Pauline Marois vend un Plan Nord modifié aux patrons français

L'Empire Desmarais surveille ses intérêts de près

17 octobre 2012
(Paris) - La première ministre Pauline Marois a voulu garantir à des entrepreneurs français, mercredi, que son gouvernement poursuivra le Plan Nord, mais en lui apportant des modifications. Ils avaient, de son propre aveu, «plusieurs questions» quant à ses intentions. Parmi eux se trouvaient Total et GDF Suez, du secteur pétrolier et gazier.
Au dernier jour de sa visite à Paris, Pauline Marois a eu une rencontre privée avec quelques membres du Mouvement des entreprises de France (MEDEF), principale organisation patronale du pays. Une dizaine de représentants de sociétés françaises -dont certaines ont des filiales au Québec- étaient présents (Total, GDF Suez, Alstom, Air liquide, Ubisoft et Veolia, entre autres).
«Je n'avais pas nécessairement à les rassurer, mais ils avaient des questions à poser, plusieurs questions. Et ils voulaient nous entendre. Et ce que je leur ai dit, c'est que nous allions continuer à développer le Nord, en respect des peuples autochtones et de Premières nations qui occupent le territoire, et avec un certain nombre de changements que nous allons apporter», a affirmé Mme Marois dans une conférence de presse où elle a dressé un bilan positif de sa visite de trois jours à Paris.
Parmi ces changements, elle a souligné la hausse des redevances sur la valeur brute des ressources minières, la création d'un impôt sur le surprofit et l'adoption d'une nouvelle politique en matière d'infrastructures. Si l'État contribue à la construction d'une route dans le Nord, la société qui bénéficie de cet investissement doit elle aussi contribuer à payer la facture ou accepter que Québec participe à son capital-actions. Il peut y avoir d'autres formes «d'échanges de bons procédés», a dit Mme Marois. Ces changements seront apportés «dans les prochains mois», «mais nous gardons le cap sur le développement du Nord».
Elle a fait savoir aux patrons français que son gouvernement souhaite le développement de la deuxième et de la troisième transformation parce que «les retombées en termes de création de la richesse doivent revenir entre les mains de tous les Québécois». Elle envisage d'ailleurs d'instaurer des incitatifs fiscaux pour «faciliter les investissements» en deuxième et troisième transformation. «C'est une avenue que nous pourrions utiliser», a-t-elle confirmé.
L'expression «Plan nord», associée à Jean Charest, était honnie dans les rangs péquistes jusqu'à maintenant. Mais depuis deux jours, Pauline Marois et son entourage se sont mis à l'utiliser. Les péquistes préféraient parler d'une politique de développement du Nord. L'expression Plan Nord, «ça n'a jamais été vraiment un tabou. Nous ne sommes pas d'accord avec certains des aspects du Plan nord. On l'a toujours dit», a expliqué Mme Marois.
Selon le ministre des Relations internationales, Jean-François Lisée, des sociétés françaises «envisagent des expansions» au Québec. Mais il n'a donné aucune précision. «L'échange a été franc, direct, très pragmatique. Certains d'entre eux vont vous parler. Je vais les laisser donner directement leur impression», a-t-il dit.
Or un seul représentant s'est adressé, brièvement, aux médias. Yves Caouette, de Veolia, a affirmé que les déclarations de Mme Marois sur les enjeux économiques ne représentent rien de neuf par rapport à ce que disait Jean Charest à la même tribune l'an dernier.
«On n'a pas élaboré sur les détails. J'ai senti quand même une volonté de participer au développement économique, de prendre les bonnes décisions qui vont faire avancer le Québec. Comment ça va se matérialiser ? Ça va être les semaines et les mois à venir qui vont le déterminer», a-t-il affirmé.
Dans son allocution, prononcée à huis clos mais dont une copie a été remise aux médias, Pauline Marois a rappelé son engagement de créer la Banque de développement économique du Québec, un guichet unique pour les entreprises afin d'avoir accès à tous les programmes gouvernementaux et les fonds de développement. Elle a souligné son intention d'adopter une stratégie de développement du secteur manufacturier et d'«inviter» la Caisse de dépôt et placement à contribuer davantage au développement économique du Québec.
Pauline Marois a rencontré les anciens premiers ministres Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon, tous issus de la droite qui est aujourd'hui dans l'opposition après la victoire des socialistes.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé