Petit mot sur un Grand Prix

Actualité du Québec-dans-le-Canada - Le Québec entravé


Chers tous toutes et vous tous,
Je suis heureux qu’on ait pensé à moi pour le Grand Prix de l’Académie du cinéma et de la télévision et je remercie toutes celles et tous ceux qui ont rendu la chose possible.
J’aurai l’occasion de dire ailleurs ce que représente pour moi la télévision telle qu’on la pratique aujourd’hui.
Pour le moment, je me contenterai de vous avouer tout le plaisir que j’ai eu à écrire durant 25 ans télé-théâtres et téléromans pour la Société Radio-Canada, quelque chose comme 35 000 pages qui se sont condensées en 450 heures diffusées au petit écran.
J’y ai beaucoup appris parce que je me considère comme privilégié d’avoir vu et entendu mes textes interprétés par plusieurs générations de nos plus grands comédiens : de Paul Guèvremont à Michel Dumont, de Robert Rivard à Yves Soutières, de Juliette Huot à Nathalie Gascon, de Monique Aubry à Louise Marleau, de Gisèle Schmidt à Monique Miller, de Paul Hébert à Gilbert Sicotte, d’Amulette Garneau à Annette Garand, de Robert Gravel à Julien Pelletier-Poulin, de Jean-Louis Millette à Jacques Godin, de Jean-Luc Montminy à Aubert Pallascio, de Yves Desgagnés à Gilles Pelletier… et à tant d’autres que je ne peux malheureusement pas tous nommer ici. Mais que d’émois, que d’émotions j’ai vécus! Merci, grand merci à vous toutes et vous tous, comédiens passionnés, d’avoir porté dans leurs grosseurs les textes que j’ai écrits! Merci, grand merci à vous tous, réalisateurs et artisans, qui saviez si bien chef-d’œuvrer des partitions pas toujours faciles à déchiffrer!
Je remercie les centaines de milliers de téléspectateurs qui ont pris plaisir aux téléromans que j’ai écrits.
Je regrette de ne pas pouvoir être présent à la remise du Grand prix de l’Académie du cinéma et de la télévision. Que ce Grand prix soit accordé pour la première fois « hors des ondes » m’atteint dans mon orgueil, bien sûr, mais me paraît aussi symbolique de notre « nouvelle télévision » : hors du populisme, point de reconnaissance véritable.
En n’assistant pas à la remise du Grand prix, c’est ce contre quoi, par-devers tous mes collègues écrivains, scénaristes et scripteurs, j’entends protester.
Je m’en voudrais de terminer sans saluer Claude Robinson au nom de toutes celles et tous ceux pour qui la télévision est toujours une grande passion. Claude Robinson est le symbole même du combat que les écrivains, les scénaristes et les scripteurs doivent désormais livrer pour ne pas disparaître « hors des ondes ». Ce combat, Claude Robinson le mène de façon exemplaire depuis de nombreuses années. Sa carrière et sa vie en ont été ruinées. Il faut avoir beaucoup de courage pour résister ainsi et souvent en dépit du fait que la solidarité se porte manquante au combat. Si j’avais été membre du jury de l’Académie, c’est à lui que j’aurais remis le Grand prix cette année. Et non pas « hors des ondes », mais sous les projecteurs les plus lumineux qui soient!
Victor-Lévy Beaulieu
Le 18 septembre 2011

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Victor-Lévy Beaulieu84 articles

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Victor-Lévy Beaulieu participe de la démesure des personnages qui habitent son œuvre. Autant de livres que d'années vécues, souligne-t-il à la blague, comme pour atténuer l'espèce de vertige que l'on peut éprouver devant une œuvre aussi imposante et singulière. Une bonne trentaine de romans, une douzaine d'essais et autant de pièces de théâtre ; des adaptations pour la télévision





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