Gouvernement Harper

Portes closes

Actualité du Québec-dans-le-Canada - Le Québec entravé


Dès le lendemain de l’élection de janvier 2006 qui venait de le porter au pouvoir pour la première fois, Stephen Harper faisait voter le projet de loi omnibus sur la responsabilisation. S’y trouvait le poste de Directeur parlementaire du budget, qui aurait pour mandat de fournir aux députés des analyses indépendantes sur les questions budgétaires.
Pendant ses années d’opposition, l’actuel premier ministre n’avait eu de cesse de rager devant les manipulations budgétaires des libéraux. Le ministre des Finances d’alors, Paul Martin, se jouait des députés en leur cachant des surplus. Stephen Harper trouvait essentiel de donner aux députés les outils leur permettant de remplir leur mandat de contrôle des dépenses.
Six ans plus tard, le même Stephen Harper en a assez de ce directeur du budget qui ne cesse de contester les prévisions de dépenses de son gouvernement. Kevin Page, qui occupe ce poste depuis 2008, semble chaque fois taper dans le mille. Plusieurs de ses études ont embarrassé le gouvernement. Il a ainsi démontré que les coûts d’exploitation de la future flotte des avions de chasse F-35 seraient une fois et demie plus élevés qu’annoncé. De même pour l’impact du projet de loi C-10 sur les peines de prison, qui entraînera des dépenses supplémentaires de 1 milliard.
Les conservateurs ne peuvent évidemment abolir ce poste. Il leur faudrait passer sur le corps de l’opposition. En attendant, ils ont entrepris de lui mettre systématiquement du bois dans les roues. C’est ainsi qu’ils contestent chacune de ses analyses, en se gardant bien sûr de s’engager dans un débat sur le fond, si ce n’est en assénant des affirmations péremptoires du genre, comme pour le C-10 : « Plus de prisonniers n’entraîneront pas de dépenses supplémentaires ! » Fin de la discussion. Ces derniers jours, ils ont franchi un pas supplémentaire en lui refusant toute information sur les compressions de 5,2 milliards contenues au budget.
Un bras de fer se prépare. Si le gouvernement devait persister dans son obstruction à l’exercice de son mandat, Kevin Page n’aura d’autre choix que de s’adresser aux tribunaux. Des avis juridiques confirment que la loi ne prévoit pas d’exceptions à la transmission d’informations. À la limite, nous serons devant un nouveau cas d’outrage au Parlement, puisque ni M. Page ni les députés ne pourront étudier le plan budgétaire du Parlement. Curieux, tout de même, de voir comment le pouvoir transforme. Vertu cardinale des conservateurs en 2006, la transparence est devenue un défaut. Chaque fois qu’ils le peuvent, ils ferment les portes et les fenêtres de ce gouvernement.


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