PKP: Une très mauvaise nouvelle

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Un aveu surprenant

Comment se sent une chroniqueuse-blogueuse du Journal de Montréal/Journal de Québec non souverainiste quelques heures après l’annonce de la candidature de Pierre Karl Péladeau?
Réglons cela en deux tours de cuillère à pot. C’est facile. Mal.
Pierre Karl Péladeau est une prise magnifique pour le Parti québécois. Je lève mon chapeau à madame Marois. On a beau répéter qu’elle doit ses récents succès à ses stratèges de génie et à la charte, cette victoire lui appartient en propre. Pas certaine que ces mêmes stratèges vont aimer partager les feux des projecteurs avec une superstar comme PKP.
Je prédis une Péladeaumanie. Et pas seulement à cause de ses yeux couleur drapeau du Québec.
Monsieur Péladeau a le pouvoir de resensibiliser les Québecois à la réalité économique. Sa crédibilité sur cette question auprès de monsieur et madame Tout-le-monde dépasse de loin celle de tous les trios d’économistes chevronnés, mais drabes, du PLQ, aussi brillants soient-ils. Et ils le sont.
Charismatique, connu, il a dirigé un fleuron québécois admiré par la population, pas seulement réalisé des études savantes que seuls d’autres savants peuvent comprendre.
Un engagement pour la souveraineté
Trop souvent, les gens d’affaires ne se font pas assez entendre sur les questions politiques, de peur de perdre de la clientèle. Québecor, dont la famille Péladeau demeure actionnaire majoritaire, risque de souffrir de sa décision. Et il le sait.
Il s’engage néanmoins et c’est tout à son honneur.
Le Canada anglais, où Québecor a considérablement investi depuis l’arrivée de PKP aux commandes, risque de voir d’un mauvais œil son engagement clair en faveur de l’indépendance. Québecor pourrait perdre des lecteurs, des annonceurs et voir sa croissance comme joueur dans le domaine de la téléphonie mobile hors Québec ralentir.
L’arrivée de PKP, qui n’est pas homme de droite au sens libertarien du terme, donnera une marge de manœuvre au PQ pour se dépêtrer de l’immobilisme qui caractérise le modèle québécois soixante-huitard, mais sans sacrifier ses principes. Philosophe de formation, il n’a jamais été de cette trempe d’hommes d’affaires qui croient que l’économie doit passer avant tout le reste. Je devine que pour lui, la richesse garantit la justice sociale, pas une fiscalité punitive envers ceux qui la créent.
Souffle nouveau
Mais surtout, il donne un souffle nouveau à la souveraineté. Les souverainistes de droite, un important groupe d’orphelins politiques du Québec, ont enfin trouvé un leader politique crédible. Les souverainistes mous, qui refusaient à ce jour de s’engager dans la voie d’une indépendance qui ne reposerait que sur une vision sociale-démocrate étroite, risquent de bouger. Leur rêve de faire d’un Québec souverain une Suisse ou un Singapour en Amérique du Nord commence à prendre forme.
Hier, la souveraineté est officiellement devenue l’enjeu no 1 de la campagne. L’éléphant dans la pièce s’est transformé en prince charmeur. Le débat gauche-droite amorcé pendant le printemps érable cède sa place au débat est-ouest.
Pour la Québécoise viscéralement attachée à l’idée du Canada que je suis, c’est une très mauvaise nouvelle.


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