Pierre Karl Péladeau fait volte-face et s’excuse

Ses déclarations sur l’immigration plongent le candidat à la chefferie du Parti québécois dans l’embarras… et enflamment les libéraux

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Maintenant c’est à Couillard et Barrette de s’excuser pour leurs propos «dégueulasses»




Les mots ont un sens. Les mots ont un poids. Le favori de la course à la direction du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau, a reconnu jeudi soir avoir eu tort de présenter l’immigration comme un obstacle sur le chemin du pays du Québec.


 

Le PQ doit « rassembler le plus large possible », a fait valoir M. Péladeau lors d’une causerie entre les cinq prétendants à la succession de Pauline Marois et des militants péquistes de la région du Centre-du-Québec.


 

En route vers le motel Blanchet à Drummondville, le député de Saint-Jérôme a mis en ligne sur sa page Facebook un message intitulé « Mes excuses ». « Ça m’apparaissait important de chasser l’ambiguïté parce qu’il faut que ce soit clair, net et précis : […] ceux et celles qui ont décidé de venir s’installer ici au Québec, c’est une richesse pour le Québec », a-t-il répété une fois arrivé à destination.




 

À un militant lui ayant demandé si « les immigrants, c’est un problème pour le Québec ? », M. Péladeau a rétorqué que le « Parti québécois a toujours été un parti ouvert » et que ça serait toujours le cas sous sa gouverne. Il dit avoir l’« intention » de « rassembler le plus large possible » pour réaliser l’indépendance du Québec.


 

Face à l’afflux de milliers de nouveaux arrivants chaque année, les indépendantistes « n’[ont] pas 25 ans devant [eux] » pour faire le projet de pays, avait fait valoir le candidat surnommé « PKP » durant un débat organisé par le Comité national des jeunes du PQ (CNJPQ) mercredi soir à l’Université Laval. « Avec la démographie, avec l’immigration, c’est certain qu’on perd un comté chaque année », avait-il laissé tomber devant un parterre de quelques centaines de personnes.


 

La députée de Vachon, Martine Ouellet, a appelé jeudi soir l’ex-grand patron de Québecor à « appren [dre] à être un peu plus prudent » à l’avenir. « Il ne parle pas juste en son nom personnel, il parle aussi à titre de député du Parti québécois », a-t-elle soutenu. M. Péladeau a multiplié les faux pas, puis les « volte-face », regrette-t-elle. « [Cela dit] je suis bien contente qu’il ait changé d’idée et qu’il se soit excusé », a affirmé Mme Ouellet. Les quatre autres candidats à la chefferie « ne partageaient ni son analyse ni son opinion », a-t-elle martelé.


 

Le député de Lac-Saint-Jean, Alexandre Cloutier, a invité M. Péladeau à « faire preuve de hauteur » lorsqu’il jongle avec des questions de société complexes. « Maintenant, rassemblons-nous tous ensemble pour faire du Québec un pays. Et je suis content de travailler avec lui pour le faire », a-t-il déclaré en marge d’une période d’échanges avec plus de 250 personnes rassemblées dans la salle « La Favorite » du motel situé en bordure de l’autoroute 20. « On n’arrivera nulle part si ce ne sont pas tous les Québécois qui se reconnaissent dans notre formation politique », a-t-il ajouté, tout en demandant de promouvoir avec énergie le projet d’indépendance du Québec auprès des jeunes et des Néo-Québécois. À l’heure actuelle, le PQ se trouve dans un « état critique », a souligné M. Cloutier aux militants.


 

À cet égard, Pierre Céré, seul non élu dans la campagne au leadership, demande à M. Péladeau d’exposer les « gestes concrets » qu’il fera pour « tendre la main à la diversité culturelle ici au Québec ». « [Elle] ne demande que ça », a-t-il fait remarquer.


 

Le PQ est à la croisée des chemins. « On conjugue le projet du pays à la diversité culturelle ou on s’enferme dans le passé », a indiqué M. Céré.


 

L’ex-porte-parole du Conseil national des chômeurs estime que le parti fondé par René Lévesque « est reparti dans cette surenchère de questions identitaires ». « Il y a une pression très importante qui va s’exercer dans les prochains mois sur le Parti québécois. […] J’espère que le Parti québécois ne se laissera pas aller de nouveau dans cette dérive identitaire », a-t-il dit, avant de se faire « couper le sifflet » par une membre de son équipe de campagne.


 

Pendant la soirée, il a pressé les sympathisants péquistes ayant répondu à l’appel de l’exécutif des circonscriptions de Johnson et de Drummond–Bois-Francs — dont un grand nombre de têtes grises — à s’interroger sur l’absence de « [leurs] enfants et de [leurs] petits-enfants ». « Qu’est-ce qui fait qu’ils ne sont pas ici ce soir ? »


 

« Nationalisme ethnique »


 

Les propos tenus par M. Péladeau mercredi soir attestent de la « déviation claire vers le nationalisme ethnique » prise par le PQ, estime le premier ministre Philippe Couillard. « Depuis la charte, il y a une dérive très malheureuse. Il n’y a plus d’arguments financiers [et] économiques pour la séparation du Québec. Alors, on essaie de s’accrocher à n’importe quoi », a déclaré le chef du gouvernement à l’entrée du caucus libéral. « D’après moi [cela] doit faire frémir ceux qui ont fondé ce parti-là. »


 

De son côté, le ministre Gaétan Barrette a reproché au PQ d’importer l’idéologie du Front national, parti d’extrême droite français, en sol québécois. « Le Parti québécois est en train de montrer son vrai visage. C’est un parti sectaire », a-t-il lancé.


 

Les cinq candidats à la direction du PQ ont tour à tour dénoncé les propos du chef du gouvernement québécois. « Pierre Karl s’est excusé. L’incident est clos. Maintenant c’est Philippe Couillard et Gaétan Barrette qui devraient s’excuser pour les propos dégueulasses qu’ils ont tenus aujourd’hui à propos de centaines de milliers de Québécois de toutes les origines, dont le seul tort est de vouloir la liberté du Québec », a tonné le député de Mari-Victorin, Bernard Drainville.


 

M. Péladeau a pressé M. Couillard — après avoir pris soin de rappeler sa nationalité française — de rabrouer son ministre de la Santé pour avoir tissé un « rapprochement […] odieux » entre le PQ et le Front national. « C’est un parti d’extrême droite ça ! Ce n’est pas n’importe quoi ! » s’est exclamé M. Péladeau.


 

M. Cloutier a demandé au premier ministre de « se calmer ». « Monsieur Couillard fait preuve d’enflure verbale », a-t-il déploré.


 

Selon Mme Ouellet, M. Couillard a fait de « la petite partisanerie » sur le dos du PQ. « C’est très malsain. Il est très mal placé pour parler », a-t-elle fait valoir, le dépeignant comme « ultrafédéraliste », à plat ventre face à Ottawa. « Il est prêt à faire n’importe quoi pour rester dans le Canada. »





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