CAUCUS DU PQ

PKP privilégie une interdiction du port des signes religieux

Une charte de la laïcité apaisera les inquiétudes des Québécois à l’égard de l’intégration des nouveaux arrivants, croit Bernard Drainville.

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Ça tombe sous le sens

Saint-Jean-sur-Richelieu — Le grand favori de la course à la direction du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau, se range derrière l’idée d’interdir le port des signes religieux chez les enseignants, et ce, en plus des employés de l’État en position d’autorité.
À l’entrée du caucus présessionnel du PQ, il a dit adhérer à la recommandation de la commission Bouchard-Taylor (2008) d’interdire le port de signes religieux ostensibles chez les juges, les procureurs de la Couronne, les policiers et les gardiens de prison. «Je suis d’accord avec ça», a-t-il laissé tombé dans un impromptu de presse dans le hall d’un hôtel de Saint-sur-Richelieu mercredi avant-midi.
Puis, à la question «Le port de signes religieux par les enseignants?», le député de Saint-Jérôme a répondu du tac au tac: «Moi, j’ai une opinion là-dessus. Je pense que ça ne devrait pas avoir lieu. Mais, encore là, ça va être une question qui va être débattue.»
La publication des résultats d’un sondage SOM—Cogeco Nouvelles a relancé le débat sur la nécessité de doter le Québec d’une charte de la laïcité assortie d’une interdiction du port de signes religieux au sein du caucus péquiste réuni deux jours en Montérégie. Près de sept Québécois sur 10 (68% après répartition des indécis) se disent favorables au dépôt d’une charte de la laïcité par le gouvernement, selon le coup de sonde. Précisément, 74% des francophones se montrent en faveur du dépôt de projet de loi, comparativement à 34% des anglophones. En revanche, 52% des allophones appuient l’idée de légiférer afin de renforcer la laïcité de l’État.
«La question de l’égalité entre les hommes et les femmes est une question sérieuse», a souligné M. Péladeau. «[Pourtant], le gouvernement libéral de M. Couillard ne considère pas que cette question est importante. Il botte en touche», a-t-il déploré.
Inquiétudes
L’adoption d’une charte de la laïcité apaisera à coup sûr les inquiétudes des Québécois à l’égard de l’intégration des nouveaux arrivants, est d’avis le député de Marie-Victorin, Bernard Drainville.
Plus d’un Québécois sur six a une perception négative des immigrants deux semaines après les attaques de terroristes islamistes contre le magazine satirique Charlie Hebdo et l’épicerie Hyper cacher à Paris, selon le sondage SOM—Cogeco Nouvelles. «Une loi sur la laïcité, je pense que ça va rassurer», a affirmé le candidat à la chefferie du PQ.
La «certaine peur» de l’immigration assaillant environ 18 % de la population est «liée en partie» à l’absence de «règles claires» encadrant le traitement des demandes d’accommodements religieux. Selon lui, plusieurs chefs d’entreprise craignent d’embaucher un Néo-Québécois en raison de craintes — fondées ou non fondées — de demandes d’accommodements religieux.
Le «flou» dans la législation québécoise «crée un espace pour justement des inquiétudes qui ne devraient pas être». «On ne devrait pas craindre nos concitoyens musulmans», a fait valoir M. Drainville. «On est tous Québécois. La vaste majorité des Québécois musulmans sont des gens comme vous et moi, qui veulent vivre en paix, en sécurité, dans une société démocratique.»
Alexandre Cloutier, autre prétendant au poste de chef du PQ, invite ses collègues de l’Assemblée nationale à «trouver le bon consensus» sur l’interdiction du port de signes religieux. «On doit agir. On doit passer à l’action», a-t-il plaidé. Il les appelle toutefois à la prudence. «On ne doit pas nous-mêmes attiser toutes formes de discrimination. On doit s’assurer aussi de lutter contre la racine du mal, c’est-à-dire l’intégration à l’emploi [et] à la société québécoise», a-t-il affirmé.
«Patate chaude»
Le chef intérimaire du PQ, Stéphane Bédard, dénonce le «refus d’agir» du premier ministre Philippe Couillard sur le front de la laïcité. «On repousse l’échéance parce que M. Couillard, personnellement, a un grand malaise», a-t-il dit. «Il n’est pas à l’aise dû à son historique. […] Je ne sais pas si c’est les événements qu’il a vécus, les travaux qu’il a faits», a-t-il poursuivi.
M. Bédard presse le gouvernement libéral à amorcer un débat en bonne en due forme à partir du projet de loi 60 péquiste mort au feuilleton lors du déclenchement de la campagne électorale en mars 2014. «Qu’il parte de ça et qu’il nous dise sur quoi il n’est pas d’accord, sur quoi il est prêt à avancer», a-t-il lancé.
D’autre part, le chef de l’opposition officielle a déploré de voir la ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, Kathleen Weil, mener la lutte contre l'intégrisme. «On est à peu près la seule démocratie qui refuse de voir le problème en face parce que M. Couillard a un malaise. Il mélange la lutte à l’intégrisme à l’immigration. C’est assez incroyable!» s’est-il exclamé.


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