Depuis 2011, lorsque Daniel Paillé a pris les rênes du Bloc québécois, les militants du parti, tout comme sa direction, ont travaillé sans relâche à remettre sur pied une organisation qui a subi toute une gifle lors des dernières élections fédérales. L’électorat nous a envoyé un message clair, le parti a besoin de se renouveler.
Évidemment, avec aussi peu que quatre députés, le Bloc québécois a été remis en question, mais s’est aussi remis en question. Réflexion qui a toujours cours et qui culminera lors du prochain congrès du parti, au mois de mai 2014 à Rimouski, congrès dont j’assure la mise en oeuvre. Fort de 35 000 membres et seul parti indépendantiste dans l’arène fédérale, le Bloc doit être une force qui travaille au Parlement fédéral à défendre le Québec et à développer une connaissance de dossiers d’un véritable pays, et sur le terrain à organiser et promouvoir un État à naître.
Le départ de Daniel Paillé ravive, une fois de plus, le questionnement sur la pertinence du Bloc québécois. Pourtant, la fracture entre le Canada et le Québec ne s’est pas résorbée le mois passé. Les raisons qui ont présidé à sa création en 1991, travailler aux conditions nécessaires à la liberté de la nation québécoise et à la défense sans relâche des intérêts du Québec trop souvent bafoués, sont malheureusement encore d’actualité.
La démonstration que le Canada de Stephen Harper est aux antithèses des demandes et des préoccupations québécoises n’est plus à faire : réforme de l’assurance-emploi qui pénalise les travailleurs du Québec et des Maritimes, mise à mal d’instruments de développement qui nous sont propres en coupant les crédits d’impôt aux fonds de travailleurs, coupes dans le financement de la recherche qui entraîne des fermetures de laboratoires scientifiques et des abolitions de postes dans des secteurs clés liés à la compréhension et la protection de notre environnement, mise en valeur des sables bitumineux et de l’industrie automobile en laissant tomber le secteur de la forêt ou encore de l’aéronautique, promotion d’une monarchie qui historiquement a voulu annihiler le fait français en Amérique. La liste pourrait s’allonger longtemps.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) n’est malheureusement pas une solution. Sa vision est canadienne, à un tel point qu’il n’hésite pas à promouvoir des projets qui vont à l’encontre de l’économie québécoise. Pensons au financement du projet du Bas-Churchill, accueilli favorablement par les néodémocrates et les libéraux, qui vient directement concurrencer Hydro-Québec dans l’exportation d’électricité avec une partie de nos impôts. Qui plus est, Thomas Mulcair, cet ancien avocat d’Alliance Quebec qui s’est battu contre la loi 101, ne peut de toute façon, de manière générale, se permettre d’être pro-Québec lui qui cherche à marquer des points ailleurs au Canada et en particulier, il lui sera toujours impossible de défendre les souverainistes du Québec, lui qui avait également pris l’habitude de les vilipender lorsqu’il était député du Parti libéral du Québec.
Quant à Justin Trudeau, il est non seulement l’héritier de son père, celui qui a imposé une Constitution en 1982 sans l’accord du Québec, mais aussi du Parti libéral du Canada, qui a créé la loi sur la clarté référendaire, trempé dans le scandale des commandites et celui qui se fait le défenseur du multiculturalisme. Le multiculturalisme canadien — et les politiques mises de l’avant pour le promouvoir depuis le début des années 1970 par Pierre Elliott Trudeau — a été invariablement rejeté par tous les gouvernements du Québec. Autrement dit, à Ottawa il n’y a personne qui se tient debout pour le Québec lorsque l’intérêt canadien prime. De plus, des 75 députés québécois, 71 d’entre eux, armés de ressources et de personnel, font la promotion d’un statu quo constitutionnel qui se traduit nécessairement par des reculs pour la nation québécoise.
La pertinence du Bloc québécois trouve ainsi son essence dans l’impertinence ; l’impertinence canadienne envers le Québec. Aujourd’hui, cette pertinence demeure plus que jamais, elle s’articule dans cette volonté d’émancipation d’une nation qui est actuellement confrontée à déterminer son avenir.
À la veille d’un congrès et d’une nouvelle direction, le Bloc québécois doit revoir ses priorités. Il doit s’engager clairement dans la promotion continuelle, en Chambre comme auprès de nos concitoyens, de l’indépendance. Avec ce seul objectif en tête : devenir un outil de mobilisation et de réflexion au service de celles et ceux qui partagent le projet de liberté du Québec.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé