Politique fédérale - L'année Harper

Copenhague - 15e Conférence de l'ONU sur les changements climatiques



Le premier ministre Stephen Harper aura nettement dominé la scène politique canadienne au cours de 2009, tant pour de bonnes que pour de mauvaises raisons. Et en fin d'année, ce sont surtout les mauvaises que l'on retiendra, particulièrement son attitude à l'égard du réchauffement climatique.
Pour la majeure partie de l'année, Stephen Harper aura bien fait. Il a tiré la leçon qui s'imposait de la crise parlementaire de l'automne 2008. Sa politique du tout pour le déficit zéro et rien pour l'économie canadienne en période de crise avait failli lui coûter le pouvoir. Au coup de force de l'opposition qui prétendait constituer un gouvernement de coalition, il a opposé un autre coup de force en prorogeant les travaux parlementaires. Le répit gagné lui servit à transfigurer son gouvernement, qui n'avait tout à coup plus qu'une seule priorité: combattre la récession.
Ce virage fait, tout alla pour le mieux. Les milliards contenus au budget Flaherty lui permirent de présenter l'image d'un gouvernement préoccupé par le bien-être économique des travailleurs. L'utilisation, sans vergogne faut-il dire, des fonds publics pour faire la promotion de ses politiques économiques contribua à créer l'impression d'un gouvernement agissant. Sa cote de popularité reprit du mieux, ce que ne vit pas pour sa part le chef de l'opposition officielle, Michael Ignatieff. À peine eut-il annoncé son intention de défaire les conservateurs à la rentrée d'automne qu'il dut retraiter piteusement, leur laissant la voie libre de gouverner comme s'ils étaient majoritaires.
Chassez le naturel, il revient au galop... ce qui ne manqua pas d'arriver. Trop sûr de sa force, le gouvernement Harper ne tarda pas à reprendre ses positions de droite. Dans le débat sur la torture en Afghanistan, on vit son côté va-t-en-guerre resurgir. À entendre ses ministres, jamais le gouvernement n'avait eu connaissance de cas avérés de torture, ce qu'il continua de prétendre même lorsque le contraire fut établi. Un déni d'une telle mauvaise foi que l'on pourrait croire qu'il aimait mieux ne pas savoir pour mieux tolérer la pratique de la torture par les autorités afghanes.
Même chose dans le dossier du réchauffement climatique, où le gouvernement Harper s'est isolé de l'opinion publique canadienne (à l'exception de l'Alberta) et internationale. Pour ne pas perdre toute crédibilité, il a choisi de se mettre à la remorque des États-Unis. Ne croyant pas au phénomène du réchauffement climatique, mais tout de même obligé de faire semblant, il a choisi de faire le service minimum. Présent à la conférence de Copenhague pour la fin des délibérations, le premier ministre fit tout pour ne pas participer activement aux débats, afin d'éviter d'être pris au piège d'engagements qu'il ne voudrait pas tenir. L'accord obtenu hier fait son affaire parce qu'il est justement minimaliste.
Ces 12 derniers mois auront permis de mieux saisir le fonctionnement de Stephen Harper. Son gouvernement est-il en perte de popularité qu'il se déplace aussitôt vers le centre de l'échiquier politique pour revenir à droite aussitôt qu'il se croit en terrain solide. Ces allers-retours sont tout sauf rassurants, car l'opposition n'arrive pas de son côté à s'imposer. Heureusement, les Canadiens demeurent méfiants. Après quatre ans de gouvernement Harper, ils ont appris à connaître le personnage et ne sont pas dupes de ses tactiques.


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