Premier ministre sous surveillance

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Il n'est pas sorti du bois, et il risque d'être éjecté assez rapidement de son poste !





Après l’avoir réduite à une «vendetta personnelle» des partis d’opposition, Philippe Couillard prenait jeudi la pleine mesure de l’«affaire» Poëti. Comme quoi, lorsque confronté à des questions d’intégrité, son tout premier réflexe reste d’en banaliser le sérieux.


Les allégations d’«irrégularités» au ministère des Transports (MTQ) faites par son ex-ministre Robert Poëti sont pourtant graves. Le chef de cabinet de M. Couillard, le secrétaire général du gouvernement et le successeur de M. Poëti au MTQ, Jacques Daoust, étaient même tous au courant.


Idem pour la lettre de démission envoyée le 4 avril au chef de cabinet de M. Daoust par l’enquêtrice Annie Trudel. Embauchée en 2014 par M. Poëti, elle y parle d’omerta au MTQ, de blocages et de multiples irrégularités. Elle y pointe aussi l’omnipuissante sous-­ministre Dominique Savoie, déterminée à la tenir loin du MTQ.


Ne pas savoir


Après les rapports Duchesneau et Charbonneau, de telles allégations ­auraient dû alerter urgemment le premier ministre. Or, il jure qu’il n’en ­savait rien. S’il dit vrai, pourquoi n’en ­a-t-il pas été informé?


Au sommet du gouvernement, aurait-on compris que, sur les questions d’intégrité, M. Couillard préférait ne pas savoir pour ne pas y être associé? S’il avait donné l’instruction contraire, des allégations aussi graves auraient certes été portées rapidement à son attention.


Son annonce, jeudi, du «remplacement» de Dominique Savoie et du chef de cabinet de Jacques Daoust, ainsi que de la création d’un poste d’inspecteur général au MTQ, vise avant tout à le montrer dorénavant «troublé» et proactif.


Elle vise aussi à calmer ceux qui, parmi ses propres députés, s’étaient dits publiquement «troublés» bien avant lui. Hautement inhabituelles au PLQ, ces sorties sont l’indice d’un premier ministre sous surveillance de ses propres troupes inquiètes.


Car force est de constater que sans l’article-choc du journaliste Louis ­Lacroix détaillant les allégations de M. Poëti, Mme Savoie serait toujours en poste. De toute cette crise, c’est un des aspects les plus dérangeants.


Qui fera le « ménage » ?


L’autre est le limogeage de M. Poëti par Philippe Couillard en janvier. Lorsque M. Poëti dirigeait le MTQ, sa sous-ministre Dominique Savoie était la première témoin du «ménage» qu’il voulait entreprendre. Influente et proche du secrétaire général, il eût été étonnant qu’elle en garde le secret pour elle.


D’où la question qui tue. Je la posais jeudi et la repose. Qui avait intérêt à sortir Robert Poëti du MTQ? Qui avait intérêt à ce que le MTQ retourne en paix à ses pratiques douteuses?


La question se pose d’autant plus que, dans sa lettre de démission, Annie Trudel constate aussi «que le nouveau cabinet [sous M. Daoust] ne semble pas retenir les mêmes priorités ni préoccupations que le cabinet précédent».


Si M. Couillard est sérieux quand il dit considérer cette lettre comme un élément «susceptible d’ébranler la confiance des citoyens envers leurs institutions», ce passage-clé devrait retenir son attention.


Pourquoi ne pas ramener M. Poëti à la tête du MTQ? Le ménage, de toute évidence, ne semble pas être la spécialité de son successeur.




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