Pierre-Karl Péladeau présidera Hydro-Québec

Le magnat des communications a offert ses services, que Pauline Marois s’est empressée d’accepter

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L'effet surprise est total

La première ministre Pauline Marois a choisi le magnat des communications Pierre Karl Péladeau pour présider le conseil d’administration d’Hydro-Québec. Il entrera en fonction le 15 mai prochain.
« C’est M. Péladeau qui m’a approchée pour me dire qu’il était intéressé à servir, et c’est moi qui ai décidé, avec la ministre des Ressources naturelles, de lui offrir cette fonction », a indiqué Pauline Marois à l’issue d’une réunion matinale du conseil des ministres mercredi. Aucun autre candidat n’était en lice.
« M. Péladeau est un homme de grande envergure qui a dirigé une grande entreprise. C’est un entrepreneur aguerri », a déclaré la première ministre. Elle a expliqué qu’Hydro-Québec peut participer davantage au développement économique du Québec grâce à une « utilisation intelligente » de ses surplus d’électricité pour l’électrification des transports. Hydro-Québec doit aussi reprendre ses activités à l’étranger, qu’elle avait délaissées. « Donc, tout autant de défis que M. Péladeau pourra sûrement relever avec le brio qu’on lui connaît. Il a un mandat, comme tous les présidents de sociétés d’État, d’efficience », a ajouté Pauline Marois.
Âgé de 51 ans, Pierre Karl Péladeau a annoncé à la mi-mars qu’il quitterait ses fonctions de président et chef de la direction de Québecor en mai pour assumer la présidence du conseil d’administration du conglomérat, qui chapeaute, notamment, Corporation Sun Media - l’éditeur du Journal de Montréal et du Journal de Québec -, le Groupe TVA et Vidéotron.
Comme il demeure président du conseil de Québecor, il « se retirera des décisions qui pourraient être susceptibles de le mettre en conflit d’intérêts », a mentionné Pauline Marois.
Pierre Karl Péladeau prend la relève de Michael L. Turcotte, âgé de 75 ans, nommé par le gouvernement Charest en novembre 2005. Celui-ci touchera en cédant sa place l’équivalent de sa rémunération annuelle de 125 000 $. Pierre Karl Péladeau fera du bénévolat, et comme il est nommé pour cinq ans, il s’agit d’une économie d’un demi-million, a calculé Pauline Marois.
Le p.-d.g Thierry Vandal, dont le contrat de cinq ans avait été renouvelé six mois avant son terme par le gouvernement Charest en 2012, conserve son poste, a précisé la première ministre. Selon nos informations, M. Vandal n’a pas été consulté et n’aurait appris la nomination de M. Péladeau qu’à la toute dernière minute.
Lors d’un grand rassemblement à Montréal à quelques jours du scrutin de septembre, la conjointe de Pierre Karl Péladeau, Julie Snyder, était montée sur scène pour accorder publiquement son appui à la chef péquiste.
Au Québec, Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec comptent pour 43 % du tirage des dix quotidiens payants de langue française. Le réseau TVA détient une part du marché télévisuel francophone au Québec de plus de 25 %, selon des données de 2010.
La réaction des libéraux à cette nomination a été prudente. « Je présume qu’en nommant un dirigeant de l’une des entreprises médiatiques les plus importantes du Québec à la tête du CA de la plus grande société d’État de la province, le gouvernement a prévu certaines mesures particulières pour l’encadrer dans l’exercice de ses fonctions », a texté l’attaché de presse libéral, Charles Robert.
Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, ne voit que des avantages à cette nomination. « Il faut le dire, quand c’est des bons coups. Je pense que Pierre Karl Péladeau va aller brasser la cage. On en a besoin chez Hydro-Québec », a dit François Legault, qui estime qu’il y a 4000 emplois de trop à la société d’État.
Le député Amir Khadir, de Québec solidaire, a par contre condamné cette nomination, qui renforce, selon lui, « le copinage entre le gouvernement et les milieux d’affaires ». En assouvissant le désir de « servir » du magnat, le gouvernement « essaie de s’acheter des alliances et de l’influence et, je dirais, des retours d’ascenseur », croit-il.
Pour le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), Brian Myles, cette nomination, sur le plan de la perception, « va entretenir un doute dans l’esprit du public sur l’indépendance et la liberté d’action des journalistes de Québecor ».
« Il me semble que dans le lot de bons gestionnaires au Québec qui ont des sympathies péquistes, on aurait pu en trouver un autre que le plus grand patron de presse des temps modernes. Imaginez un seul instant si Jean Charest avait nommé Paul Desmarais junior à la tête d’Hydro-Québec, on aurait eu une manifestation spontanée qui partirait du square Phillips dans les 15 minutes », a illustré Brian Myles. Mentionnons qu’un vice-président du conseil de Power Corporation, Michel Bélair-Plessis, siège sur le CA d’Hydro-Québec.
« Je suis vraiment étonné », a livré Michel Arsenault, le président de la FTQ, qui représente la plupart des employés de la société d’État. « J’espère qu’on lui a bien expliqué qu’il s’en va présider le CA ; il ne s’en va pas aux ressources humaines. » Dans le passé, Québecor a décrété des lockout visant des syndiqués de la FTQ chez Vidéotron et au Journal de Québec.


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