PQ: renflouer le navire?

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« Après le naufrage » : en plus de faire des yeux doux à QS, Lisée a refusé d'affronter Ottawa


Comment expliquer la débâcle du PQ aux dernières élections ? Peut-il redevenir pertinent ?


Ce sont les deux questions que pose l’historien Frédéric Bastien dans son essai Après le naufrage. Refonder le Parti québécois, qu’il lançait avant-hier .


L’auteur, professeur au collège Dawson, a des références de tout premier plan à faire valoir.


C’est lui qui avait révélé, dans son ouvrage La Bataille de Londres, que, lors du rapatriement unilatéral de la constitution au début des années 1980, deux juges de la Cour suprême étaient sortis de leur réserve et avaient eu des rapports politiques avec l’entourage de Trudeau père.


Ce rapatriement a ouvert la voie à une véritable refondation du Canada.


Stratégie


Sur la débâcle du PQ, on connaît la thèse de M. Lisée.


Il a mené une excellente campagne et réussi à « éviter le pire », mais les carottes étaient cuites d’avance : les électeurs voulaient se débarrasser du PLQ, et la CAQ était la mieux placée.


La fourberie de Québec solidaire et le travail des médias ont fait le reste.


La thèse de M. Bastien est radicalement différente : la débâcle n’était pas inévitable et résulte des mauvais choix stratégiques du chef péquiste.


Quels mauvais choix ?


M. Bastien accepte le report du référendum préconisé par M. Lisée. Mais si on est souverainiste, dit-il, c’est parce que l’on considère que le régime politique canadien dessert le peuple québécois.


Le PQ aurait dû, selon lui, adopter un positionnement résolument nationaliste et faire le procès des aspects les plus nocifs pour le Québec du régime canadien : multiculturalisme, immigration, langue, Charte, etc.


Au lieu de cela, le PQ a persisté jusqu’au déshonneur dans sa danse érotique pour séduire QS, se déportant exagérément vers la gauche et envoyant des tas d’électeurs nationalistes dans les bras de la CAQ.


Frédéric Bastien raconte en détail ses efforts pour convaincre le PQ de ne pas s’engager dans ce cul-de-sac, mais dans la voie qu’il préconisait.


M. Lisée, dit-il, soufflait le chaud et le froid pour finalement faire la campagne que l’on sait.


Il avait pourtant autorisé la mise sur pied d’un groupe d’experts qui a travaillé sur l’approche privilégiée par M. Bastien. Des sondages, dit l’auteur, montraient son potentiel électoral.


On se doute bien que M. Lisée répondra à M. Bastien, si ce n’est déjà fait au moment où vous lirez ces lignes.


Suite


Le PQ a-t-il un avenir ? Tout dépend de ses choix, dit M. Bastien.


Il ne croit pas un instant que François Legault, lassé de se faire dire non par le Canada anglais, relancera la question constitutionnelle.


C’est au PQ de le faire, dit-il, mais en évitant le tout ou rien de son approche référendaire traditionnelle.


Il doit proposer un plan de revendications constitutionnelles fondé sur l’obligation de négocier stipulée par la Cour suprême. Des discours souverainistes enflammés ne suffiront pas.


On verra alors ce qui est possible dans le Canada d’aujourd’hui. Tout voyage commence par des premiers pas.


Lisez cet ouvrage passionnant et superbement écrit.