Pour un scrutin proportionnel

Réforme électorale

Mario Girard - L’idée d’une réforme du mode de scrutin au Québec refait surface une fois de plus. Une poignée de personnalités du monde politique ont lancé hier une pétition afin qu’un système proportionnel soit mis en place dès les prochaines élections.
Au cours d’une conférence de presse donnée à Montréal, des personnalités publiques ont lancé une opération de sensibilisation aux avantages du mode de scrutin proportionnel. Claude Béland, ancien président du Mouvement Desjardins, Jean-Pierre Charbonneau et Louise Beaudoin, anciens ministres péquistes, Liza Frulla, ex-ministre libérale fédérale et provinciale, Jean Allaire, président-fondateur de l’ADQ, et plusieurs autres font partie du groupe.
Selon eux, notre système uninominal à un tour est profondément injuste. « Ce système empêche les partis d’obtenir une représentation équitable de députés, dit Mercedes Roberge, présidente du Mouvement pour une démocratie nouvelle. Ça nuit également à l’égalité des sexes et à la présence des représentants des communautés ethnoculturelles à l’Assemblée nationale. »
Dans l’histoire du Québec, il est arrivé à quelques reprises qu’un parti s’empare du pouvoir même s’il arrivait deuxième pour le nombre de votes exprimés. « Quand un parti peut prendre le pouvoir avec seulement 35 % des votes, il y a quelque chose d’inacceptable », dit Jean-Pierre Charbonneau.
Selon des calculs simples, si un système proportionnel avait été en vigueur le 26 mars dernier, les libéraux auraient eu un peu moins de députés, pense Jean-Pierre Charbonneau. L’ADQ et le PQ en auraient eu un peu plus. Quant à Québec solidaire et au Parti vert, avec 4 % de votes chacun, ils auraient pu avoir une représentation à l’Assemblée nationale. « Ils auraient pu former une coalition », ajoute M. Charbonneau. De même, aux élections de 2003, l’ADQ, qui avait reçu 19 % des voix, n’a pu obtenir que quatre sièges.
Le collectif juge que le moment est opportun pour réfléchir à une telle réforme puisque les Québécois ont, pour la première fois depuis plus de 100 ans, élu un gouvernement minoritaire, si « accidentel » soit-il.
Selon Claude Béland, les citoyens sont prêts pour un tel changement. « C’est du côté des élus que ça bloque, dit-il. Le système que nous avons favorise le bipartisme, sauf que, là, on se rend compte que les citoyens n’en veulent plus. »
Ces personnalités hésitent à favoriser un système proportionnel en particulier. Il pourrait s’agir, selon eux, d’un mélange des systèmes proportionnel et uninominal à un tour, un peu comme en Allemagne.
Parallèlement, Jean Allaire souhaiterait que les élections aient lieu à date fixe. « Quand le parti au pouvoir déclenche les élections, il prend les autres partis par surprise et on se retrouve avec un choix déficient de candidats », explique-t-il.
Un avant-projet de loi prônant une réforme du mode de scrutin a été déposé il y a plusieurs mois à l’Assemblée nationale. Pour le moment, le dossier se trouve entre les mains du Directeur général des élections, qui devrait donner son avis en juin prochain.
« On ne veut pas son avis sur les effets d’un système proportionnel, ça ne le regarde pas, dit Jean-Pierre Charbonneau. Il doit seulement examiner la façon dont on pourrait appliquer un tel système. »


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