Réfection de Gentilly-2

Pourquoi perpétuer l'erreur?

Énergie nucléaire - Gentilly



À RDI, le 8 juin 2010, à la question: «Un accident comme celui de BP dans le golfe du Mexique pourrait-il vous arriver?», le président de la pétrolière Total, Christophe de Margerie, nous rappelait que «le risque zéro n'existe pas».
Le 14 avril 1912, à bord du Titanic, on faisait la fête: ils étaient les premiers passagers d'un navire que ses concepteurs avaient qualifié d'indestructible. L'impensable s'est tout de même produit, on le sait: 1500 décès.
Dans la nuit du 3 décembre 1984, les habitants de Bhopal dormaient paisiblement dans la quiétude que leur garantissaient les ingénieurs d'Union Carbide. L'impensable s'est tout de même produit: 3000 décès la nuit même, 12 000 au total. Un territoire contaminé pour des décennies. Des souffrances pour plusieurs générations.
Les sept astronautes qui sont montés à bord de Challenger le 28 janvier 1986 avaient placé toute leur confiance dans l'une des équipes d'ingénieurs les plus respectées du monde: la NASA. 75 secondes plus tard, l'impensable s'est tout de même produit: sept décès, sept familles consternées...
Mai 2010, BP pompe des millions de dollars de pétrole dans le golfe du Mexique. La technologie est fiable et tout le monde est heureux, l'argent coule à flots. L'inimaginable s'est tout de même produit: catastrophe écologique pour la flore, la faune, les pêcheurs, les touristes...
En 1983, Boris Semenov était expert en sûreté nucléaire en URSS et directeur général adjoint de l'AIFA. Convaincu que les réacteurs de type RBMK étaient très sécuritaires, il s'exprimait ainsi: «Le fait qu'il existe plus de 1000 circuits primaires individuels augmente la sûreté du réacteur; un accident grave par perte de réfrigérant est pratiquement impossible.»
En 1985, Nikolaï Formin, le chef de la centrale de Tchernobyl, affirmait: «L'énorme réacteur est logé dans un silo en béton et est muni de dispositifs de protection de l'environnement. Même si l'incroyable devait se produire, les systèmes de contrôle et de sûreté arrêteraient le réacteur en quelques secondes. La centrale possède des systèmes de refroidissement de secours et beaucoup d'autres dispositifs de sécurité.»
Mais le 26 avril 1986, à Tchernobyl, ici aussi, l'impensable s'est tout de même produit. Selon l'UNESCO: «Ces radiations représentaient
100 fois celles émises par les bombes atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki cumulées. Il a fallu attendre des années avant que la population ne découvre qu'une région beaucoup plus vaste, s'étendant à 150 km de Tchernobyl, avait subi d'importantes retombées radioactives. Aujourd'hui, quatre millions de personnes vivent toujours dans des régions reconnues contaminées.»
Vingt ans plus tard, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, déclarait: «La catastrophe est loin d'avoir cessé. Elle continue à produire des effets dévastateurs non seulement sur la santé des populations, mais aussi sur tous les aspects de la vie sociale.»
Décision raisonnable?
La décision d'Hydro-Québec et du gouvernement d'investir deux milliards de dollars pour prolonger la vie de Gentilly-2 est-elle raisonnable? Quel est le poids des 28 années d'opération à G-2, sans pépins «reconnus», par rapport aux milliers d'années de menace que représentent les déchets nucléaires entreposés sur place?
Pour produire de l'électricité? La production de Gentilly-2 représente à peine 3 % de l'énergie produite par Hydro-Québec. Et qui plus est, le coût de production de l'énergie provenant de Gentilly-2 serait, selon Hydro, de 7,2 cents le kilowattheure, alors que le coût de production moyen d'Hydro-Québec est actuellement de 2,1 cents le kilowattheure.
Pour créer des emplois? Combien d'emplois propres pourrions-nous créer en investissant ces deux milliards de dollars en recherche et développement pour l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables tels l'éolien, le solaire, la géothermie, la biomasse ou... la voiture électrique?
De quel droit pouvons-nous hypothéquer ainsi le territoire québécois, notre vie et celle de nos descendants pour quelques milliers d'années? Au nom de quelle logique?
Si l'impensable survenait, on en parlerait encore pour des milliers d'années... «Le risque zéro n'existe pas.» Le jeu n'en vaut pas la chandelle.
***
Jean-Yves Proulx - Trois-Rivières
***
Ce texte est cosigné par Jacqueline Bellemare, Andrée Béland, Louisette Bourassa, Jacques Brodeur, Madeleine Châteauneuf, Robert Jacques, Roger Lalonde, Odette Lavoie, Gérald Parenteau, Donald Perreault, Nicole Robitaille, Gilles Savard, Berthe Tessier, tous membres des comités environnement et sociopolitique de l'AREQ, région de la Mauricie.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->