e siècle, on ne doit pas s’étonner du peu d’enthousiasme des jeunes à faire des enfants. Malgré de timides tentatives, les incitatifs actuels ne sont pas très convaincants.
Regardons la situation en face : nous ne vivons pas dans une société qui encourage la famille. Point. On en parle, on en cause. Ce thème revient souvent dans la bouche des ténors de tous les gouvernements, mais quand vient le temps de bouger, de faire preuve d’audace, on passe à autre chose. Impossible d’envisager des solutions novatrices comme celles adoptées au Luxembourg, où les mesures fiscales font en sorte que le troisième enfant ne coûte pratiquement rien aux parents. Il faut pourtant réagir! Notre démographie s’en va à la dérive. Depuis longtemps notre niveau de renouvellement stagne sous les 2,1 enfants par couple.
Revaloriser la famille est la base de la solution au choc démographique.
Attaquer le problème sur plusieurs fronts
Les politiques d’immigration ont contribué à amoindrir l’effet négatif de la dénatalité. Quand on en fait le bilan au Québec, on voit que la venue de nouveaux arrivants n’a pas été en mesure de compenser cet effet. Alors que la population augmente de façon marquée dans tous les États d’Amérique du Nord, nous tirons de l’arrière. Notre poids démographique relatif diminue et nous nous affaiblissons d’autant du point de vue économique.
Nous devons donner un coup de barre important en matière d’immigration.
Nous devons attaquer sous tous les angles possibles le choc démographique, en combattre les effets à la source. Il menace nos acquis sociaux.
Le phénomène, il est vrai, est étendu à plusieurs pays fortement industrialisés de la planète et il y a plusieurs facteurs en jeu. Mais notre situation est particulièrement alarmante.
Je l’ai dit, nos politiques d’immigration doivent être revues en profondeur. La base du problème d’une baisse de population restera toujours notre incapacité à favoriser le renouvellement générationnel. Une question de fond à laquelle nous devons, comme société, trouver la réponse.
Notre taux de natalité est l’un des plus bas en Occident. Or, après 40 ou 45 ans, les gens n’ont plus d’enfants, en général. Ils en sont à une autre étape de leur vie. Comme notre population vieillit, il n’est pas difficile de prévoir qu’il y aura encore moins d’enfants dans un proche avenir. Moins de monde à l’école. Moins d’emplois dans les services. Et de plus en plus de maisons unifamiliales mises en vente pour lesquelles il y aura moins d’acheteurs. Il faudra une nouvelle vague de familles pour que le besoin d’acheter des maisons se fasse à nouveau sentir.
Un effet domino remettant en cause plusieurs marchés auxquels on ne pense pas, en première analyse, et plein de conséquences qu’on ne perçoit pas encore.
La baisse de notre population et le choc démographique qui en résulteront constituent des problèmes extrêmement graves. La natalité doit devenir une priorité.
(…)
Voir plus loin qu’une élection
Les gouvernements passés détiennent depuis longtemps les renseignements et les statistiques permettant de voir venir le séisme démographique tout proche. Pourtant, nous n’y sommes pas préparés. Pourquoi? Parce que la très grande majorité des décisions politiques sont prises en fonction de la prochaine élection.
De grands défis de société tel le vieillissement de la population ne peuvent trouver leurs solutions dans une vision à court terme, dans un horizon qui n’a aucun intérêt à dépasser la prochaine élection. Le cas de la surexploitation de la forêt boréale en est une belle illustration. Les gouvernements successifs n’ont jamais pris les moyens pour prévenir les catastrophes annoncées, et le Québec tout entier va en payer le prix. On n’est pas sorti du bois!
Baser une élection sur une visoin à long terme en disant la vérité aux gens représente tout un défi. (…) Je continue de penser que pour mieux vivre demain, sans arrêter de croire en nos rêves d’avenir, il faudra arrêter de se raconter des histoires et faire enfin face à la vérité, afin d’amorcer les changements nécessaires sans délai.
Nous avons l’obligation morale de laisser derrière nous davantage que ce que nous avons reçu.
Si nous ne nous préparons pas adéquatement à affronter le choc démographique qui vient, nous aurons failli à ce devoir envers nos descendants.
(Extraits du livre Avoir le courage de ses convictions, publié par Mario Dumont en 2005.)


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