PDG de la Caisse de dépôt, c'est trop politique

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L'affaire de la CDPQ — le scandale



Francis Vailles - La Caisse de dépôt a beau être l'une des plus grandes institutions financières au Canada, plusieurs gestionnaires de renom ont refusé de se porter candidat au poste de président, en dépit des avances de la Caisse.
Selon nos informations, une dizaine des candidats prestigieux ont dit «non merci», principalement parce qu'il jugeait la Caisse de dépôt et placement du Québec trop politisée. Les experts en placement qui sont en même temps des leaders ne courent pas les rues. L'été dernier, le conseil d'administration de la Caisse a cru avoir finalement trouvé la perle rare en la personne de Jean-Guy Desjardins, mais c'est encore la politique qui en a décidé autrement.
Deux sources ont confirmé à La Presse Affaires que le président de Fiera Capital a effectivement été écarté par le premier ministre Jean Charest en raison de ses accointances adéquistes. Le conseil d'administration s'est alors tourné à l'unanimité vers le PDG par intérim Richard Guay, candidature que le gouvernement a acceptée.
Desjardins a pourtant une vaste expérience du placement. Il est indépendant de fortune depuis qu'il a vendu son entreprise Placements Tal à la Banque CIBC, en 1994. Et c'est lui qui, à titre de président du comité de sélection du conseil d'administration de la Banque du Canada, a mené à l'embauche du très respecté Mark Carney, à l'automne 2007. Seul bémol, il est âgé de 64 ans.

Quoi qu'il en soit, le futur patron devra être un rassembleur, capable de se tenir debout devant le gouvernement, les banquiers et les déposants, croit Michel Nadeau, président de l'Institut pour la gouvernance. «Il doit avoir l'épiderme solide pour subir la pression des médias», dit aussi l'ex-numéro 2 de la Caisse.
Claude Béland, président du Mouvement d'éducation des actionnaires (MEDAC), estime que le nouveau patron devra être capable «de partager sa vision, mais aussi d'écouter».
Paillé se porte candidat
Dans la foulée du processus de sélection, l'an dernier, plusieurs candidats n'ont pas caché à leur réseau leur intérêt pour le poste de calife. Outre le président d'Investissement Québec, Jacques Daoust, mentionnons Christiane Bergevin, de SNC-Lavalin. Le nom de Pierre Anctil, ancien cadre de SNC-Lavalin, a également circulé dans la communauté, comme ceux de Luc Bertrand (Bourse de Montréal), Jacques Ménard (Banque de Montréal) et Jean Houde (ministère des Finances).
Hier, un nouvel acteur s'est joint à la liste: Daniel Paillé. Au cours d'un entretien avec La Presse Affaires, le professeur invité de HEC Montréal a clairement manifesté son intérêt pour un tel défi. «Dans la vie professionnelle d'un financier, ça ne se refuse pas», a-t-il dit.
Il croit avoir les qualités pour un tel poste, soit un bagage d'expérience avec les entrepreneurs, l'appareil gouvernemental, la finance et la gestion. «Le futur PDG ne doit pas refaire l'ouvrage des techniciens du placement, mais être au-dessus. (...) C'est quelqu'un capable de dire oui et de dire non, qui a une poigne», dit l'homme de 58 ans.
Daniel Paillé a déjà travaillé à la Caisse. À la fin des années 80, il y était premier vice-président aux participations. Il a par la suite travaillé chez Quebecor comme vice-président principal, avant de se joindre au gouvernement péquiste de Jacques Parizeau en 1994 et de devenir ministre de l'Industrie et du Commerce.
Entre 1996 et 2005, il a tour à tour été vice-président des finances de la SGF et du Groupe Manac avant d'entrer à HEC Montréal en 2005. Concernant son penchant péquiste, Daniel Paillé soutient qu'on «peut reconnaître la compétence des gens au-delà des allégeances politiques».
Six mois, c'est trop long
Comme plusieurs autres, il croit cependant que la période de six mois que s'est donnée la Caisse pour trouver un nouveau chef est trop longue. L'ex-premier ministre Bernard Landry est du même avis, selon La Presse Canadienne.
Au dire de M. Landry, on ne peut laisser une institution d'une telle importance sans direction pendant six mois, surtout en cette période économique tourmentée. L'ex-premier ministre estime qu'il faut un candidat de l'extérieur qui ne soit pas néo-libéral, un courant de pensée qui a mené à la crise actuelle, croit-il.
À la Caisse, on fait valoir qu'il faut absolument attendre la publication des résultats financiers de 2008, prévue vers le 26 février, avant d'enclencher le processus de sélection. C'est Fernand Perreault qui assurera l'intérim entre-temps, tandis que le PDG déchu, Richard Guay, restera à titre de conseiller stratégique de M. Perreault.


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