Plus de 300 souverainistes à la première assemblée du NMQ

Les indépendantistes orphelins



Tommy Chouinard La Presse - Plus de 300 souverainistes, des militants de la première heure comme des jeunes, participent à la première assemblée du Nouveau Mouvement pour le Québec. L'idée de tenir des états généraux sur l'indépendance fait son chemin.
Les députés démissionnaires du PQ, Pierre Curzi, Lisette Lapointe et Jean-Martin Aussant ont été accueillis sous les applaudissements à leur entrée dans la salle bondée du cégep Saint-Laurent.
L'instigateur du mouvement, Jocelyn Desjardins, qui a claqué la porte du PQ en avril, s'est réjoui de cette mobilisation. «Vous êtes le nouveau Québec, celui qui se prend en main», a-t-il lancé. «Vous êtes libres de vous exprimer pour une fois.»
Selon lui, «les députés du Parti québécois auraient été les bienvenues. Il n'en tient qu'au Parti québécois de faire partie de la solution».
Le NMQ est un «mouvement citoyen, pas un parti politique». «On ne divise donc pas le vote souverainiste. On veut unir les indépendantistes», a affirmé M. Desjardins, qui dit avoir perdu son emploi vendredi en raison de ses «idées et opinions». Ce père de cinq enfants était directeur des communications du Conseil québécois du commerce de détail.
M. Desjardins a affirmé que depuis 1995, «il ne se passe rien sur le front national». «Les moins de 35 ans n'ont jamais eu à se prononcer sur une offre nationale», a-t-il déploré.
Le premier citoyen à prendre la parole, Jean-Louis Perrez, a pris la défense de la gouvernance souverainiste de la chef Pauline Marois. Mais plusieurs ont condamné cette approche, cette forme «d'étapisme». Un citoyen a affirmé que la «vieille garde» doit quitter le PQ et qu'«il faut reprendre le contrôle du parti».
Selon Pierre Curzi, «la parole citoyenne recommence». «Je trouve ça très énervant, très excitant», a dit le député de Borduas aux journalistes avant le début de l'assemblée. Au micro, il a fait une sortie enflammée : «On est en train comme citoyen de reprendre la parole !»
«Il faut que ce mouvement continue. Il faut faire des assemblées constituantes partout», a-t-il dit, promettant d'en organiser en Montérégie. Il a conclu en reprenant une expression que le gouvernement Harper vient de réhabiliter au sein de l'armée canadienne. «Si nous suivons cette démarche démocratique, ouverte, libre, c'est la voie royale vers l'indépendance !», a-t-il affirmé, provoquant un tonnerre d'applaudissements.
Lisette Lapointe, qui n'était pas accompagnée de son mari Jacques Parizeau, a nié que le NMQ aide les troupes de Jean Charest en divisant les souverainistes. «Le mouvement n'éclate pas. Nous, on n'est pas quelque chose qui divise le vote souverainiste. On n'est pas un parti politique. Les citoyens ici veulent créer un mouvement. Et un mouvement va aider tous les partis souverainistes.»
«Les gens vont se regrouper sous un parapluie souverainiste quand ça va être le temps. En ce moment, on n'est pas en élection», a-t-elle ajouté.
Elle a souligné que cette assemblée «arrive au lendemain où Mme Marois a dit que le dossier est clos et que François Legault a dit aux jeunes que, dans dix ou quinze ans, vous en reparlerez si vous voulez (d'indépendance). Je trouve ça formidable que malgré ce que les politiciens leur ordonnent entre guillemets, les gens disent : je suis désolé, on veut parler d'indépendance, on le fait, on commence aujourd'hui.»
Selon Pierre Curzi, «on est dans une période où ça brasse, c'est un peu chaotique, mais c'est loin d'être une période de querelle». «Je pense qu'on est en train là de remettre en place les conditions pour que l'ensemble des citoyens, ce qu'on appelle le pouvoir citoyen, la démocratie, se remette en branle pour sortir de l'état dans lequel on est, un état cynique, une sorte d'impasse collective.»
Pierre Curzi et Lisette Lapointe jugent «intéressante» l'idée de tenir des états généraux sur l'indépendance. Louise Beaudoin, une démissionnaire du PQ qui n'est pas à l'assemblée en raison d'un empêchement, en parle depuis quelques semaines.
Pour Pierre Dubuc du SPQ-Libre, un club politique qui a été exclu du PQ, les états généraux sont «la seule façon de réduire la division qui existe aujourd'hui entre différents regroupements».
«Je pense qu'elle devrait appeler à des États généraux où elle pourrait défendre sa proposition de gouvernance souverainiste», a ajouté M. Dubuc, qui est toujours membre du PQ. Cette stratégie de gouvernance a été adoptée au congrès du PQ en avril, «enfoncée dans la gorge pas mal», mais «les indépendantistes ne sont pas tous au PQ. Il est nécessaire de trouver une façon de réunifier toutes les forces, un endroit pour débattre. M. Aussant pourrait présenter sa proposition d'élection référendaire. Le nouveau mouvement et Québec solidaire qui ont sensiblement la même position sur la constituante pourraient venir débattre de leur question et qu'on trouve un terrain d'entente pour la prochaine élection».
«Mme Marois est à la tête de la plus importante organisation. Donc qu'elle propose des états généraux, et je pense qu'eux aussi (le NMQ) devraient embarquer, qu'on trouve un terrain d'entente qu'on trouve un ralliement des forces parce que, en rang dispersés, on va manger une volée», a-t-il dit. Selon lui, les «assemblées citoyennes» que tiendra Pauline Marois. «c'est des relations publiques. Ce n'est pas ça que la situation commande».
De son côté, François Parenteau, des Zapartistes, ne souhaite pas la création d'un nouveau parti. «Ce n'est pas une nouvelle entité dont on a besoin, mais plus un parapluie qui réunit des gens. Je pense plutôt en termes de coalition. (...) Le Parti québécois peut encore faire partie de la solution en ce qui me concerne.»
Le NMQ, «ça m'apparaît clair que ça énerve (les péquistes), mais c'est positif à long terme. C'est bon de se faire déranger de temps en temps», a-t-il ajouté.
M. Parenteau n'a pas signé le manifeste parce qu'«il y avait un peu trop de mots durs à l'égard du Parti québécois» et que le NMQ n'avait pas encore tenu sa première assemblée. Il milite pour une réforme du mode de scrutin. «Ça me semble être la clé pour débarrer les énergies, permettre à de nouvelles solidarités de s'exprimer». Pour lui, l'idée des états généraux, «c'est une bonne idée».
Des représentants de Québec solidaire, de Réseau de résistance du Québécois et des anciens du RIN ont pris la parole. L'ex-felquiste Pierre Schneider a lancé «un appel à la subversion» pour «renverser l'ordre établi». Un citoyen a plaidé en faveur d'une déclaration unilatérale d'indépendance.


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