Pourquoi «Radio-poubelle»

Mauvaise foi, mesquinerie mâtinée de haine de soi, inculture fière d’elle-même, de sa petitesse. Autrement dit, des ordures: ce qu’on trouve dans les poubelles. Dire que c’est là que les Labeaume et autres Hamad vont se faire une idée sur ce qu’il faut penser.

1759 - Commémoration de la Conquête - 12 et 13 septembre 2009


Une connaissance qui travaille à l’émission du matin pour une radio de Québec souvent qualifiée de Radio-poubelle m’avait envoyé un courriel rageur, un jour où Le Devoir avait usé du terme pour désigner cette antenne. Or, ce matin, au micro de cette même radio, qu’est-ce que j’entends? Qu’au moment où un autre soldat québécois mourrait en Afghanistan, il était «scandaleux» que Luck Mervil ait mis une certaine emphase à lire le Manifeste du FLQ, sur les Plaines, dans le cadre du Moulin à paroles. Des chroniqueurs qui accompagnent l’animateur (lequel prône la liberté, mais, chose fréquente, se comporte dans son studio comme un chef de secte) lâchent alors des «Eille, c’tétait-tu dull»; «Ouin, c’est peut-être parce que la dernière fois que chu allé su’ é Plaines, c’était le show de Kiss». D’une part, c’était conçu pour être «dull», le Moulin à paroles. Les organisateurs ont refusé la célébration, le festif.
Le rendez-vous était voulu «austère», avait dit Brigitte Haentjens. Or, surprise, cette austérité était délicieuse: la variété des textes; il n’y a rien comme les textes. Juste les textes. Pas de quincaillerie. Pas de divertissement, car «le divertissement est à même, comme on l’a vu lors du 400e anniversaire de cette ville, de prendre tout l’espace jusqu’à inhiber la raison même de la fête», a si bien dit André Ricard, en fin de semaine. Des textes, donc. Et pas juste des textes récents, comme dans nos écoles; de vieux textes, qui sont parfois les plus nouveaux! On se plaint souvent que nous n’avons pas de littérature, ou que nous ne méritons pas notre devise.
Eh bien samedi et dimanche, nous avions tout ça : l’histoire, les textes, lus en public; sur les Plaines, lesquelles ont cessé depuis longtemps d’être des champs de batailles et sont devenues le haut lieu des rendez-vous festivocratiques: Saint-Jean orgiaques et autres festivals d’été. Samedi et dimanche, une chose rare s’est fait voir: un public respectueux, attentif, presque studieux. C’est ce qu’on devrait prendre le temps de faire dans les écoles : lire des textes. Donner la parole à nos grands morts: ce sont les meilleurs professeurs. Un peuple qui ne connaît pas ses morts a du mal à vivre.
D’autre part, ce moulin était certainement plus riche, comme commémoration, que ces reconstitutions de bataille où des bonshommes déguisés en petits soldats rouges et bleus se tirent dessus à coups de faux fusils. Or, face à l’événement du Moulin à paroles (événement: pour une fois qu’on peut employer le mot, car il s’est vraiment passé quelque chose sur les Plaines), tout ce que la radio mentionnée plus tôt trouve à dire, c’est ce que j’ai rapporté ci-haut. Mauvaise foi, mesquinerie mâtinée de haine de soi, inculture fière d’elle-même, de sa petitesse. Autrement dit, des ordures: ce qu’on trouve dans les poubelles. Dire que c’est là que les Labeaume et autres Hamad vont se faire une idée sur ce qu’il faut penser.


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